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Objectif : dépenser un trop plein d’énergie et s’émanciper des canons d’une société traditionnelle En Iran, le rugby a ses femmes pratiquantes

Elham Shahsavari, une Iranienne de 24 ans, a trouvé son sport idéal, le rugby, et fait fi des inconvénients du code vestimentaire islamique et des longues heures de trajet pour le pratiquer. « Au début de 2006, l’Université de Gorgan m’a conseillé le rugby à cause de ma puissance physique », explique Mlle Shahsavari, qui sans avoir un gabarit de déménageur dégage une force tranquille. Elle a bravé les réticences de sa famille, inquiète des trajets nocturnes qu’impliquent ses entraînements avec l’équipe de Téhéran. « Le rugby à XV est mon truc à moi », dit-elle à l’AFP. Sur le terrain, comme en dehors, les joueuses doivent couvrir leur tête et dissimuler leurs formes. Elles filent sur la pelouse avec le marnaeh, un voile ne révélant que leur visage, et une tunique lâche par-dessus un T-shirt trop large et des pantalons de survêtement trop grands. Une tenue qui leur donnerait peu de chances face à des équipes occidentales – car trop facile à attraper –, ce qui fait dire à l’entraîneur Alireza Iraj, qu’elles « devraient jouer avec des équipes de pays musulmans ayant des tenues identiques ». Pour les joueuses, l’essentiel est que ce sport leur permet de s’émanciper des canons d’une société traditionnelle dans laquelle elles sont souvent perçues comme des mères, cuisinières et ménagères. Les femmes iraniennes se perçoivent comme les plus émancipées au Moyen-Orient. « Passe la balle ! Plaque-là ! Va la chercher ! » crient les joueuses, en parcourant le terrain. « J’adore le rugby et ce que je porte ne compte pas. Ça n’est pas inconfortable », affirme Sahar Azizi, une lycéenne de 16 ans. Les temps ont changé depuis la révolution islamique de 1979, qui dissuadait les femmes d’exercer un sport, surtout de contact. Elles devront attendre les années 1990, et le soutien de la fille du président Akbar Hachémi Rafsandjani, Faezeh Hachémi, pour se mettre au tir à l’arc, avant de passer au football, mais aussi aux arts martiaux et au rugby. « Ce n’est pas un sport violent déconseillé aux femmes, contrairement à ce que les gens pensent. Nous avons besoin de dépenser notre énergie », explique Zahra Nouri, la capitaine de l’équipe, qui est étudiante en mécanique à l’Université de Qazvin, près de Téhéran. La mère d’une des joueuses se félicite justement de cette activité qui détend une progéniture qui en a grand besoin, selon elle : « C’est bien pour nous qu’elle se défoule ici », dit Pouran Taherabadi. Pour l’entraîneur, la tâche est délicate, car il doit garder une certaine distance avec ses joueuses, et ne peut en aucun cas leur faire une démonstration de plaquage. La loi islamique interdit strictement à tout homme de toucher une femme qui ne soit pas son épouse ou un membre direct de sa famille. Mais les préoccupations de l’équipe ne sont pas de cet ordre. Elle se plaint plutôt du traitement que lui réserve sa fédération. « Les équipements sont mauvais. Nous n’avons pas de salle de vestiaires. Ils annulent nos entraînements épisodiquement », dit Sahar Azizi, en mettant ce comportement sur le compte du ressentiment de la fédération au fait que leur entraîneur soit un homme. L’intéressé est du même avis, expliquant que « la fédération a des objections contre un entraîneur masculin pour l’équipe féminine ». L’Iran a récemment lancé la construction d’un stade de 40 000 places à Téhéran, qui sera réservé aux seules spectatrices, l’accès aux stades étant jusqu’ici interdit aux femmes. M. Iraj espère que sa discipline en bénéficiera, même s’il regrette la discrimination frappant selon lui les équipes féminines de rugby. « Les rugbymen n’ont pas ces problèmes, ils jouent dans les championnats internationaux », remarque-t-il. L’équipe de Téhéran, établie en 2003, a gagné le championnat national féminin l’année suivante, auquel participent actuellement sept équipes d’autres provinces d’Iran.
Elham Shahsavari, une Iranienne de 24 ans, a trouvé son sport idéal, le rugby, et fait fi des inconvénients du code vestimentaire islamique et des longues heures de trajet pour le pratiquer.
« Au début de 2006, l’Université de Gorgan m’a conseillé le rugby à cause de ma puissance physique », explique Mlle Shahsavari, qui sans avoir un gabarit de déménageur dégage une...