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Affaire Kébé : un point retiré à Bastia qui pourrait faire jurisprudence

En retirant un point à Bastia dans le cadre de l’affaire Kébé, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel a sanctionné le club pour des insultes de ses supporteurs, mais a surtout créé un précédent qui devrait faire date en France et peut-être dans le monde dans la lutte contre le racisme dans le sport. « C’est la première fois qu’une sanction de retrait de point est prononcée à l’encontre d’un club pour comportement raciste de supporteurs dans le football professionnel français », avance la LFP qui « considère qu’il est du devoir des autorités du football de mettre un terme à toute forme de comportement discriminatoire et de dérives racistes dont la recrudescence risquerait de dégrader sérieusement l’atmosphère de nos terrains ». La Ligue précise que c’est aussi « la première fois que les nouvelles dispositions des règlements généraux de la FFF (Fédération française), qui intègrent les recommandations de la FIFA (Fédération internationale) en matière de lutte contre le racisme, sont mises en application dans le football professionnel ». Boubacar Kébé, attaquant burkinabé de Libourne/Saint-Seurin, avait été exclu à la 85e minute de Libourne-Bastia (2-4) le 14 septembre pour un bras d’honneur à l’attention de supporteurs corses. Le joueur avait justifié son geste en expliquant avoir été victime d’insultes racistes de la part du public insulaire. Bastia a décidé de faire appel de la décision. « Nous sommes étonnés du fait qu’on ait pu sanctionner ainsi le club, alors que l’enquête préliminaire (ouverte par le parquet de Libourne, NDLR) n’est pas terminée. Ce qui est détestable, c’est que l’on fasse de Bastia un club raciste alors que l’on ne sait même pas si ces supporteurs étaient bastiais », a déclaré à l’AFP Me Dominique Mattei, avocat du club. Le président de Libourne/Saint-Seurin (L2) Bernard Laydis n’est pas plus satisfait : « C’est une décision que je ne comprends pas et qui me déçoit beaucoup. Dans la mesure où les injures ont réellement été proférées et c’est le cas, il était important de tenir compte que le résultat du match avait été faussé » (le score était de 2 à 2 avant l’exclusion de Kébé). Si les clubs restent mécontents, la décision n’en est pas moins historique. Consciente de ce fait, la commission de discipline a pris soin d’effectuer une instruction exceptionnelle du dossier, une audience avec plusieurs intervenants jeudi et une décision en délibéré s’appuyant sur des textes provenant de la FIFA mais qui n’ont jamais été réellement appliqués. Si les règlements des instances du football français prévoient en effet la responsabilité des clubs visiteurs avec des sanctions allant de matches à huis clos à des retraits de points en vertu d’une circulaire du 28 mars 2006 de la FIFA, le tribunal administratif de Paris avait, dans un arrêt du 16 mars, jugé « inconstitutionnel » ce point de règlement. La FFF avait fait appel de cette décision et attendait l’avis du Conseil d’État avant, éventuellement, de modifier ses textes. Hasard du calendrier ou influence sur la commission du président de la Ligue Frédéric Thiriez, ancien avocat auprès du Conseil d’État ? Un membre de la Ligue affirme que la commission présidée par Jacques Riolacci « prend ses décisions de manière tout à fait indépendante ». En tout cas, le Conseil d’État examinait lundi après-midi l’arrêt du tribunal administratif qui concerne notamment les textes dont s’est servie la commission dans l’affaire Kébé. Le Conseil d’État ne rendra son avis que dans quinze jours à trois semaines mais la commissaire du gouvernement Emmanuelle Prada-Bordenave a justement donné des conclusions qui vont dans le sens de la Fédération française et de la commission de discipline de la LFP. « Les clubs sont chargés de surveiller leurs supporteurs, donc ce n’est pas en contradiction avec le fait que les clubs soient pénalement responsables de leurs supporteurs », a-t-elle affirmé en soirée à l’AFP. « On peut le comparer à une bagarre entre deux élèves majeurs dans une classe, a-t-elle expliqué. Les deux élèves sont responsables, mais le professeur l’est aussi parce qu’il doit faire en sorte d’éviter la bagarre. » Les dirigeants bastiais auraient donc dû éviter que les supporteurs crient des insultes racistes. À l’avenir, tous les clubs devront aussi l’éviter s’ils ne veulent pas perdre des points. En L2, en L1, et peut-être un jour en Ligue des champions ou en Coupe du monde.
En retirant un point à Bastia dans le cadre de l’affaire Kébé, la commission de discipline de la Ligue de football professionnel a sanctionné le club pour des insultes de ses supporteurs, mais a surtout créé un précédent qui devrait faire date en France et peut-être dans le monde dans la lutte contre le racisme dans le sport. « C’est la première fois qu’une sanction de...