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Actualités - CHRONOLOGIE

FESTIVAL D’AUTOMNE DE PARIS - L’« Homme sans but » de Claude Régy Une incertitude en suspension

Claude Régy, qui a l’habitude depuis les années 60 de mettre en scène de nouvelles écritures contemporaines – il est l’un des premiers à avoir mis en scène des œuvres de Marguerite Duras (1960), Nathalie Sarraute (1972), Harold Pinter (1965), Edward Bond (1971), David Storey (1972), Peter Handke (1973), Botho Strauss (1980), Jon Fosse (1999)… –, présente en ce moment et jusqu’au 10 novembre, aux Ateliers Berthier, sa mise en scène de Homme sans but, une pièce de l’écrivain norvégien Arne Lygre. La scène est épurée, encerclée de vide. La lumière, qui disparaît par moments, est sidérale. Les personnages – trois hommes et trois femmes – plongés dans leur drame familial se meuvent au ralenti, et leur parole surarticulée jaillit dans le prolongement de leur corps. L’apesanteur dans laquelle flottent ces personnages et la parfaite audibilité des mots qui résonnent avec pureté dans le silence confèrent à la pièce une certaine lenteur. Une lenteur de laquelle le spectateur ne décroche pas pour autant ; car les comédiens, fragiles et pourtant bien ancrés, fournissent continûment l’énergie nécessaire pour soutenir cette lenteur. Une énergie qui s’échappe néanmoins quelques rares fois de son état de latence, à travers de brèves explosions ostensibles de colère. Peu de choses sont écrites dans le texte d’Arne Lygre. Les personnages semblent dénués d’identité, à la limite même de l’humain : qui sont-ils ? Fille, frère, femme, sœur… c’est ainsi qu’ils s’interpellent. Il arrive même qu’un personnage parle de lui à la troisième personne. Illusion de lui-même ? Et le spectateur ressort pénétré de toutes ces questions qui taraudent Régy : Où sommes- nous ? Qui sont-ils ? Est-ce la réalité ? Une illusion ? Tout n’est-il pas qu’incertitude ? Une mention spéciale est à accorder à Redjep Mitrovitsa, qui interprète le rôle du frère. Sous ces contraintes de jeu drastiques, le comédien a inventé de toute pièce, dans une exceptionnelle maîtrise de son corps et de sa voix, un personnage insolite à la limite du réel, ayant sa propre diction, sa propre démarche, des tics répétitifs et précis – clignotement de l’œil, mouvement des doigts…Une interprétation mémorable. Sarah HATEM
Claude Régy, qui a l’habitude depuis les années 60 de mettre en scène de nouvelles écritures contemporaines – il est l’un des premiers à avoir mis en scène des œuvres de Marguerite Duras (1960), Nathalie Sarraute (1972), Harold Pinter (1965), Edward Bond (1971), David Storey (1972), Peter Handke (1973), Botho Strauss (1980), Jon Fosse (1999)… –, présente en ce moment...