SOCIÉTÉ - L’engouement pour la virginité persiste dans les sociétés traditionnelles Hyménoplastie : l’ultime recours pour « se caser » Nada MERHI

– « Comment donc as-tu pu saigner ? (…) » – « C’était pour toi ! (…) Je suis allée voir un médecin. (…) Je lui demandai de me faire cette opération, rapidement. C’est de là qu’est venu le sang dont tu parles. Pour toi ! » Cet extrait de l’ouvrage « Qu’elle aille au diable, Meryl Streep ! » de Rachid el-Daïf, qui contient un échange entre un couple de nouveaux mariés libanais, ne reflète que trop bien une mentalité traditionnelle encore attachée à des coutumes désuètes malgré des aspects de modernité et de frivolité, au point de préférer le « mensonge » et « l’illusion de la virginité » à des relations fondées sur la franchise. En effet, malgré tous les discours prônant le droit et la liberté de l’homme, le tabou de la virginité continue de peser sur notre société, interdisant ainsi à la femme le droit de disposer de son propre corps. Cette dernière, craignant en fait de perdre « un bon parti », les hommes étant une denrée rare au Liban, a souvent recours à une multitude de stratagèmes pour feindre la virginité, allant de l’hyménoplastie au morceau de foie de bœuf, qui « donne l’impression d’un hymen rompu », en passant par des mélanges préparés par les pharmaciens. Une schizophrénie sociale, diriez-vous, ou encore une politique de l’autruche dans laquelle toutes les parties sont complices : les femmes qui refusent d’assumer leur sexualité, les hommes qui insistent à se poser en « premier conquérant du corps de leur compagne », les familles et les communautés qui « fétichisent » l’hymen qui « devient représentatif de l’honneur de toute une famille ». Qui est responsable de la persistance de cette pratique ? Que signifie la virginité pour les jeunes hommes d’aujourd’hui ? Comment les femmes vivent-elles leur sexualité ? « L’Orient-Le Jour » a mené l’enquête.