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HAUTE COUTURE Zuhair Murad investit l’Espace SD

Depuis des siècles, Baalbeck est une étape incontournable sur la route de la soie. Ce n’est pas un hasard que Zuhair Murad, l’un des stylistes libanais les mieux lancés à l’international, soit originaire de la Cité du soleil. On a du mal à imaginer le chemin parcouru par ce quadra que la presse spécialisée n’a découvert qu’il y a trois ou quatre ans. Il traçait déjà ses croquis dans un atelier à Jdeidé qu’il vient de quitter pour envahir l’Espace SD, naguère consacré aux créateurs libanais de design. Fini le décor néoclassique, un peu trop falbala. Dans son nouvel antre, rien n’évoque l’Antiquité, son époque de prédilection. Seul demeure le cérémonial dont il n’a jamais changé. Les clientes viennent sur rendez-vous, souvent en petits groupes. Il s’installe avec elles autour d’une table ronde et il écoute, avec une infinie patience, un crayon à la main. L’idée se précise au fil de la conversation. La robe prend forme sur le papier, à peine sortie d’un rêve de princesse arabe. Il y ajoute sa touche, un plissé savant, un voile, une arabesque. Elles adorent. Est-ce Athéna, Minerve, ou l’une de ces déesses grecques, muse et protectrice, qui a sacrément bien fait son boulot ? À peine un premier défilé organisé à Paris, voilà Murad abonné au podium du Grand Hôtel, rue Scribe. Et le succès est tel que, cerise sur le gâteau, le voilà établi 1 bis rue François 1er, sur trois étages somptueux. Un coup de fil d’Espagne, une amie journaliste rencontrée par hasard, l’informe que les propriétaires de Mango souhaitent le connaître. Rendez-vous pris, la firme espagnole de prêt-à-porter la mieux introduite dans le monde arabe signe avec lui un contrat de collaboration. À l’instar de Pénélope Cruiz, il crée pour la grande distribution une ligne couture signée de sa griffe en série limitée. Mango commande à Murad quatre-vingts ensembles qui seront vendus autour de 400$ pièce et feront le tour du monde avec un succès tel que les Espagnols en redemandent. C’est déjà reparti pour un tour. Murad ne néglige pas pour autant la haute couture qui a fait son succès. Pour l’automne-hiver 2007-2008, il annonce un nouvel hommage aux femmes de sa vie, ces belles Olympiennes au port de statue. Son style se précise et s’accentue. Les coloris évoluent dans une gamme diaprée, de l’or au bronze, du vert scintillant à la pourpre un rien théâtrale. Toujours près du corps, les plis moulent, corsètent, incurvent la taille, soulignent la poitrine. Un voile pudique vient, çà et là, donner de l’élan, jouer avec le vent, simuler une aile. Une asymétrie étudiée casse un peu la rigidité d’une robe trop moulante. Murad se réjouit de bénéficier au Liban d’une main-d’œuvre qualifiée pour le travail de haute précision, qui demande tour de main et patience. Mais dans son chez-lui parisien, il fait appel au savoir-faire français. Gantiers, chapeliers, fleuristes, corsetiers, brodeurs, mouleurs défilent rue François 1er pour prendre commande. Murad aime l’idée de ce métissage. Il croit en l’efficacité de ce mélange de tendances et de compétences. Il affirme que c’est le meilleur moyen d’évoluer. Loin de l’esprit grande distribution joué chez Mango, dans l’espace feutré de la rue François 1er, qui comprend un salon d’accueil, un show-room pour le prêt-à-porter, un studio de création et un atelier de retouche et de confection, le prix pour une robe du soir commence à 10 000$, celui des robes de mariées à 25 000$ sans plafond. Souvent, Murad fait appel à des bijoutiers libanais pour créer sur mesure des parures assorties à une tenue. Le prêt-à-porter couture est proposé à partir de 1 000$. Toute une collection d’accessoires, chaussures, sacs, lunettes et bijoux vient compléter les créations de Murad, pour qui le moindre couac dans l’harmonie est quasiment douloureux. Christina Aguilera, Ivana Trump, Ophélie Winter et d’autres stars l’ont compris en adoptant ses tenues pour les grandes cérémonies. Dans l’agence que Zuhair Murad a créée à Los Angeles, le prix est tabou car le luxe n’en a pas… Et il ne faut surtout pas fâcher les complices de Murad, ces déesses capricieuses qui portent son crayon jusqu’à des sommets que lui-même ignore.
Depuis des siècles, Baalbeck est une étape incontournable sur la route de la soie. Ce n’est pas un hasard que Zuhair Murad, l’un des stylistes libanais les mieux lancés à l’international, soit originaire de la Cité du soleil. On a du mal à imaginer le chemin parcouru par ce quadra que la presse spécialisée n’a découvert qu’il y a trois ou quatre ans. Il traçait...