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Actualités

La guerre contre la censure

Sur les planches du Théâtre de la Cité internationale depuis lundi soir, en création française, Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril où Rabih Mroué revient sur la guerre au Liban, thème qui, rappelons-le, avait suscité une mesure de censure finalement levée. Le spectacle est à l’affiche jusqu’à dimanche, dans le cadre du 36e Festival d’automne de Paris, qui a accueilli fin septembre une autre proposition de cet auteur, metteur en scène et comédien de 40 ans, Qui a peur de la représentation ? (2005). Cette performance en forme de réflexion sur un sujet sensible – le rôle de l’artiste dans un pays en guerre – avait été retoquée par la censure. Avec Comme Nancy... (How Nancy Wished that Everything Was an April Fool’s Joke), créée en mars dernier à Tokyo, la Sûreté générale est allée plus loin en interdisant dans un premier temps que la pièce soit représentée au pays du Cèdre. Sous la pression de médias et après intervention du ministère libanais de la Culture, les censeurs ont finalement reculé et une représentation a été donnée fin août à Beyrouth. Comme Nancy..., dont le texte a été coécrit par Rabih Mroué et le sociologue libanais Fadi Toufic, évoque l’histoire du Liban, du déclenchement de la guerre civile en 1975 à aujourd’hui, sans action mais par les récits de quatre miliciens de diverses factions nationalistes, propalestiniennes, prosyriennes, chrétiennes, chiites. D’emblée, le dispositif scénique invite le spectateur à relativiser ces témoignages de combattants – trois hommes dont Rabih Mroué et une femme, son épouse Lina Saneh – serrés dans un canapé où chacun cherche la bonne position : à l’image d’un pays à l’étroit, pris en étau entre ses entreprenants voisins ? Au-dessus de leurs têtes défile une collection d’affiches de propagande colorée et luxuriante, sur lesquelles sont incrustés les visages des comédiens à la façon de « martyrs ». Avec impertinence, Rabih Mroué pimente son passionnant théâtre documentaire de fiction voire de science-fiction, avec ces personnages qui meurent et renaissent – symbole d’une guerre qui n’en finit pas – et se rallient aujourd’hui à leurs ennemis d’hier. L’auteur n’épargne personne et livre un raccourci saisissant et souvent drôle de la tragédie d’un pays où, comme le résume l’un de ses personnages, « toutes les batailles se menaient par erreur ». Le spectacle sera donné les 20 et 21 octobre à la Ferme du buisson, scène nationale de Marne-la-Vallée à Noisiel (Seine-et-Marne), dans le cadre du festival Temps d’image. Rabih Mroué, dont la carrière internationale est en plein développement, proposera aussi des représentations de Comme Nancy... en tournée à Rome, Tunis, Rabat et Le Caire. Benoît FAUCHET (AFP)
Sur les planches du Théâtre de la Cité internationale depuis lundi soir, en création française, Comme Nancy aurait souhaité que tout ceci ne fût qu’un poisson d’avril où Rabih Mroué revient sur la guerre au Liban, thème qui, rappelons-le, avait suscité une mesure de censure finalement levée.
Le spectacle est à l’affiche jusqu’à dimanche, dans le cadre du 36e...