Rechercher
Rechercher

Actualités

ATELIER D’ARTISTE - Elle a plus d’une corde à son arc et plus d’un volet dans sa vie Jasenka Tucan Vaillant tisse les rêves

Entre la sculpture et la tapisserie, l’enracinement et le flottant, Jasenka Tucan Vaillant, artiste du monde, a su toujours voguer sur deux rives faites de terre et d’air. De ses premiers pas à l’Académie des beaux-arts de Zagreb jusqu’à ses travaux exposés dans différents musées internationaux, elle n’aura eu de cesse que de creuser pour trouver l’essentiel, l’art sincère et vrai. Jalonné d’expériences enrichissantes, son parcours est cet entassement de couches de sédimentation sensorielle où l’artiste parvient à réinventer à chaque fois sa capacité imaginative. Dans les années 80, un stage offert à Aubusson, la ville de la tapisserie, lui ouvre les portes de l’univers du tissage. À sa façon, elle donne à cet art une dimension nouvelle. Même sa Dame à la licorne (sujet de son doctorat) sera teintée de modernisme grâce à son inspiration créative. Son travail change alors de cap. Sa structure en relief s’oriente vers la représentation picturale plane. Désormais, l’artiste fonctionne par à-coups, mêlant les disciplines artistiques, leurs codes et leurs normes, réinventant même leurs règles et leurs conventions. Mais ce sont surtout les voyages qui donneront à l’art de Jasenka une valeur intemporelle. Outre la tapisserie qui demeure son créneau et sa préoccupation majeure, elle expérimente par ailleurs des techniques et des matériaux opposés, tels le papier et la sculpture. Tapisserie, sculpture et art du papier Cette artisane acharnée n’est plus un simple météore qui passe rapidement dans le ciel, ni une étoile filante dans le cosmos de l’art. Elle est de ceux qui cherchent, explorent et finissent par partager leur apprentissage avec les autres. Artiste polyglotte, celle qui n’a jamais douté de sa passion a su découvrir les multiples langages de l’art et des outils variés pour l’exprimer. « Quand j’ai quitté Zagreb, je me demandais si j’allais pouvoir exercer mon métier d’artiste, mais j’ai réussi, même après mon mariage, à voir plusieurs expositions collectives, à y participer tout en alimentant les différentes facettes de mon art. » Et d’ajouter : « Je crois que j’ai eu beaucoup de chance car je savais dès le début ce que je voulais faire. Si chaque pays me rapportait les rencontres, saveurs et couleurs dont j’avais besoin, j’ai toujours été soutenue par mon pays natal, la Yougoslavie, et mon pays d’adoption, la France. » Dans ses œuvres, on retient les climats de couleurs différentes, les lumières diffuses dans les trames des tapisseries. C’est parce que cette artiste réagit aux impulsions variées émanant des territoires nouveaux qu’elle a visités qu’elle parvient à en être le filtre. Ateliers pour les jeunes Laos, la Belgique, Paris, les Phillipines. Sa vie est une éternelle aventure. À chaque étape, l’artiste s’embarque avec ses malles sur le dos. « Si j’ai réussi, avoue-t-elle, à m’adapter à chaque pays, c’est parce qu’à chaque destination, j’emportais avec moi mes effets personnels (tableaux, sculptures et autres objets d’art) comme si je transportais mes ambiances dans des cadres différents. » Et d’ajouter : « Il faut d’abord aimer changer de lieu, rencontrer des gens, s’adapter au pays et surtout voyager avec ses affaires. » Épouse de diplomate, elle parvient à partager son temps entre ses devoirs de femme et son art. Ainsi, installée actuellement au Liban, Jasenka Tucan Vaillant diversifie ses activités. Sa récente exposition au Musée d’arts décoratifs de Bratislava (en collaboration avec le Petit Palais de Paris, la ville de Bratislava et le Centre culturel français) sera présentée par la suite en Roumanie puis au Liban en 2008 et en France. Parallèlement à son statut d’artiste, Vaillant s’investit dans l’enseignement des enfants. Ayant monté un atelier où elle met en place une intervention originale auprès des démunis pour développer leurs goûts artistiques, elle ouvre depuis 1994 des écoles d’arts plastiques en collaboration avec des organisations non gouvernementales et internationales, telles que le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. En 2000, elle est nommée ambassadrice de bonne volonté pour l’Unicef par le Comité polonais. « Pousser les enfants défavorisés à sortir de leur milieu ambiant, les initier à réaliser des travaux manuels et artistiques, comme le collage, la fabrication de papier , le dessin et la peinture. Voilà le défi que je me lance », déclare-t-elle. Avec beaucoup d’entrain et de plaisir, l’artiste ne cesse de sonder et d’explorer l’univers de l’enfant. Au bout d’une année passée dans un pays, elle s’accorde à offrir à ces jeunes talents la possibilité d’une exposition collective qui représente le fruit de leur travail. « Je ne leur impose rien, signale-t-elle. Ce sont eux qui choisissent la discipline qu’ils veulent. » Au Liban, l’expérience s’est encore une fois renouvelée en s’occupant de l’association Ayadina d’enfants en difficulté et en donnant des cours à son domicile aux jeunes désireux de s’initier aux discipline artistiques. « Pour moi, ne pas travailler, c’est du temps perdu », conclut-elle. Colette KHALAF
Entre la sculpture et la tapisserie, l’enracinement et le flottant, Jasenka Tucan Vaillant, artiste du monde, a su toujours voguer sur deux rives faites de terre et d’air. De ses premiers pas à l’Académie des beaux-arts de Zagreb jusqu’à ses travaux exposés dans différents musées internationaux, elle n’aura eu de cesse que de creuser pour trouver l’essentiel, l’art...