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Prisonnières de leur éducation, elles affrontent le tabou à leur façon

Elles se connaissent depuis leur tendre enfance, lorsqu’elles se sont rencontrées dans cette école pour filles qu’elles ont continué à fréquenter jusqu’en terminale. Hala, Sana et Amal ont ainsi grandi isolées du monde des hommes. Les seuls qu’elles côtoyaient étaient leur père et leurs frères. « Vous pouvez imaginer l’ambiance dans laquelle nous avons grandi et le genre d’éducation que nous avons reçue », déplore Hala. Une éducation à l’origine de plusieurs frustrations et de désirs contenus que les trois jeunes filles ont fini par exprimer et vivre, chacune à sa façon et selon ses convictions. C’est ainsi qu’à 17 ans, Sana a commencé à braver les interdits. Musulmane chiite, ses parents l’ont obligée à porter le voile. « Je ne suis pas pratiquante, proteste-t-elle. Je ne prie pas, je ne jeûne pas, je fume et bois de l’alcool. D’ailleurs, dès que je quitte la maison, et Dieu sait les mensonges que j’invente pour le faire, j’enlève mon voile. » Ne pouvant plus supporter tout ce qu’elle endure, Sana a ainsi décidé de vivre sa sexualité. « Je me foutais de ma virginité », souligne-t-elle. Peu avant qu’elle ne termine ses études secondaires et avant de rejoindre l’université, ses parents pensaient à la marier. « Je me suis sentie en danger et j’ai eu peur, confie-t-elle. J’ai finalement décidé de faire une hyménoplastie. » À 22 ans, Sana est toujours célibataire et continue à vivre sa vie sociale et sexuelle comme elle l’entend. Rien n’a changé. « Je continue à mentir pour pouvoir sortir, j’enlève mon voile dès que je quitte la maison, je fume, je bois, et je vis ma vie sexuelle en veillant toutefois à préserver ma nouvelle virginité. » Amal est elle aussi chiite. Sa famille est croyante sans pour autant être trop conservatrice. « Je mène une vie familiale plutôt calme, remarque-t-elle. Mais je ne bois ni ne fume devant mes parents. J’attends de sortir avec mon frère pour le faire. » Amal a toujours voulu préserver sa virginité pour le jour J. « Ce qui ne m’a pas toutefois empêchée de flirter… tout en faisant attention, confie-t-elle. Mais un jour, nous avons poussé loin dans notre relation et j’ai eu peur, en constatant que j’avais beaucoup saigné. » Convaincue qu’elle a perdu sa virginité, Amal refuse toutefois de consulter un gynécologue pour s’en assurer. « La réponse m’effraie, reconnaît-elle. J’irai certainement… le moment venu. » Hala est la plus libérée des trois. À 21 ans, elle sait ce qu’elle veut et « assume » tous ses comportements. « J’ai toujours voulu perdre ma virginité dès l’âge de 17 ans, assure-t-elle. Mais je n’ai eu mon premier rapport qu’à 18 ans. De même, j’ai refusé et je refuse toujours d’avoir recours à une hyménoplastie, parce que j’ai toujours été certaine que l’homme dont je tomberai amoureuse me ressemblera. »
Elles se connaissent depuis leur tendre enfance, lorsqu’elles se sont rencontrées dans cette école pour filles qu’elles ont continué à fréquenter jusqu’en terminale. Hala, Sana et Amal ont ainsi grandi isolées du monde des hommes. Les seuls qu’elles côtoyaient étaient leur père et leurs frères. « Vous pouvez imaginer l’ambiance dans laquelle nous avons grandi et...