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Actualités - CHRONOLOGIE

MOMENTS INSOLITES - Ils ont passé une semaine au Liban dans le cadre de leur tour du monde à vélo « Aïeuls d’ailleurs », un duo de jeunes à la rencontre des anciens Carla HENOUD

Dans un monde qui devient insensé tant il est violent, où les guerres se font et se défont au quotidien, où les personnes âgées, de plus en plus nombreuses, meurent, seules, d’avoir eu trop chaud, Florine Estève, 25 ans, et Alexis Guérin, 27 ans depuis deux jours, ressemblent à des fleurs dans un champ de mines. Leur projet, un tour du monde à vélo – qui part à la rencontre de cultures, de civilisations, de paysages et de personnes âgées –, a été lancé en juin dernier. Au Liban pour quelques jours, ils ont rangé leurs vélos et pris le temps de découvrir un pays « surprenant de contradictions et tellement européen ». Ils pédalent, ils pédalent depuis presque quatre mois. Sur un air de Montand, ils ont déjà traversé « à bicyclette », et le sourire aux lèvres, la France, l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie et la Syrie. Arrivés au Liban le lendemain de l’odieux attentat perpétré contre Antoine Ghanem, Florine et Alexis poursuivent, envers et contre tout, un itinéraire rêvé, fixé et finalisé depuis un an. Le visage teinté par un soleil amical, les jambes musclées par tous ces kilomètres accumulés, mais le cœur plein de vécu et impatient de vivre la suite, ils ont été reçus par Maha Abou Chawareb, directrice du Foyer Saint-Georges, où ils ont été logés pour ces huit jours de « rencontres ». Car c’est surtout de rencontres qu’il s’agit... Ainsi, fêteront-ils, dans ce lieu idéal pour leur cause, la Journée internationale des personnes âgées, qui sont « un puit de savoir et une mémoire vivante »... Un fil conducteur « Nous ne sommes pas du tout des passionnés de vélo », affirment en chœur Florine Estève, psychologue du travail et consultante en ressources humaines, et Alexis Guérin, ingénieur en informatique. Pourtant, c’est en vélo qu’ils ont décidé de mener leur rêve à bon port. Avec, au programme, 24 pays, 4 continents et 24 000 km. « À vélo, poursuivent-ils, nous avançons suffisamment lentement pour apprécier le paysage, découvrir les régions, attirer l’attention des gens et créer des liens. Et puis en cas de panne, il est réparable quel que soit le pays où nous nous trouvons. » Pour réaliser ce périple d’un an, il fallait au jeune couple un fil conducteur et surtout un financement. « Nous voulions un sujet “photographique” et d’actualité. Les enfants, l’écologie, l’environnement ont toujours été les thèmes de prédilection des « tourmondistes ». Nous nous sommes rendu compte que les personnes âgées constituaient un sujet intéressant, surtout depuis la canicule mortelle de 2003. De plus, ce sujet n’a pas encore été trop exploité. » Munis de leur motivation et forts de leur enthousiasme, ils ont passé une année à trouver les financements nécessaires auprès d’associations et de sponsors. Leurs besoins, pour l’ensemble du voyage, incluant matériel de cycle, de voyage, équipement multimédia, tirages photos, visas, transports avion, vaccins, ont été évalués à exactement 29 708 euros, avec seulement huit euros par jour et par personne pour la nourriture et l’hébergement. « Ces conditions “limites” font partie du plaisir du voyage. » À chaque arrêt, ils déploient leur tente ou, encore mieux, sont accueillis par un habitant étonné de découvrir ces drôles d’étrangers. Si en Europe les choses se sont passées « plutôt normalement », c’est à partir de la Roumanie qu’ils vont découvrir une hospitalité nouvelle et un vrai dépaysement. Le Liban Leur semaine parmi nous a été l’occasion de se détendre, repos bien mérité pour les deux aventuriers, après plus de 150 km par jour de vélo. Et celle de visiter différents foyers pour personnes âgées, dont celui de Bickfaya, Dar al-Ajaza al-islamiya et les retraités de l’État. Le reste du temps, ils se sont baladés, à pied cette fois-ci, dans les ruelles de la capitale et jusqu’au centre-ville et ont visité Byblos. Leur site Internet, www.aieulsdailleurs.org regroupe photos, impressions et correspondances de nos deux globe-trotters. Il met aussi à la disposition d’enfants malades, hospitalisés dans différents établissements de France, des nouvelles spécialement adaptées pour eux. « Un moyen de les sortir de leur isolement », soulignent-ils. Samedi, Florine et Alexis, rechargés et prêts à l’attaque, ont embarqué sur un vol pour New-Dehli, une étape qu’ils craignent un peu, et qui doit les mener à vélo jusqu’au Népal. Puis retour à Calcutta, et suite du périple avec des arrêts en Birmanie, Thaïlande, au Laos, au Vietnam, au Cambodge, en Thaïlande, au Pérou, en Bolivie, au Brésil, au Sénégal, en Mauritanie, au Maroc et en Espagne. Avant le grand retour en France prévu mi-août 2008. « Seul on va vite, mais à deux on va plus loin », concluent-ils en empruntant à ce proverbe arabe tout son enthousiasme et sa fraîcheur. Et en éclaboussant notre triste quotidien, au passage, d’un peu de légèreté.
Dans un monde qui devient insensé tant il est violent, où les guerres se font et se défont au quotidien, où les personnes âgées, de plus en plus nombreuses, meurent, seules, d’avoir eu trop chaud, Florine Estève, 25 ans, et Alexis Guérin, 27 ans depuis deux jours, ressemblent à des fleurs dans un champ de mines. Leur projet, un tour du monde à vélo – qui part à la...