Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

LIVRES - « À l’abri de rien », d’Olivier Adam, sélectionné pour le Goncourt, le Renaudot et le Médicis Les multiples visages de la misère humaine

Il publie chez une maison d’édition qui porte son prénom ! Mais Olivier Adam a réussi un deuxième gage : sortir un ouvrage sélectionné pour le Goncourt, le Renaudot et le Médicis. « À l’abri de rien » (L’Olivier) – l’histoire poignante de Marie, mère de famille désœuvrée, qui vient en aide aux sans-papiers – est donc un beau succès et une reconnaissance supplémentaire pour un romancier de 33 ans qui vit de sa plume à Saint-Malo, loin des milieux parisiens qui l’indiffèrent. On referme À l’abri de rien avec deux images marquantes : celle de Marie, cette femme qui vide ses placards pour tout donner aux réfugiés ; et celle du fils qui voit partir sa mère dans la nuit tout en sachant qu’il ne pourra pas dormir avant de la voir rentrée… Mais récapitulons depuis le début. Olivier Adam entame son livre en brossant la détresse ordinaire d’une femme dans un pavillon de banlieue : « Millions de maisons identiques aux murs crépis de pâle, de beige, de rose, millions de volets peints s’écaillant, de portes de garage mal ajustées, de jardinets cachés derrière... Millions de téléviseurs allumés dans des salons Conforama.... Millions d’hommes et de femmes invisibles et noyés, d’existences imperceptibles et fondues. » La vie de Marie ? « L’ANPE et les annonces une fois par semaine, les Assedic... les gamins, le bain, les devoirs, les repas... le cinéma une fois tous les six mois, la télé tous les soirs. » Une nuit, bloquée sur la route, un « Kosovar » (« Tout le monde les appelait les Kosovars, mais c’étaient surtout des Irakiens, des Iraniens, des Afghans, des Pakistanais, des Soudanais, des Kurdes... ») lui change le pneu de sa voiture. Marie bascule alors du côté de ces invisibles, sans papiers et sans identité, en perpétuelle errance depuis la fermeture, en 2002, par Nicolas Sarkozy, de Sangatte, ce centre d’accueil de réfugiés en Pas-de-Calais (« Je n’ai jamais compris pourquoi ils l’avaient fermé ce camp. Les choses n’avaient fait qu’empirer. »). Avec son amie Isabelle et des associations caritatives, elle tente de donner le minimum à ceux qui n’ont rien : papiers, vêtements, soins, chaleur humaine. Mais comment combler un gouffre, arrêter la police, s’opposer aux contrôles, aux expulsions ? Marie néglige sa famille, oublie ses enfants. Marie en fait trop (ou pas assez...), passe du côté de l’illégalité, dérive,  bascule dans la folie pour réparer l’injustice du monde. Adam brosse des portraits sans tomber dans l’excès de psychologie. Ses phrases sont assez brèves, ses descriptions très précises, sans pour autant abuser d’adjectifs. Voilà une histoire qui tombe certainement dans la catégorie « bouleversante » et où s’affrontent la misère ordinaire d’un quotidien sans espoir et le dénuement total d’exilés pourchassés. L’émotion affleure à chaque phrase de ce beau roman qui sera porté au petit écran par Jean-Pierre Ameris (il avait déjà adapté au cinéma un des livres d’Adam, Poids léger). Maya GHANDOUR HERT
Il publie chez une maison d’édition qui porte son prénom ! Mais Olivier Adam a réussi un deuxième gage : sortir un ouvrage sélectionné pour le Goncourt, le Renaudot et le Médicis. « À l’abri de rien » (L’Olivier) – l’histoire poignante de Marie, mère de famille désœuvrée, qui vient en aide aux sans-papiers – est donc un beau succès et une reconnaissance...