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Actualités - CHRONOLOGIE

CONCERT - Au théâtre du Casino du Liban (Maameltein) Moment musical avec l’Orchestre de chambre de Salzbourg

Dix-huit musiciens placés sous la direction de Lavard Skou Larsen ont investi les planches du théâtre du Casino du Liban à Maameltein. Pour la seconde fois, même si c’est en des circonstances sociales et politiques agitées et non comme à l’heure des farnientes des festivals d’été, l’Orchestre de chambre de Salzbourg a comblé, par une prestation de grande qualité sonore, les attentes des mélomanes, il est vrai peu nombreux ce soir-là, et l’on comprend pourquoi… Pour ce moment musical, empreint de grâce et de sérénité, des pages élégantes et feutrées de Joseph Haydn et Wolfgang Amadeus Mozart. Toute la lumière d’un siècle épris de science et de raffinement, d’une Europe au faîte de son bouillonnement culturel pour deux compositeurs au rayonnement immortel et dont la musique, éloquent et joyeux témoin des fêtes galantes et des frivolités d’une fastueuse époque, a plus d’un point commun… Ouverture avec la Symphonie en e mineur n° 44 de Joseph Haydn dont Stendhal a dit, un peu à tort peut-être, qu’il était le « père de la symphonie », car cette narration avait déjà ses règles, ses prosodies et ses représentants. Controverse jamais éteinte quand on songe à Stamitz et Sammartini, même si l’on considère qu’il ne s’agit là que de débuts balbutiants… Toujours est-il que voilà quatre mouvements (allegro, menuetto, adagio et finale-presto) pour traduire toute la beauté d’une musique aux éclats tempérés et à l’architecture rigoureusement ciselée. On s’arrête, dans ce tourbillon de notes enjouées et vives, sur cet adagio teinté d’une légère et imperceptible tristesse… Tendre et frileux rêve où effleure une sensibilité dévoilée avec beaucoup de pudeur par le biais des violons aux souffles brusquement moins alertes, plus plaintifs, plus portés à la grandiloquence des sentiments… Pour donner la réplique à l’Orchestre de chambre de Salzbourg, présence au clavier, sur scène, de la soliste Danielle Laval, dos nu et moulée dans une robe longue noire fourreau rehaussée de broderies scintillantes. Prolongation de la magie de Haydn avec un opus du génie de Salzbourg : le Concerto pour piano et orchestre en A majeur KV414. Trois mouvements (allegro, andante, allegretto) d’un charme absolu, littéralement habités de féerie et pétillants comme un feu d’artifice. Avec un dialogue d’une délicieuse subtilité entre les cordes des violons et les chromatismes perlés du clavier. Sans oublier ces savoureux et quelque peu fugaces soliloques du piano où les doigts de la pianiste diffusent toute la magie et l’enchantement mozartien dans de soyeuses rêveries… Petit entracte et reprise cette fois avec le concerto pour piano et orchestre du compositeur de la Symphonie d’Oxford. Au menu, le Concerto en d majeur Hob XVIII :11. Trois mouvements (vivace, un poco adagio et rondo à la ungarese  : allegro assai) pour illustrer le talent de Haydn dans son inspiration à marier les sonorités du clavier aux chatoiements de l’orchestre. Inspiration qui s’est concrétisée dans plus d’une vingtaine d’opus… Vivacité, gaieté et verve rythmique inépuisable pour incarner la musique d’une souveraine souplesse et d’une franche spontanéité d’un maître installé entre Vienne et Londres. Excellente prestation de Danielle Laval qui a subjugué l’auditoire par un jeu d’une extrême précision tout en n’excluant jamais l’expression des sentiments… Pour conclure, la Symphonie en C majeur KV200 de Mozart. En écoutant cette symphonie, toute en teintes diaphanes et légères, comment ne pas avoir à l’esprit les mots de celui qui a signé La flûte enchantée ? Des mots qu’il écrivit à son père, ce tendre bourreau, en 1781 : « La musique, même dans la situation la plus terrible, ne doit jamais offenser l’oreille, mais, là encore, charmer et demeurer toujours de la musique… ». Propos on ne peut plus adéquats et consolants pour cette exceptionnelle nuit beyrouthine où les autoroutes sont à l’ombre des tanks de l’armée, où les rues sont désertes et l’attente angoissée dans les cœurs… Edgar DAVIDIAN
Dix-huit musiciens placés sous la direction de Lavard Skou Larsen ont investi les planches du théâtre du Casino du Liban à Maameltein. Pour la seconde fois, même si c’est en des circonstances sociales et politiques agitées et non comme à l’heure des farnientes des festivals d’été, l’Orchestre de chambre de Salzbourg a comblé, par une prestation de grande qualité...