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Elles sont nombreuses à frapper à la porte des gynécologues pour retrouver une « innocence » perdue Une pratique observée chez toutes les communautés et classes sociales

Ceux et celles qui d’entre vous qui ont vu Caramel se rappellent sûrement Nisrine, alias Julie Pompidou, la jeune fille qui s’est refait une virginité, la veille de son mariage. Les faits ne relèvent pas du sensationnel ni ne découlent de l’imagination de la scénariste. Ils reflètent plutôt une réalité à laquelle sont confrontées de nombreuses jeunes filles de la société libanaise. L’hyménoplastie devient une solution à la mentalité traditionnelle, qui persiste à mesurer la valeur de la femme, voire l’honneur de toute la famille, à la tache de sang élevée au rang de « griffe » de la nuit de noces. « Pour conserver la tradition, ces jeunes femmes tiennent à maculer de sang le drap nuptial, explique Nicolas Baaklini, gynécologue-obstétricien. D’ailleurs, c’est l’unique but de l’hyménoplastie, parce qu’aucun homme ne peut savoir si un hymen est “intact”. Seuls les gynécologues ayant reçu une formation peuvent le certifier. » Pratique « assez fréquente au Liban », l’hyménoplastie est observée au sein des différentes communautés et classes sociales. « Ce sont souvent des femmes éduquées ayant vécu à l’étranger et qu’on n’aurait jamais pensé voir passer par cette expérience », remarque-t-il. Avocates, institutrices, secrétaires, infirmières, directrices de sociétés… elles sont en fait nombreuses à taper à la porte des gynécologues à la recherche d’une pureté évanouie. Les raisons qu’elles invoquent ? « Nous ne posons pas de questions, mais les patientes ont souvent tendance à se justifier, répond un gynécologue sous couvert d’anonymat. Certaines parlent d’un fiancé qui les a abandonnées. Il s’agit d’ailleurs de l’excuse standard. D’autres déplorent un abus de leur crédulité. Des femmes se plaignent aussi de la mentalité conservatrice de leur futur époux. Certains cas sont toutefois plus compliqués, notamment lorsqu’il s’agit d’inceste. Dans ces cas, la maman, qui accompagne souvent sa fille, raconte que celle-ci a perdu sa virginité en faisant de l’équitation, du vélo ou d’autres activités physiques. Ce qui est absurde sur le plan scientifique, parce que l’hymen n’est pas superficiel et par conséquent ne peut être rompu que par quelque chose de pénétrant. » Entre 300 et 1 000 dollars Acte chirurgical nécessitant une intervention de 15 à 60 minutes « selon les cas », l’hyménoplastie est pratiquée sous anesthésie locale, exceptionnellement sous anesthésie générale. Elle coûte entre 300 et 1 000 dollars, selon les chirurgiens. Ces derniers distinguent deux types d’hyménoplastie. La première consiste à reconstruire l’hymen, ce qui permet à la jeune femme de retrouver une « virginité durable ». Cette technique est pratiquée deux mois avant le mariage, voire une année ou plus si la femme est sûre qu’elle ne veut plus avoir de rapports sexuels avant le jour J. La deuxième technique consiste à recoudre l’hymen quelques jours avant le mariage. La nuit de noces, les points de suture vont se déchirer donnant ainsi l’impression d’une défloration. Cette intervention est toutefois limitée dans le temps et nécessite un certain savoir-faire pour « bien dissimuler » les points de suture afin qu’ils ne soient pas « découverts » par le conjoint. « Il faut savoir que 90 % des jeunes filles verront du sang lors de leur premier rapport sexuel, souligne le Dr Baaklini. Mais 10 % ne verront jamais du sang parce que soit l’hymen est élastique, soit qu’il a été rompu à un endroit non vascularisé. Lors d’une hyménoplastie, on fait de sorte qu’il y ait une déchirure vasculaire lors du premier rapport sexuel. Malgré cela, 5 % des femmes ne verront pas non plus du sang. » La majorité des jeunes filles qui ont recours à cette pratique ont entre 20 et 30 ans. Néanmoins, les gynécologues ont reçu des patientes « âgées de plus de 40 ans ». « Les femmes viennent généralement seules, constate un gynécologue ayant requis l’anonymat. Rares sont celles qui sont accompagnées d’une amie. Dans certains cas rarissimes, la jeune fille est accompagnée de son copain. Comme si ce dernier venait réparer sa faute. » L’hyménoplastie n’est pas « condamnée par la loi, contrairement à d’autres types d’interventions comme l’avortement ou la castration dans le cas des transsexuels, qui est considérée comme une mutilation », selon un spécialiste. « À l’instar de la chirurgie plastique, le seul interdit demeure l’âge de la patiente, qui doit être majeure », note-t-il.
Ceux et celles qui d’entre vous qui ont vu Caramel se rappellent sûrement Nisrine, alias Julie Pompidou, la jeune fille qui s’est refait une virginité, la veille de son mariage. Les faits ne relèvent pas du sensationnel ni ne découlent de l’imagination de la scénariste. Ils reflètent plutôt une réalité à laquelle sont confrontées de nombreuses jeunes filles de la...