Rechercher
Rechercher

Actualités

Société - Un projet de réinsertion des jeunes à problèmes au Danemark Quand la chance sourit de nouveau aux ex-délinquants

Adnan Chini, un Danois d’origine palestinienne de 22 ans, est un homme « heureux ». En dépit d’un lourd casier judiciaire, il a trouvé un emploi dans l’une des entreprises modèle du Danemark, qui lui a donné une nouvelle chance en faisant table rase de son passé. Devant son poste de travail à Micro Matic, usine spécialisée dans les distributeurs de bière pression, installée dans une oasis de verdure à Odense, berceau du conteur Andersen, Adnan, grand gaillard au regard tranquille, dit sa « reconnaissance qu’on m’ait tendu cette perche à temps ». Enfant d’un quartier difficile d’immigrés à Odense, il a été condamné 7 fois pour violences. « Micro Matic m’a donné la chance de m’en sortir, faisant une croix sur mon passé criminel et de toxicomane, m’offrant même un traitement à la méthadone. Je lui dois tout », affirme-t-il. En pointe dans la réhabilitation sociale, Micro Matic est l’une des 200 sociétés du royaume qui ont accepté d’ouvrir leurs portes à un certain nombre de jeunes délinquants. Ces sociétés participent à un projet de réinsertion des jeunes à problèmes : « High : five - Des emplois aux jeunes au bord de la route », un réseau national lancé en août 2006 par des dirigeants d’entreprise et destiné à trouver des emplois ou stages aux 15-25 ans qui risquent d’être marginalisés en raison de leurs antécédents judiciaires. « Certes, il n’est jamais facile d’intégrer des jeunes qui ont fait de la prison au marché du travail. Et la plupart des patrons exigent encore un casier judiciaire vierge lors de l’embauche », reconnaît Ole Hessel, chef de ce projet. Mais avec le manque de main- d’œuvre et une plus grande responsabilité sociale, de plus en plus d’entreprises, constate-t-il, « se montrent plus tolérantes envers les jeunes ayant eu maille avec la justice ». Coopérant avec l’administration pénitentiaire, Ole et ses consultants parlent avec les jeunes sortis de prison pour savoir s’ils sont vraiment disposés à travailler. « Mais nous exigeons avant tout qu’ils soient revenus sur le droit chemin, qu’ils ne touchent pas à la drogue ou qu’ils soient en traitement de désintoxication », explique-t-il. En un an, ce projet, financé par le ministère de l’Emploi, « a permis de trouver du travail ou une formation à 175 jeunes moitié danois et moitié d’origine immigrée, dont 65 % sont restés dans l’entreprise qui a accepté de les accueillir ». Se félicitant de ce « succès prometteur », il espère attirer « un plus grand nombre d’entreprises à l’avenir », tout en reconnaissant que « les préjugés ont la peau dure ». Micro Matic a engagé en un an 4 jeunes, dont 3 sont demeurés dans l’entreprise, comme Adnan, « devenu un modèle de réinsertion ». « Ce qu’a fait Adnan par le passé ne doit pas être un boulet qu’il doit traîner toute sa vie, ni hypothéquer son avenir. C’est pourquoi je n’ai jamais demandé de casier judiciaire à mes demandeurs d’emploi », assure Kenneth Toftdal, 44 ans, son directeur. Son usine, connue pour sa politique de responsabilité sociale, a été élue en 2007 « l’entreprise de l’année ». Pour son patron, « le plus important, c’est de faire confiance à ces jeunes des quartiers difficiles, leur donner une chance de retrouver un sens à leur vie, et vous en ferez les meilleurs employés, les plus loyaux aussi ». Le délégué syndical Mogens Madsen est convaincu, du « bon choix » de l’entreprise, auxquels « se sont ralliés les autres employés, concertés au préalable, qui n’éprouvent aucune gêne à côtoyer d’anciens délinquants ». Et le Danemark, avec de moins en moins d’actifs et où le taux de chômage (3,3 %) est le plus bas depuis plus de 30 ans, « n’a pas les moyens de laisser sur le bas-côté ses marginaux ». « Tout le monde y gagne », remarque M. Toftdal, rappelant que Adnan gagne un salaire (250 000 couronnes par an, plus de 33 000 euros) et paie des impôts alors que l’année dernière, il avait coûté quelque 700 000 couronnes à la société, selon l’administration pénitentiaire.
Adnan Chini, un Danois d’origine palestinienne de 22 ans, est un homme « heureux ». En dépit d’un lourd casier judiciaire, il a trouvé un emploi dans l’une des entreprises modèle du Danemark, qui lui a donné une nouvelle chance en faisant table rase de son passé.

Devant son poste de travail à Micro Matic, usine spécialisée dans les distributeurs de bière pression,...