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Actualités - CHRONOLOGIE

LU POUR VOUS - « Chagrin d’école » de Daniel Pennac, Renaudot 2007 Belle récompense pour un cancre « réinséré »

C’est une belle revanche sur son passé de cancre peu doué pour les études que Daniel Pennac a obtenue, en remportant le prix Renaudot pour Chagrin d’école (éditions Gallimard), à la surprise générale et la grande colère d’un « rival », Richard Donner, également sélectionné pour son Un roi sans lendemain. Alors qu’il ne figurait même pas sur la liste, Pennac a été choisi pour, a précisé le jury, « donner le prix à un livre populaire ». Le lundi 5 novembre, réuni, comme il est de tradition, au restaurant Drouant à Paris, le jury a récompensé Chagrin d’école d’un surprenant Renaudot. Ce prix, l’un des 5 grands prix décernés à chaque rentrée littéraire, a été créé en 1936 en attendant, dit la légende, la délibération du Goncourt. Bien qu’il soit de coutume de dire que cette récompense se charge également de réparer les éventuelles injustices du prix Goncourt, la surprise Pennec n’en est que plus grande. Car Chagrin d’école demeure un livre touchant, simple, un peu trop simple peut-être pour être primé, ont souligné ses détracteurs. Un livre apparemment léger, qui se lit avec fluidité, comme tous les romans de Pennac. Même lorsque l’auteur parle de souffrances, les siennes, vécues au quotidien et pendant de longues années, de torture morale, de calvaire et d’échec scolaire, il le fait avec humour et sur un ton affectueux, dénué de toute gravité. Un peu comme lui, « plutôt bavard et rieur, farceur même », mais flottant dans une affreuse « solitude de cancre ». Les appréciations générales, imprimées au dos du livre, donnent une image précise de sa vie de cancre et, notamment, outre les traditionnels « beaucoup trop d’absences », « peut encore mieux faire », « n’a rien fait, rien rendu », celle de son professeur de français : « Élève gai, mais triste élève »… Opération sauvetage Pennac, professeur et romancier, n’a pas oublié l’élève Pennacchioni qu’il était, souffrant de « cancrisme aigü ». Rien pourtant ne le prédestinait, fils d’un polytechnicien et d’une mère au foyer, et frère de trois bons élèves, à basculer, dès le cours préparatoire, dans l’échec scolaire. « Il m’a fallu une année entière pour retenir la lettre a », avoue-t-il. Les lettres deviendront des petits bonshommes qu’il dessine jusqu’aujourd’hui, prêts à s’enfuir hors de la marge, loin de la page et de l’école. Son professeur de français fera figure de premier sauveteur, en le dispensant de dissertations au profit de la rédaction d’un roman qu’il lui livrera, chapitre après chapitre. Puis, quelques années plus tard, une élève en hypokhâgne, dont il tombe amoureux, l’entraîne dans une licence et une maîtrise pour entrer dans l’enseignement. La vie, Monsieur Malaussène, La fée carabine ou encore les ogres de ses romans se chargeront du reste et réussiront à remplacer les mauvais souvenirs pour un flot de tendresse. Bel exemple pour ses élèves et tous les élèves désespérés, Pennac a confirmé que les cancres en quête d’amour et d’estime pouvaient être des romanciers à succès et, plus encore, des adultes heureux. Carla HENOUD
C’est une belle revanche sur son passé de cancre peu doué pour les études que Daniel Pennac a obtenue, en remportant le prix Renaudot pour Chagrin d’école (éditions Gallimard), à la surprise générale et la grande colère d’un « rival », Richard Donner, également sélectionné pour son Un roi sans lendemain. Alors qu’il ne figurait même pas sur la liste, Pennac a été choisi...