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Actualités - CHRONOLOGIE

Commerce Déséquilibres sino-européens : à qui la faute ?

En ces temps de tensions commerciales, il est difficile de trouver des compagnies européennes implantées en Chine reconnaissant porter une part de responsabilité dans le déficit commercial grandissant de l’Union européenne. Pourtant, en réponse à l’exaspération des Européens, déficitaires d’environ 130 milliards d’euros l’an dernier, la Chine incrimine régulièrement la politique d’externalisation des compagnies étrangères, exportant de son territoire. Selon ses statistiques, les sociétés à capitaux étrangers ont été responsables de 58 % du total des exportations chinoises en 2006. Reste à savoir qui sont ces compagnies étrangères exportatrices. « La plupart sont des compagnies asiatiques : coréennes, taiwanaises ou chinoises enregistrées dans les îles Vierges britanniques, les îles Caïman, etc. », affirme le président de la Chambre européenne de commerce (CEC) en Chine, Joerg Wuttker. « Les compagnies à capitaux européens, américains ou japonais ne représentent que 11 % des exportations des 200 plus importantes entreprises exportatrices de Chine », ajoute-t-il. Mais dans sa dernière étude annuelle, la Chambre note aussi que pour environ une entreprise membre sur cinq, « les exportations vers l’Europe constituent une part importante de leur production locale, tandis que 22 % ont pour cibles d’autres marchés asiatiques ». Sans préciser si ces estimations tiennent aussi compte du facteur sous-traitance. « Dans le textile et l’habillement, beaucoup de compagnies européennes ne produisent pas via des filiales mais par le biais de sociétés chinoises qui ont la licence, ou de sous-traitants. Leur contribution directe au déficit européen est donc vraisemblablement assez réduite », souligne Steffen Dyck, économiste de la Deutsche Bank à Frankfurt. Globalement, faute de statistiques, « il est difficile de déterminer si les compagnies européennes sont partiellement responsables du déficit commercial de l’UE », ajoute-t-il. Quelques-unes acceptent de communiquer sur le sujet. L’équipementier en télécoms suédois Ericsson indique ainsi exporter des infrastructures pour GSM et W-CDMA. « 25 % de nos produits faits en Chine sont exportés vers l’Europe », précise une porte-parole, Li Xin. Son compatriote Ikea confirme avoir accru ses approvisionnements dans le pays, son premier fournisseur, de 19 % du total en 2004 à 22 % désormais, sur des volumes également en hausse. Pareillement, l’allemand Adidas reconnaît avoir fait de la Chine sa principale base de production, où « il emploie indirectement bien plus de 200 000 personnes ». « 97 % de nos chaussures sont faites en Asie, où la Chine est la première source d’approvisionnement avec à peu près 46 % du total », indique Sabrina Cheung, directrice de la communication à Hong Kong. Pour les vêtements, à 76 % made in Asia, la Chine arrive aussi en tête (23 %), comme pour les équipements, dont la Chine fournit 61 %. Ces exemples, non isolés, poussent des responsables européens à vouloir moderniser certaines législations. Sans citer aucun pays, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson indiquait la semaine dernière qu’il y avait « un débat très vif » en cours sur « la question de savoir si les sociétés ayant externalisé une partie de leur production tout en gardant une production et des intérêts substantiels en Europe devraient être disqualifiées du statut de producteur européen ». M. Mandelson met notamment l’accent sur « la réalité économique » obligeant de nombreuses entreprises à produire partiellement hors d’Europe « pour rester concurrentielles », voire « survivre » et donc maintenir de l’emploi en Europe. Ses détracteurs lui reprochent de vouloir introduire une « prime à la délocalisation » qui contribuerait à la désindustrialisation de l’Europe.
En ces temps de tensions commerciales, il est difficile de trouver des compagnies européennes implantées en Chine reconnaissant porter une part de responsabilité dans le déficit commercial grandissant de l’Union européenne. Pourtant, en réponse à l’exaspération des Européens, déficitaires d’environ 130 milliards d’euros l’an dernier, la Chine incrimine...