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Kosovo - Une coopérative viticole devenue un symbole de réussite multiethnique Serbes et Albanais réconciliés grâce au vin et aux bonnes affaires

Grâce aux bonnes affaires, des Albanais du Kosovo et des Serbes ont mis de côté leurs vieilles querelles pour faire prospérer ensemble une coopérative viticole devenue ainsi un symbole de réussite multiethnique. «La clé de notre entente réside dans notre volonté de faire des affaires », explique l’Albanais Sylejman Bala, chef de l’assemblée de la coopérative. À Orahovac (sud-ouest du Kosovo), Albanais et Serbes ont pris en mai 2006 une décision quasiment historique : travailler ensemble. Pour faire face aux problèmes de production et d’entretien des vignobles, ils ont en effet créé « Agrokop », la première coopérative albano-serbe. Une telle association est exceptionnelle au Kosovo où huit ans après le conflit de 1998-1999, la réconciliation, malgré les encouragements de la communauté internationale, est au point mort. Les aspirations des uns et des autres sont aux antipodes. Alors que les Albanais qui représentent 90 % d’une population d’environ 2 millions d’habitants réclament l’indépendance, les quelque 120 000 Serbes restés dans la province après la guerre y sont farouchement opposés. « La politique nous a divisés, mais les affaires peuvent nous unir pour le bien de tous », espère Fahrudin Korenica, 61 ans, en contemplant les vignobles répartis au pied de l’imposante chaîne des Prokletije qui s’élève au sud d’Orahovac. « Depuis la fin de la guerre, les vignes ont été négligées et personne ne s’est soucié de nous », raconte M. Bala. D’accord avec son associé albanais, le Serbe Marjan Saric, directeur de la coopérative, souligne lui aussi que l’espoir d’une réussite économique a été à la base de leur coopérative qui regroupe actuellement quinze producteurs serbes et vingt albanais. « Agrokop s’efforce d’identifier les intérêts communs des producteurs concernant leurs besoins sociaux, économiques ou autres », indique M. Saric en ajoutant que l’objectif de la coopérative est aussi « d’intégrer par le biais des affaires la communauté serbe à la société kosovare ». La région d’Orahovac compte environ 70 000 Albanais pour 1 300 Serbes. M. Saric, diplômé d’un institut d’agronomie de Serbie, est revenu au Kosovo pour contribuer au développement d’une région « où le vin est en quelque sorte un état d’esprit ». « Nous avons eu beaucoup de mal à convaincre les deux communautés de rejoindre la coopérative », reconnaît-il, tout en précisant qu’à l’intérieur d’Agrokop, on ne parle jamais politique. « Nous finirons peut-être par comprendre que les affaires sont meilleures que la politique », souhaite Bozidar Petrovic, 65 ans, producteur et membre d’Agrokop, originaire du village Velika Hoca, à quelques kilomètres au sud d’Orahovac. M. Petrovic produit 10 000 litres de vin et 1 200 litres d’eau-de-vie par an. « Individuellement, je ne suis pas autorisé à exporter mon vin qui pourrait être vendu en quelques jours dans les régions voisines du Kosovo, mais en tant que membre de la coopérative, je peux le faire », indique-t-il en faisant déguster une bonne bouteille. Mais le travail dans la région d’Orahovac, qui n’a pas été épargnée par les atrocités de la guerre et où les animosités sont encore grandes entre Albanais et Serbes, s’avère difficile. « Les deux communautés ont comme un voile devant les yeux. Nous essayons de lever ce voile et de les motiver à mettre de côté leurs différences et trouver un objectif commun qui en même temps garantit leur survie », explique M. Bala.
Grâce aux bonnes affaires, des Albanais du Kosovo et des Serbes ont mis de côté leurs vieilles querelles pour faire prospérer ensemble une coopérative viticole devenue ainsi un symbole de réussite multiethnique.
«La clé de notre entente réside dans notre volonté de faire des affaires », explique l’Albanais Sylejman Bala, chef de l’assemblée de la coopérative.
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