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Actualités - interview

Interview - « Nous aurons probablement un président consensuel », affirme le ministre de la Jeunesse et des Sports Fatfat à « L’Orient-Le Jour » : « Chaker Absi opérait pour le compte de la Syrie »

Plutôt optimiste, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ahmad Fatfat, n’en pense pas moins qu’un éventuel accord entre majorité et opposition en vue de l’élection d’un chef de l’État suppose une entente préalable sur toutes les questions litigieuses qui opposent depuis pratiquement plus d’un an les deux camps. « Nous nous dirigeons probablement vers l’élection d’un chef d’État consensuel », a déclaré hier sur ce plan M. Fatfat dans un entretien accordé à L’Orient-Le Jour. Selon lui, le nouveau délai accordé par le chef du Parlement, Nabih Berry aux responsables politiques, soit jusqu’au 23 octobre, pourrait porter ses fruits et aboutir à une solution consensuelle si la bonne foi y est. Selon lui, cette « période de grâce » devrait servir à rapprocher les points de vue « non pas tant sur la personnalité ou le choix des candidats en présence, que sur les points litigieux évoqués il y a plus d’un an à la table du dialogue, ainsi que sur l’ensemble des résolutions internationales », a-t-il dit. « Les concertations ne porteront pas seulement sur les noms des candidats, mais plutôt sur des dossiers-clés tels que les relations diplomatiques avec la Syrie, la délimitation des frontières, les armes des Palestiniens, le tribunal international, ainsi que la 1701 cumulée au plan en sept points » du chef du gouvernement, Fouad Siniora, précise-t-il. Selon lui, ce sont autant de questions sur lesquelles l’entente est « incontournable », et qui peuvent être « résolues en 24 ou 48 heures, si la volonté y est ». « Ce n’est pas une question de temps, mais de choix politique », insiste M. Fatfat. Un président de compromis serait-il, selon lui, résolument antisyrien ? « Aucun Libanais ne voudra être antisyrien. Le futur chef de l’État ne le sera certainement pas, mais il faudra qu’il soit libanais avant tout et capable de collaborer avec le gouvernement et avec toutes les parties en présence », affirme le ministre de la Jeunesse et des Sports. M. Fatfat persiste et signe : « Le contentieux avec Damas sera réglé si les Syriens acceptent de reconnaître l’indépendance du Liban et de renoncer à utiliser ce pays comme arène où doivent se régler les problèmes de la région. » En réponse à une question sur le dernier communiqué du Conseil des ministres concernant l’acquisition d’armes et l’entraînement auxquels auraient recours certaines parties, le ministre a répondu : « Le chef des renseignements généraux de l’armée, le général Georges Khoury, a clairement dit que les formations du 8 Mars sont en train de s’entraîner dans des camps relevant du Hezbollah. Les fractions druzes (relevant de Talal Arslane) et les militants du Courant patriotique libre ont bénéficié d’une formation et ont reçu des armes qui leur ont été remises par le parti chiite », a-t-il précisé. Selon lui, l’objectif recherché par le Hezbollah « est de provoquer une guerre par procuration au cours de laquelle les chrétiens s’affronteraient entre eux, et les deux clans druzes (arslaniste et joumblattiste) entre eux. Cette formule se substituerait à une confrontation sunnito-chiite directe », précise-t-il. Qu’en est-il des formations politiques au sein du 14 Mars dont on dit également qu’elles ont bénéficié de formations paramilitaires ? « Pour le moment, aucun entraînement par le camp du 14 Mars n’a été rapporté par les services de sécurité. Dans le passé, la seule formation qui était de rigueur était celle dont bénéficiaient les nouvelles recrues au sein de sociétés privées et qui n’incluait pas un entraînement aux armes. » « Quant aux camps d’entraînement qui avaient précédemment eu lieu dans la montagne du Chouf, ils ont été interdits par Walid Joumblatt », a précisé M. Fatfat qui relève qu’il revient au gouvernement de mettre fin à ce phénomène et de sévir. Autre point sécuritaire de grande importance évoqué au cours de la séance du Conseil des ministres de lundi, le mystère Fateh el-Islam qui semble en partie « résolu », selon M. Fatfat, sur base des deux rapports présentés successivement par les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure et ceux de l’armée, « deux rapports qui sont complémentaires », soutient le ministre. Reprenant les propos du chef des RG de l’armée qui, souligne-t-il, a utilisé l’expression de « double version » concernant l’affaire Fateh el-Islam, le ministre Fatfat précise que cela signifie une « double tendance » qui aurait été récemment révélée par les dernières investigations. « Chaker Absi incarne, avec certains des hauts responsables de l’organisation, la première tendance qui est la tendance syrienne. Ces derniers contrôlaient l’ensemble du groupe qui se trouvait à l’extérieur du camp, notamment les éléments palestino-syriens qui ont commis l’attentat de Aïn Alak », indique M. Fatfat. Par contre, ajoute le ministre, la majorité des combattants qui se trouvaient à l’intérieur du camp, et qui relèvent de plusieurs nationalités, sont des jihadistes de type el-Qaëda. Ils bénéficiaient de financement dans les mêmes milieux. « Ces derniers avaient à l’origine été enrôlés pour aller combattre en Irak, le Liban devant être un passage tout à fait temporaire », explique-t-il. Montrant clairement du doigt la Syrie qui cherche, à travers les assassinats politiques, à « intimider les Libanais et à assujettir l’ensemble du pays », M. Fatfat a clairement laissé entendre qu’Israël reste, à ce jour, l’allié objectif du régime de Bachar el-Assad et que les deux protagonistes continueront à éviter la confrontation « tant que les intérêts des deux pays sont préservés » et tant que « les menaces syriennes présumées qui pèsent sur son voisin israélien ne sont pas encore très sérieuses », dit-il, en allusion aux informations qui ont circulé sur une éventuelle fabrication d’armes nucléaires en Syrie. « Quoi qu’il en soit, conclut M. Fatfat, le Liban n’a aucun intérêt à une guerre régionale dont le pays ferait les frais. » Propos recueillis par Jeanine JALKH
Plutôt optimiste, le ministre de la Jeunesse et des Sports, Ahmad Fatfat, n’en pense pas moins qu’un éventuel accord entre majorité et opposition en vue de l’élection d’un chef de l’État suppose une entente préalable sur toutes les questions litigieuses qui opposent depuis pratiquement plus d’un an les deux camps.
« Nous nous dirigeons probablement vers l’élection d’un...