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DISPARITION Maurice Béjart est parti faire « danser les étoiles »

Le chorégraphe français Maurice Béjart, qui a su mettre la danse à la portée d’un large public, est décédé à l’âge de 80 ans dans la nuit de mercredi à jeudi à Lausanne, où il a conclu sa prolifique carrière. « Le dieu de la danse est mort », a déploré la célèbre ballerine italienne Carla Fracci, 71 ans. « Mais il est sans doute déjà en train de faire danser les étoiles », a supposé l’ancien danseur étoile Patrick Dupond. Le maître ne pourra pas assister à la création mondiale de son dernier ballet, le Tour du monde en 80 minutes, programmé pour le 20 décembre à Lausanne et dont, quittant brièvement l’hôpital, il a suivi encore des répétitions quelques jours seulement avant sa mort. Le spectacle doit être présenté à Paris en février 2008, puis partir en tournée mondiale. L’écrivain belge François Weyergans, proche ami du défunt, a recueilli son dernier souffle jeudi à 0h25 locales (mercredi 23h25 GMT) au Centre hospitalier universitaire de Lausanne. Pour son 80e et dernier anniversaire, Maurice Béjart avait créé à Lausanne une « vie du danseur, racontée par Zig et Puce », un retour sur ses principales créations. L’affiche du spectacle était barrée d’un « Amor-4-Vingt » : une manière de proclamer que le maître aura toujours (quatre fois) vingt ans. Le chorégraphe du Boléro de Ravel (1960) disait ne pas craindre la mort car « elle est une certitude. Je crois que l’on meurt toujours à temps (...) Le temps est compté différemment pour chacun, mais on meurt à temps », déclarait-il. Pour le chorégraphe, qui a embrassé l’islam chiite en 1973, « la danse était liée à la divinité, le sacré se mêlait au mouvement de la danse ». En mauvaise santé depuis plusieurs années, le créateur de quelque 140 chorégraphies avait été hospitalisé la semaine dernière. Il avait déjà été admis à l’hôpital le mois précédent, officiellement pour se remettre d’un « coup de fatigue ». Malgré sa santé défaillante, il suivait quotidiennement les activités de sa compagnie, le Béjart Ballet de Lausanne (BBL), qu’il dirigeait depuis 1987. La survie de la compagnie et de l’école est assurée par contrat pour les trois ans à venir, a indiqué la ville. Le BBL est le dernier avatar d’une troupe née à Paris en 1954, avant d’émigrer en 1960 pour 27 ans à Bruxelles où l’ensemble avait pris la forme du « Ballet du XXe siècle ». Avec des mises en scènes parfois extravagantes, Maurice Béjart a emporté l’adhésion du public et l’a familiarisé, non sans mal, à la danse contemporaine comme à la musique concrète. Né le 1er janvier 1927 à Marseille, Maurice Berger était le fils du philosophe Gaston Berger. Après une licence de philosophie, il avait abandonné ses études pour se consacrer à la danse, découverte à l’âge de 14 ans sur les conseils de son médecin pour « fortifier son corps malingre ». Après une formation classique à Londres et à Paris, il avait signé en 1952 L’oiseau de feu, sa première chorégraphie. Dénonçant rapidement un art « coupé des masses », Maurice Béjart a innové avec Symphonie pour un homme seul (1955), sur une musique d’avant-garde de Pierre Henry et Pierre Schaeffer. « On m’avait dit : “ Vous allez faire fuir les gens ” », se souvenait-il. Le chorégraphe disait ne pas avoir « eu honte de faire beaucoup de mauvais ballets. Sur la quantité, on jette, il n’y en a pas beaucoup qui sont bons, peut-être cinq ou six choses qui ne sont pas trop mauvaises », expliquait-il. Très attaché à la Belgique où il a créé beaucoup de ses œuvres les plus marquantes, il a exprimé le vœu que ses cendres soient dispersées sur les plages d’Ostende, face à la mer du Nord, selon un de ses intimes, l’écrivain Michel Robert. Le chorégraphe gardait une certaine rancœur envers la France. « Je n’ai jamais reçu un centime du gouvernement français », rappelait-il. « Avec l’Opéra de Paris, c’était un peu je t’aime, moi non plus », a noté la directrice de la danse de l’Opéra, Brigitte Lefèvre. Le président français Nicolas Sarkozy a rendu hommage au chorégraphe en saluant dans son Sacre du Printemps (1959) « l’un des plus grands chocs chorégraphiques du XXe siècle. Dernièrement, il créait encore. Seule la mort pouvait l’interrompre dans son élan », a conclu le chef de l’État. Denis ROUSSEAU (AFP)
Le chorégraphe français Maurice Béjart, qui a su mettre la danse à la portée d’un large public, est décédé à l’âge de 80 ans dans la nuit de mercredi à jeudi à Lausanne, où il a conclu sa prolifique carrière.
« Le dieu de la danse est mort », a déploré la célèbre ballerine italienne Carla Fracci, 71 ans. « Mais il est sans doute déjà en train de faire danser...