MOMENTS INSOLITES - Ghassan Abdel-Nour a remporté une médaille d’or en natation aux Special Olympics World Games à Shanghai en octobre 2007 Malgré le handicap, « je sais que je peux ! » Carla HENOUD

C’est avec ce slogan, une grande motivation et le soutien de sa famille et d’un groupe de professionnels que Ghassan Abdel-Nour est parti à la conquête de l’or en Chine, en octobre dernier, aux « Jeux olympiques spéciaux d’été ». Spéciaux, car ils s’adressent à des personnes atteintes de trisomie ou d’un retard psychique. Mais surtout spéciaux, car la persévérance de ces dernières, mêlée à une certaine pureté de l’âme en font les véritables héros d’un siècle de plus en plus cruel, basé sur l’apparence physique et l’exclusion. Ghassan a 31 ans. L’aîné, « et le plus facile des 4 frères », souligne sa mère, Irène Abdel-Nour, qui l’a eu à 18 ans à peine. « À sa naissance en 1976, confie-t-elle, j’ai eu un choc, comme toute mère dans mon cas, car l’amniocentèse ne se pratiquait pas alors couramment. Puis j’ai appris à prendre ce problème raisonnablement, dans un pays qui ne possède pas les infrastructures nécessaires ni les moyens éducatifs indispensables à l’épanouissement des enfants trisomiques. » Pris en charge par Acsauvel d’abord, puis par l’association Message de la paix, qui lui propose des activités diverses quotidiennes, il est aujourd’hui un jeune homme épanoui, constamment souriant, sensible et affectueux. Il aime danser, manger et rire. Le sport, il l’a pratiqué « sous toutes ses formes et très jeune », poursuit sa mère. Équitation, football, basket, lancer de poids, natation ou encore ski de fond. Avant d’être repéré par la Special Olympics World Games Liban en 1991, qui a vu en lui un potentiel dans les deux dernières disciplines. Depuis, un entraînement quotidien s’impose et, pour Ghassan, une première participation et victoire aux Jeux olympiques d’été à Minneapolis ont confirmé ses capacités. Des jeux très spéciaux C’est grâce à la générosité d’Eunice Kennedy Shriver, sœur d’Edward, que ces Jeux olympiques spéciaux ont vu le jour il y a plus de 40 ans. Son objectif a été et demeure d’améliorer la vie de milliers de personnes souffrant de déficiences intellectuelles. À travers le sport, l’entraînement intensif et la compétition, elle a surtout voulu changer les choses et déclencher une formidable expérience humaine. Cette année, plus de 7 500 athlètes se sont retrouvés à Shanghai. Quarante-cinq Libanais, dont 30 sportifs et leurs entraîneurs, ont fait partie de l’aventure. « Special Olympics World Games Liban sont nés en 1989, précisent les responsables locaux, sous l’impulsion de Mohammad Nasser, ancien champion sportif, d’Iskandar Safa, son président, Hala el-Husseini, directrice nationale, et Fouad Marrouche, directeur sportif. Depuis 16 ans, notre pays est représenté aux olympiades d’hiver et d’été, ainsi qu’aux jeux spéciaux du Moyen-Orient et d’Afrique. Nous essayons par tous les moyens de réunir des dons, pour pouvoir faire voyager le plus grand nombre, mais cela devient de plus en plus difficile. » Pour Ghassan, cette victoire fait suite à de nombreuses autres en natation ou ski de fond, réalisées au fil des ans, des compétitions et des olympiades : médailles d’argent en Autriche, aux États-Unis, au Liban, en Irlande, en Tunisie, en Jordanie, en Espagne, en Égypte, en France, au Canada, au Japon, en Grèce et aux Émirats arabes unis. Et enfin, l’or en Chine cette année. Pour Ghassan, comme pour Bassam Gharib, Sara Khalifé, Jeanne d’Arc Raffoul, Samia Khalifé, Amer al-Mekdah, Alain Bou Gerges et Nesrine Awad, vainqueurs de médailles d’argent ou de bronze, rien n’a vraiment changé. Ghassan a accumulé des centaines de souvenirs de ce dernier voyage et brandit fièrement une médaille en or sur laquelle est gravé : « I know I can ». Il sait qu’il peut, il l’a prouvé depuis plus de 16 ans. Ses proches et amis également, qui souhaitent, plus amers, que la Lebanese Down Syndrom Association obtienne les moyens nécessaires pour inclure un programme scolaire adapté dans les écoles et donner aux personnes handicapées une voix, des droits et une protection médicale indispensable. Leur donner surtout une place légitime dans la société. Pour le moment, savourons la victoire libanaise de Ghassan Abdel-Nour et ses complices… Elle vient, comme un rayon de soleil, réchauffer les âmes en quête de bonheurs vrais. Pour plus d’informations sur l’association Special Olympics World Games Liban : soliban@hotmail.com