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Le chorégraphe et le liban : une longue histoire...

Maurice Béjart est bien connu du public libanais à qui il a offert des spectacle féeriques. Il y a eu d’abord plusieurs passages à la Cité du soleil dans le cadre du Festival de Baalbeck en 1963, en 1966 et en 1972. Par la suite, sa troupe a investi le Forum de Beyrouth en 1999 avec L’oiseau de feu de Stavinsky, La route de la soie et le célèbre Bolero de Ravel (non sans le honteux passage de la censure de l’époque qui a suscité un grand tollé et une réaction immédiate au plus haut niveau) ; et enfin le Festival de Beiteddine, en 2003, avec le fameux spectacle Mère Theresa et les enfants du monde. Mais la rencontre avec la Cité du soleil a, semble-t-il, marqué le célèbre chorégraphe. Dans le très bel ouvrage Baalbeck, les très riches heures du festival, sous la plume d’Etel Adnan, on peut lire cet extrait éloquent tiré d’un texte qu’elle consacre à la danse et que nous reproduisons ci-dessous : « … Quant à Maurice Béjart (et sa compagnie) on peut dire qu’il y eut là, avec Baalbeck, une rencontre fatidique. Ce fut entre les deux une reconnaissance mystique et une découverte qui changea la vie artistique de Béjart. La visite de Baalbeck était la première tournée de Béjart hors de l’Europe. C’est en ce lieu que l’Orient bouleversa ses idées et sa vie. Il présentait Le sacre du printemps et rien ne pouvait être plus à-propos. C’était, selon ses propres paroles, un ballet dépouillé de tous les artifices du pittoresque, un hymne de cette union de l’homme et de la femme, du Ciel et de la Terre, une danse de vie et de mort ». Une antiquité faite de feu prend vie également dans le ballet Prométhée, première mondiale de la nouvelle chorégraphie avec l’extraordinaire Paolo Bortoluzzi. Pour son deuxième passage à Baalbeck en 1966, Béjart, au faîte de sa carrière, avec une compagnie qui compte de grands solistes tels que Bortoluzzi, Tania Bari, Duska Sifnios…, présente le deuxième mouvement de la IXe Symphonie de Beethoven et reçoit l’hommage le plus soutenu d’applaudissements de l’histoire du festival. Dans cette création, Béjart réussit l’impossible union de la danse folklorique et de la danse classique pour aboutir à un ballet qui est à la fois sacré et profane, archaïque et moderne, la clef même de toute son œuvre. Il eut été normal de penser qu’après un tel succès, il fût difficile à Maurice Béjart de se surpasser. Pourtant, en l’été 1972, il étonnait et séduisait le public de sa troisième visite à Baalbeck. Il montait L’ange Heurtebise de Cocteau, idéal poétique, selon Béjart, idéal érotique et vision d’une certaine révolte, incarnation de la vie et pourtant ange de la mort, personnage qui poursuivit Cocteau dans toute son œuvre tant littéraire que cinématographique. Ce fut un spectacle-danse pour lequel Jean Marais, qui lut sur scène le poème de Cocteau, et le public ne pouvaient rêver d’ange plus authentique, plus habillé de lumière, que l’incomparable danseur Jorge Donn qui prêtait au rêve de Cocteau, sur la musique lancinante de Manos Hadjidakis, le plus idéal des corps. Et le lendemain de cette fin du mois d’août, quand l’air commençait à fraîchir dans l’immense vallée, on pouvait, sur la musique de Berlioz, se rendre à la magie du plus célèbre couple de l’amour, dans l’un des moments les plus extraordinaires de la danse : on pouvait voir Roméo et Juliette ressusciter et mourir à nouveau dans les corps exaltés de Jorge Donn et Suzanne Farrell. Béjart était également attendu pour la saison 1975. Il projetait la création d’un ballet sur une chanson d’Oum Kalsoum, expressément pour Baalbeck. Il préparait aussi, pour la même saison, son Héliogabale, ballet inspiré de la vie de ce jeune empereur de Syrie, né à Antioche en l’an 204 de notre ère, qui gouvernait à partir de Homs et dont les sujets devaient avoir pris part à la construction des temples sur le chantier jamais terminé de l’Acropole. Béjart disait de ce personnage et des raisons de la fascination qu’il éprouvait pour cet empereur consacré à 17 ans : Héliogabale c’est l’éblouissement et c’est le soleil. Le culte du Soleil, en Égypte ou au Pérou, a donné naissance à des figures divines, à des héros violents. Le soleil, c’est le Créateur… Je suis méditerranéen. J’ai besoin du soleil. D’ailleurs, je regarde le soleil en face, mes yeux peuvent soutenir son éclat. Ainsi Béjart, sentant la folie sacrée qui souffle sur l’Orient, voulait rendre Héliogabale à Héliopolis, dans cet Orient de la Méditerranée qui est l’une des sources majeures de l’histoire… »
Maurice Béjart est bien connu du public libanais à qui il a offert des spectacle féeriques.
Il y a eu d’abord plusieurs passages à la Cité du soleil dans le cadre du Festival de Baalbeck en 1963, en 1966 et en 1972.
Par la suite, sa troupe a investi le Forum de Beyrouth en 1999 avec L’oiseau de feu de Stavinsky, La route de la soie et le célèbre Bolero de Ravel (non sans...