Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

TERRORISME - Bhutto veut une aide internationale pour l’enquête sur l’attentat-suicide Le Pakistan au bord d’une crise d’envergure, après l’attaque de Karachi

L’attentat qui a visé jeudi dernier à Karachi l’ex-Première ministre du Pakistan Benazir Bhutto risque de précipiter cette puissance nucléaire, alliée des États-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme » islamiste, dans une crise d’envergure, craignent des analystes. «Nous nous dirigeons vers une crise majeure », redoute Moonis Ahmar, professeur de relations internationales à Karachi, la mégalopole du sud du Pakistan frappée par le pire attentat-suicide de l’histoire du pays, celui-ci ayant fait au moins 139 morts. L’enquête à peine commencée, les regards se tournent vers les milieux islamistes proches d’el-Qaëda et des talibans d’Afghanistan. Même s’il a nié sa responsabilité, un commandant des combattants islamistes, qui infestent les zones tribales frontalières avec l’Afghanistan, avait promis, selon la presse, d’« accueillir » Mme Bhutto par un attentat. Avant qu’elle ne rentre triomphalement jeudi de huit années d’exil, les autorités l’avaient avertie que des cellules d’el-Qaëda, des talibans afghans et pakistanais, mais aussi des fondamentalistes basés à Karachi, préparaient des attaques. Ces intégristes auraient voulu punir Mme Bhutto pour avoir promis d’« éliminer l’islamisme » au Pakistan. Elle s’était aussi engagée à autoriser, si elle revenait au pouvoir, les États-Unis à bombarder les zones tribales. Et ces extrémistes ont perpétré depuis juillet une vague sans précédent d’attentats-suicide, tuant quelque 400 personnes dans tout le pays. Le clan Bhutto a également montré du doigt une officine des services de renseignements et d’ex-dignitaires du régime militaire de Zia ul-Haq. Ce général acquis à l’islamisme renversa le père de Mme Bhutto, le Premier ministre Zulfiqar Ali Bhutto, et le fit exécuter en 1979. Historiquement, des liens complexes se sont tissés entre des « jihadistes » et les services secrets pakistanais, lesquels ont épaulé, avec le soutien de Washington, les moudjahidine afghans à l’époque de l’occupation soviétique dans les années 1980, puis les talibans dans les années 1990. « Certains éléments voyous de l’establishment (armée, bureaucratie), qui sentent la pression démocratique, veulent instaurer un climat d’insécurité pour ne laisser aucun espace aux partis politiques », analyse le professeur Ahmar. Mais malgré l’attentat, Mme Bhutto veut rester au Pakistan pour y « rétablir la démocratie » et conduire son parti aux législatives de janvier 2008. Elle a par ailleurs réclamé hier une aide internationale pour l’enquête sur l’attentat-suicide. « Ils (les pays étrangers) ont des spécialistes de l’antiterrorisme qui possèdent l’expertise pour enquêter sur des attaques de ce genre », a-t-elle dit. « J’ai discuté de cela avec la communauté internationale, dont Washington et la Grande-Bretagne qui ont ces experts », a-t-elle ajouté. Le carnage de jeudi « vise aussi à déstabiliser le président Pervez Musharraf », a complété un haut responsable de l’armée. De fait, certains voient d’un mauvais œil l’accord de partage du pouvoir que négocient depuis des mois M. Musharraf et Mme Bhutto, avec le soutien des Américains. Ils ont fait du président leur allié-clé dans leur « guerre contre le terrorisme », convaincus qu’el-Qaëda et des talibans ont reconstitué leurs forces dans les zones tribales. D’ailleurs, Oussama Ben Laden a déclaré la guerre sainte à M. Musharraf. Et Shafqat Mahmood, éditorialiste au quotidien Daily News, redoute qu’une alliance Musharraf-Bhutto ne renforce les partis fondamentalistes au Parlement de cette puissance atomique de 160 millions de musulmans. « Nos amis américains pensent qu’en plaçant Bhutto et Musharraf ensemble au pouvoir, cela formerait une équipe de rêve (...) mais cette “Dream Team” ne peut pas éradiquer l’extrémisme car ils sont tous deux considérés comme hostiles aux religieux », a-t-il analysé. « Ils n’auront donc pas d’autre option que la force et l’ère Musharraf a montré que cette stratégie ne fonctionnait pas », a-t-il averti. Le politologue Rasul Baksh Rais est tout aussi inquiet pour l’avenir du Pakistan, mais, pour « combattre le terrorisme », il faut en finir avec les rivalités politiques et rechercher le consensus. « Bhutto et Musharraf seront beaucoup plus vulnérables s’ils restent divisés », pense-t-il.
L’attentat qui a visé jeudi dernier à Karachi l’ex-Première ministre du Pakistan Benazir Bhutto risque de précipiter cette puissance nucléaire, alliée des États-Unis dans leur « guerre contre le terrorisme » islamiste, dans une crise d’envergure, craignent des analystes.
«Nous nous dirigeons vers une crise majeure », redoute Moonis Ahmar, professeur de relations...