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Société - La mauvaise habitude est encore tenace, dans les villes comme dans les campagnes Le crachat toujours en vigueur en Chine, malgré les tentatives des autorités pour l’éradiquer

À l’extérieur d’une station de train de la capitale, Guo Guiyou, gardien d’un parking de vélos, se racle bruyamment la gorge : un bruit caractéristique de la vie chinoise et annonciateur d’un bon vieux « mollard ». « C’est bon de cracher, c’est bon pour la santé », tranche ce quadragénaire, insensible aux nombreuses campagnes de « civilisation » et à la menace de l’amende de 50 yuans (4,5 euros). « Ça va, la plupart du temps, personne ne vous voit », lance-t-il, tout en écrasant sa dernière « œuvre » avec sa chaussure. L’habitude de cracher est encore tenace dans les villes et les campagnes, comme le montrent les nombreuses traces sur le sol, gelées en cette période hivernale. Car, pour de nombreux Chinois, expectorer est un phénomène physique aussi naturel qu’éternuer ou roter. Sans aucune honte, malgré les réactions horrifiées des étrangers. « Je ne peux pas cracher à l’intérieur de ma voiture, n’est-ce pas ? lance, provocateur, le chauffeur de taxi, Sui Ningguo, alors qu’il baisse sa vitre et crache. De toute façon, personne n’y fait attention. » Selon les experts médicaux, les mucosités sont généralement secrétées lorsqu’une personne souffre de problèmes respiratoires, mais aussi lorsque les poumons sont irrités par la pollution, le fait de fumer, une alimentation grasse ou trop abondante. Pour Li Yan, une spécialiste des maladies respiratoires à l’hôpital Xuanwu de Pékin, l’habitude de cracher est due à la pollution et au manque de conscience de la population en matière d’hygiène. « Dans de nombreuses villes chinoises, le climat sec et la mauvaise qualité de l’air provoquent également une accumulation de mucus dans les voies respiratoires, ce qui génère par conséquent des mucosités », explique-t-elle. Mme Li souligne que le crachat d’une personne malade peut aider à la propagation de maladies comme la tuberculose, la pneumonie et la grippe. « Pour une grande part, c’est seulement une mauvaise habitude. Certains crachent alors même qu’ils n’ont pas de mucosités et ce qu’ils crachent c’est en fait de la salive », affirme de son côté Wang Jidong, professeur à l’Université de médecine chinoise de Pékin. « Mais la salive fait partie de votre sécrétion normale et facilite la digestion. C’est juste une idée fausse que les gens ont. » Les autorités reconnaissent que venir à bout de cette mauvaise habitude avant les Jeux olympiques, en août 2008, sera beaucoup plus compliqué que de construire les sites pour les épreuves. « On ne peut pas nier qu’actuellement l’une des difficultés pour populariser des Jeux olympiques civilisés (NDLR, un des slogans des autorités chinoises), c’est la manière dont se conduit le peuple », a déclaré en juillet Zhang Faqiang, vice-président du Comité olympique chinois.
À l’extérieur d’une station de train de la capitale, Guo Guiyou, gardien d’un parking de vélos, se racle bruyamment la gorge : un bruit caractéristique de la vie chinoise et annonciateur d’un bon vieux « mollard ». « C’est bon de cracher, c’est bon pour la santé », tranche ce quadragénaire, insensible aux nombreuses campagnes de « civilisation » et à la menace...