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Actualités - OPINIONS

À propos de l’émission« Esclavage moderne » Les lettres des lecteurs...

À la suite de la diffusion, jeudi dernier 18 octobre par France 2, d’un reportage de la série « Envoyé spécial » consacré aux employées de maison travaillant au Liban, nous avons reçu plusieurs lettres de lecteurs. Certains y ont vu une partialité révoltante ; d’autres une dénonciation justifiée ou encore motif à étonnement : comment ? Cela se passe au Liban ?... Dans les années 80, des journalistes de la Pravda ont photographié la devanture de la boulangerie Poilane devant laquelle il y avait une très longue file d’attente, un dimanche matin, pour montrer que les problèmes d’approvisionnement alimentaire n’étaient pas limités aux pays du bloc communiste... De ce fait je soutiens donc bien évidemment la pétition contre l’émission Envoyé spécial et l’article du Monde sur le Liban. Le concept est aussi débile que le reportage fait par Envoyé spécial (encore eux) il y a deux ans sur des ouvriers du BTP à Dubaï. Sans doute le résultat de stages journalistiques effectués à la Pravda ou du côté de la place du Colonel Fabien. Ces reportages sont fondés sur des raccourcis et des exceptions sordides qu’on présente aux Français pour les rassurer sur le fait qu’il reste encore des gens dans le monde qui sont encore plus malheureux qu’eux.  Il y a des abus similaires partout, y compris en France. Allez donc faire un tour dans le BTP ou dans le Sentier, ou mieux encore chez les stagiaires longue durée des entreprises du CAC 40 où ces derniers gagnent moins que les bonnes philippines au Liban. Mesdames et Messieurs les journalistes d’Envoyé spécial et du Monde, à force de vivre dans un pays gagné par la sinistrose avec la version 2.0 de l’économie de l’URSS, on ne peut que se passionner pour les choses sinistres... Bien à vous (si vous n’êtes pas toutefois en grève ces jours-ci). Hubert BOULOS Le pire c’est qu’on parle dans ce reportage de ce qui se passe avec des jeunes dames employées de maison au Liban. Dans le reportage, apparaît à un moment L’Orient-Le Jour pour mentionner que les médias ont alerté l’opinion publique de la situation de ces employées. Le gouvernement et tous les gouvernements qui ont précédé ont été submergés au fil du temps par la crise économique, politique et dramatique du Liban, et ils n’ont considéré à aucun moment la situation catastrophique de ces esclaves modernes. Tout ce que je souhaite passer à travers ce message, c’est qu’on compte sur vous encore une fois, pour que ce cri d’alarme de ces pauvres filles battues, violées, prises en otages qui cherchent à se suicider (quand elles ont la chance de travailler dans un appartement avec balcon), soit entendu... Pendant la guerre de juillet 2006, les familles qui ont fui les bombes ont malgré tout séquestré leurs employées dans un appartement vide, les abandonnant comme des vieux meubles dont la survie n’est absolument pas prioritaire. A-t-on le droit, nous les Libanais qui avons connu la guerre, qui, depuis des décennies supportons des souffrances imposées par diverses volontés proches ou lointaines, de nous transformer en persécuteurs et de faire subir des souffrances aux autres ? A-t-on le droit de pratiquer un esclavage de ce type ? On s’accroche à l’éducation, à la solidarité et aux quelques valeurs qui nous caractérisent et dont nous nous vantons… Et bien, qu’est-ce qu’il reste de tout cela ? Joumana EL-GHARIB Avez-vous couvert le scandale, que dis-je, les crimes commis à l’égard de ces pauvres femmes d’Éthiopie, des Philippines et d’ailleurs, venues au Liban pour chercher du travail et remerciées par des viols, des crimes et autres brutalités ? L’émission d’Envoyé spécial nous dévoile sur France 2 cette horrible réalité. Né au Liban à l’époque du mandat et vivant aujourd’hui en Belgique, je reste toujours sensible à tout ce qui s’y passe : guerre civile ou guerre tout court, terrorisme et assassinats présents et à venir. Courage, et dévoilez ce scandale, les auteurs se reconnaîtront. C’est vrai, certains diront que ce n’est pas le moment de s’occuper de ça. Et pourtant… Charles PALOUZIE NDLR À la suite des précisions fournies par L’Orient-Le Jour, ce lecteur nous a adressé une réponse dans laquelle il nous annonce qu’il fera en sorte qu’elles parviennent à France 2. Je suis scandalisé par le sujet du reportage. J’ai un frère qui a visité le Liban pendant un mois en 2005 et il en garde un très bon souvenir. Pour ma part, je n’y suis jamais allé, mais j’ai une bonne opinion de ce pays qui a subi et continue à subir tant de souffrances ! Il y a un lien profond entre nos deux pays, et à chaque fois que l’on touche au Liban, cela me fait mal Mais ce que je viens de voir et d’entendre dans cette émission me révolte. C’est à se demander si les Libanais savent ce qu’est la souffrance, le malheur, vu la façon dont certains se comportent avec les domestiques étrangères. Que fait l’État pour mettre fin à cette situation ? Que font les médias pour dénoncer ce fait ? Cette situation arrange tout le monde peut-être, mais elle est intolérable. Le Liban a signé la Charte des droits de l’homme, mais ne l’applique pas à tout le monde. Gérard HUMBERT, Les Matelles, France Les reportages sont une idée certes intéressante et un projet louable, surtout quand ils se rapportent à des sujets humains et universels. Mais un reportage se doit d’être, avant tout, objectif et faire la part des choses. Toutes les domestiques au Liban ne sont pas « vendues » ni maltraitées, Mme Torrès. Elles viennent ici en toute connaissance de cause pour travailler dans des familles, après avoir signé un contrat, et leur salaire est en général conforme aux clauses de ce contrat. Il y a peut-être des situations proches de celles évoquées dans votre reportage, mais ce ne sont que des cas isolés et il est inadmissible de les généraliser comme vous l’avez fait. Vous avez choisi de pointer du doigt des Libanais qui ne s’expriment pas couramment en français et des domestiques qui ne disent peut-être qu’une part de la vérité. Leur passeport n’est pas «confisqué» mais mis en lieu sûr. Ces femmes ne sont pas « interdites » de sortie ni « emprisonnées », mais ont besoin d’un temps d’adaptation avant de pouvoir circuler dans un pays qu’elles ne connaissent pas encore. Quant à les priver de nourriture, le droit le plus élémentaire, cela paraît incroyable chez un peuple connu pour son hospitalité et sa générosité. Beaucoup de domestiques sont établies au Liban depuis des années, 15 ou 20 pour certaines. Ici, beaucoup de personnes les respectent, prennent soin d’elles quand elles sont malades et leur assurent bien plus que leurs droits. Au Liban, Madame, beaucoup d’enfants apprennent, et dès leur plus jeune âge, à ne pas prononcer le mot « bonne » et cassent spontanément leur tirelire pour leur offrir un cadeau de Noël. Parlez-nous plutôt des sans-abri en France que les passants frôlent chaque jour sans même les voir. Souvenez-vous des milliers de personnes âgées retrouvées mortes dans leur appartement au moment de la canicule. Pour certaines, la famille n’a même pas réclamé le corps. Ce ne serait pas très juste, n’est-ce pas, de qualifier la France de pays des « sans-abri » ou de « la vieillesse assassinée ». Heureusement que d’autres journalistes ont véhiculé une image du Liban plus conforme à la réalité et parlé de ceux qui font connaître notre pays dans les domaines de l’écriture, du journalisme, de la gastronomie, de la médecine, de la mode, de la musique et même des droits de l’homme. Vous avez une belle façon de célébrer l’amitié « inconditionnelle » franco-libanaise, à un moment où le Liban a grand besoin de ses vrais amis. Danièle HENOUD
À la suite de la diffusion, jeudi dernier 18 octobre par France 2, d’un reportage de la série « Envoyé spécial » consacré aux employées de maison travaillant au Liban, nous avons reçu plusieurs lettres de lecteurs. Certains y ont vu une partialité révoltante ; d’autres une dénonciation justifiée ou encore motif à étonnement : comment ? Cela se passe au...