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ENVIRONNEMENT - Une campagne de sensibilisation qui porte ses fruits Au Sénégal, protéger les tortues marines plutôt que les manger

Au Sénégal, la tortue marine appréciée pour sa chair et même pour ses prétendues vertus aphrodisiaques est menacée d’extinction. Mais une campagne de sensibilisation des populations commence à porter ses fruits. Sur la plage de Joal-Fadiouth (à une centaine de kilomètres au sud de Dakar), plusieurs panneaux en bois se dressent au-dessus de petits enclos grillagés à quelques mètres du rivage : « Nid de tortues vertes, interdit de toucher. » « On se lève à 06h00 pour suivre les traces des tortues jusqu’au lieu de ponte. Et on met ensuite un grillage de protection », explique à l’AFP le conservateur de l’aire marine protégée, Amar Fall. Cette aire, créée en 2004, couvre une superficie de 174 km2. Depuis la mi-août, sept nids ont été identifiés sur cette plage et deux autres dans la localité voisine de Ngazobil. « On vérifie chaque jour que les nids n’ont pas été pillés mais, pour l’instant, tous ont été préservés », se félicite le conservateur. Dans quelques jours, les premières éclosions débuteront. Le grillage des enclos sera alors légèrement soulevé pour permettre aux bébés tortues de rejoindre l’océan. En 2006, le Fonds mondial pour la nature (WWF) a lancé une campagne de sensibilisation des populations dans la région de Joal-Fadiouth, région où les villageois étaient de gros consommateurs de tortues marines. En un an, « les études montrent que la consommation a diminué de 60 % au niveau de Joal-Fadiouth, souligne Mamadou Diallo, responsable du programme des espèces au bureau régional du WWF. Avant, les pêcheurs pouvaient ramener jusqu’à 50 à 60 tortues par jour. Les tortues étaient menacées d’extinction. Et si un maillon disparaît, c’est tout l’écosystème qui est déséquilibré. » Chaque tortue se vendait entre 2 000 et 3 000 francs CFA (entre 3 et 4,5 euros). Et sa chair était particulièrement appréciée. Le kilo de viande de tortue, environ 300 francs CFA (moins de 0,5 euro) le kilo, était en effet dix fois moins cher que le kilo de viande de bœuf. Le WWF a donc octroyé des prêts pour développer des activités alternatives, notamment dans le secteur touristique ou du petit commerce, et tenter de changer les habitudes alimentaires de populations souvent pauvres, frappées de plein fouet par la crise de la pêche. Des anciens vendeurs de tortues regroupés en association ont ainsi bénéficié ces derniers mois d’une aide de 3,4 millions de francs CFA (5 180 euros) pour acheter deux pirogues. « Les tortues vivantes sont plus rentables que les tortues mortes », assure Abdou Karim Sall, chef des pêcheurs de Joal et président du comité de gestion de l’aire marine protégée. « Si je tue une tortue et que je la mange avec ma femme, en un jour, c’est fini. Mais si les tortues sont vivantes, les touristes viennent les voir pendant 10 ans », poursuit-il, en anticipant sur des retombées financières de ce genre de visites. Mais la bataille contre les « mangeurs de tortues » n’est pas encore gagnée. À quelques centaines de mètres des enclos de protection, Ousmane, un jeune pêcheur, est assis sur un banc en face de plusieurs pirogues multicolores : « Je pêche les tortues et ensuite je les vends à Fadiouth. » Mais ne sait-il pas que c’est interdit ? Grand éclat de rire. « Je le sais, mais je vole. Il y a des mois où il n’y a pas de poissons. Alors, on pêche des tortues pour avoir de l’argent. »
Au Sénégal, la tortue marine appréciée pour sa chair et même pour ses prétendues vertus aphrodisiaques est menacée d’extinction. Mais une campagne de sensibilisation des populations commence à porter ses fruits.
Sur la plage de Joal-Fadiouth (à une centaine de kilomètres au sud de Dakar), plusieurs panneaux en bois se dressent au-dessus de petits enclos grillagés à...