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EXPOSITION - « Furussiya », à l’Institut du monde arabe de Paris jusqu’au 21 octobre Quand les guerriers de l’islam étaient des chevaliers

En plein mois de ramadan, une exposition sur l’art de la guerre de l’islam, à Paris, vient rappeler que cette religion s’est propagée dans l’esprit de la chevalerie, loin de celui qui anime aujourd’hui les groupes jihadistes à travers le monde musulman. « On voulait montrer que les confrontations se faisaient dans l’esprit de la chevalerie et le respect de l’adversaire, non dans celui actuel du terrorisme », explique Éric Delpont, l’un des commissaires de l’exposition « Furussiya », présentée à l’Institut du monde arabe (IMA) jusqu’au 21 octobre. Venues d’Inde, de l’ancienne Perse et de tous les horizons de l’islam, couvrant dix siècles de production – du VIIIe au XVIIIe –, quatre cents pièces, qui constituent une collection unique et appartiennent à un proche de la famille royale saoudienne, sont montrées pour la première fois. Pour M. Delpont, les visiteurs « ne retiennent pas l’aspect belliqueux » des pièces présentées mais leur « aspect artistique », car « le public occidental garde un respect pour la période médiévale et l’esprit de la chevalerie ». Épées, sabres, boucliers, poignards, brassards, cottes de mailles, casques, bagues d’archers, parures de chevaux : les pièces qui sont présentées sont autant d’objets d’art. Certaines armes ressemblent à des bijoux. Les bagues d’archers, que ceux-ci portaient au pouce pour ne pas s’entailler le doigt lorqu’ils bandaient leur arc, sont en or, émeraude ou rubis. Les poignards, utilisés dans le combat au corps-à-corps, sont des œuvres d’orfèvres et de joailliers. À la qualité du matériau (jade, ivoire, cristal, émail, cuir, velours, bois, acier), s’ajoute la dextérité du décor avec des armes incrustées d’or et d’argent, des représentations florales ou zoomorphes, des inscriptions dédicatoires et des versets du Coran. « Dans le monde islamique, il n’y pas d’art pour l’art. Celui-ci vient se loger dans les objets utilitaires », explique Bachir Mohamed de la Furussiya Art Foundation, propriétaire de la collection. « Les armes de la collection, aussi belles soient-elles, étaient toutes utilisables. Un bel objet définit votre statut, votre puissance. Il vous oblige aussi à vous en rendre digne », explique ce spécialiste. « La guerre ne consiste pas seulement à vaincre l’ennemi, mais à trouver un chemin spirituel dans la vie », ajoute-t-il, en comparant les pièces exposées à la musique des janissaires « qui n’est pas seulement riche des rythmes militaires mais qui a aussi la délicatesse et la tendresse de la poésie soufie ». Comme il n’y a pas de victoire sans volonté divine, les pièces portent souvent des invocations divines et des inscriptions destinées à conjurer le mauvais sort. Une chemise talismanique, portée sous la cotte de mailles ou l’armure, incarne une protection symbolique. De nombreuses armes portent incrustée en elles la sourate 110 du Coran, an-Nasr (la victoire), qui évoque le triomphe de la religion d’Allah avec des gens qui y entrent en foule. Le prophète Mohammad est aussi souvent évoqué à travers son épée à la lame fendue, Dhu al-Faqar, qui rappelle le bâton de Moïse. Mohammad, réfugié à Médine, l’aurait reçue de l’archange Gabriel au moment de la bataille de Badr en 624 contre les habitants de La Mecque. Il l’aurait ensuite transmise à son gendre et compagnon Ali que les chiites considèrent comme son héritier.
En plein mois de ramadan, une exposition sur l’art de la guerre de l’islam, à Paris, vient rappeler que cette religion s’est propagée dans l’esprit de la chevalerie, loin de celui qui anime aujourd’hui les groupes jihadistes à travers le monde musulman. « On voulait montrer que les confrontations se faisaient dans l’esprit de la chevalerie et le respect de...