Le papa de Youssef et mon mari ont grandi ensemble, se sont perdus de vue, se sont retrouvés. Ce jour-là, Youssef s’est présenté à nous deux fois, changeant de chemise, prétendant être lui-même puis...
Actualités - OPINION
Merci Youssef Carla YARED
le 08 octobre 2007 à 00h00
La culture de la mort dans ce pays nous pousse trop souvent à ne tresser des lauriers qu’aux morts. Aujourd’hui, je veux remercier un vivant, un survivant de Nahr el-Bared, un héros.
Le papa de Youssef et mon mari ont grandi ensemble, se sont perdus de vue, se sont retrouvés. Ce jour-là, Youssef s’est présenté à nous deux fois, changeant de chemise, prétendant être lui-même puis son frère alternativement. Jeune adolescent facétieux, il éprouvait un bonheur incessant à se moquer gentiment des adultes.
À l’âge où les enfants de nos autres amis cherchaient désespérément les pistons leur permettant de se dispenser de service militaire, Youssef a rejoint l’armée, pensant que le salut du Liban ne pouvait venir que de l’intérieur. Forte tête, il en a donné du fil à retordre à ses instructeurs.
Je l’ai revu sur une route du Jurd de Tannourine, quand, perdue, je me suis arrêtée devant un rassemblement de jeunes militaires en exercice pour leur demander mon chemin. Le jeune homme, qui n’avait rien perdu de sa joie de vivre, modernisait l’image de l’armée à mes yeux.
Je n’ai pas pensé à lui durant la bataille de Nahr el-Bared. Ce n’est que depuis quelques jours que j’ai demandé à son père de ses nouvelles. Le regard de notre ami s’est noyé pour raconter l’enfer duquel sortait son fils.
Tout d’un coup, je réalise que les militaires ne sont pas des êtres abstraits, mais des cœurs, des chairs qui souffrent, des fils qui brisent l’endurance de leurs mères. Je réalise que cet officier (quatre fois blessé, quatre fois soigné)qui s’élance, drapeau à la main pour donner du cœur au ventre à ses troupes, pour combattre des terroristes venus semer la misère, cet officier c’est le fils de mes amis, c’est Achille qui se bat courageusement pour que l’honneur du Liban reste sauf.
La culture de la mort dans ce pays nous pousse trop souvent à ne tresser des lauriers qu’aux morts. Aujourd’hui, je veux remercier un vivant, un survivant de Nahr el-Bared, un héros.
Le papa de Youssef et mon mari ont grandi ensemble, se sont perdus de vue, se sont retrouvés. Ce jour-là, Youssef s’est présenté à nous deux fois, changeant de chemise, prétendant être lui-même puis...
Le papa de Youssef et mon mari ont grandi ensemble, se sont perdus de vue, se sont retrouvés. Ce jour-là, Youssef s’est présenté à nous deux fois, changeant de chemise, prétendant être lui-même puis...
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