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Actualités - OPINION

Clin d’œil

Toutes ces filles prisonnières de leur contrat, à qui on a confisqué le passeport, elles me font rire ! Moi, je me sens toute puissante, mon passeport et mon permis de séjour sur moi. Si tu savais comme je les trouve pathétiques, les autres qu’on manipule comme de vulgaires paquets, comme un numéro. Moi j’ai eu la chance d’avoir des employeurs modèles, qui, non seulement me garantissent mes droits, mais m’en font part pour que je puisse en user (ou en abuser aussi, parfois, ça arrive, on est tous humain, dans ce bas monde). On m’augmente sans même que je le demande, on me pousse à sortir les dimanches, même si l’envie me manque. On me fourre une petite somme en poche pour aller manger quelque part à Dora, ou ailleurs. Je rentre à l’heure qui me convient. Je dors quand j’ai sommeil, me lève à l’heure que je veux. Je traîne en survêtement. Je connais bien mon travail, et mes employeurs ne me mettent pas la pression lorsque je n’ai pas envie de le faire. Ils me font confiance. Hier, on m’a remis le solde de mon salaire parce que j’étais supposée prendre l’avion le soir même, pour rentrer chez moi, en Éthiopie. Seulement, depuis que je suis à Beyrouth, je rêve de grand air. Le Canada me tente, mais ce pays est trop loin. Et puis, je me suis renseignée : je suis malheureusement inéligible. Il me reste l’Europe, et pourquoi pas la France où une amie vit ? Elle m’écrit souvent, me somme d’aller la rejoindre pour faire comme elle, des travaux peu catholiques au noir. Et du fond de la cale du bateau qui m’emmène vers l’Europe, mon eldorado à moi, je regarde la côte libanaise s’éloigner. Mes employeurs doivent se faire du souci pour moi. J’ai quitté la maison sans les prévenir. Mais c’est de ma vie qu’il s’agit. Ils comprendront. Ils ont toujours compris. Je garde l’espoir d’être bien reçue en France. Il paraît qu’on traite bien les esclaves, là-bas. Michèle M. GHARIOS
Toutes ces filles prisonnières de leur contrat, à qui on a confisqué le passeport, elles me font rire !
Moi, je me sens toute puissante, mon passeport et mon permis de séjour sur moi. Si tu savais comme je les trouve pathétiques, les autres qu’on manipule comme de vulgaires paquets, comme un numéro. Moi j’ai eu la chance d’avoir des employeurs modèles, qui, non seulement...