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200 magasins répartis sur 65 000 m2, dans un environnement où la criminalité est élevée Le premier centre commercial de Soweto ne fait pas dans la demi-mesure

Le ghetto de Soweto, synonyme de misère et de révolte sous l’apartheid, se prépare à accueillir le plus grand centre commercial d’Afrique, dont l’idée est née il y a 30 ans dans l’esprit d’un entrepreneur local persévérant. Le « Maponya Mall » porte le nom de son concepteur Richard Maponya, dont la fortune a débuté dans une petite boutique de vêtements au cœur du ghetto noir dans les années 50 et qui a gagné depuis le surnom de « père du commerce noir ». À l’époque, Soweto servait surtout de dortoir aux ouvriers noirs qui fournissaient un main-d’œuvre à prix dérisoire à la capitale commerciale du régime ségrégationniste. Dans ce contexte, le chef d’entreprise imagine une galerie commerciale dans le township. « J’étais convaincu que les gens avaient besoin d’un centre commercial et je n’ai jamais abandonné ce rêve, parce que je savais qu’un jour, les habitants de Soweto auraient droit à ce qui leur appartient », explique-t-il à l’AFP. Dans les années 70, il réussit à acheter un terrain dans le township – bien que ce soit interdit aux noirs. Trente ans plus tard, grâce à l’aide d’autres investisseurs, la galerie voit le jour pour un coût de 650 millions de rands (92 millions de dollars). La galerie, qui sera inaugurée aujourd’hui, s’étale sur 65 000 m2 et compte environ 200 magasins. Des enseignes comme « Toys’r’us » (jouets), « Woolworths » ou encore « Pick’n’Pay » (grande distribution) s’installent pour la première fois dans le township du sud-ouest de Johannesburg. L’importance de la criminalité à Soweto pose toutefois un sérieux défi à ce havre commercial, mais les commerçants comptent sur la classe moyenne émergente des « diamants noirs » pour rentabiliser leur loyer. Ces Sud-Africains noirs ne sont encore que 2,6 millions sur 48 millions d’habitants, mais ils disposent déjà de 28 % du pouvoir d’achat du pays. Et un grand nombre d’entre eux restent fidèles à Soweto. Les commerçants tablent aussi sur la vitalité du quartier. « Soweto a lancé des modes dans la musique, les vêtements, le théâtre et beaucoup d’artistes y habitent », souligne Philip Nkomo, qui a ouvert un magasin de musique dans la galerie. Tommy-Leigh Isaak se réjouit de pouvoir enfin acheter des produits de marque à deux pas de chez lui. « Cela m’épargnera de longs trajets jusqu’au centre-ville et me fera faire des économies en transport », relève cet habitant de longue date de Soweto. « Je n’ai plus qu’à marcher et j’ai tout ce que je veux sous le même toit. Et si je suis fatigué, je n’ai qu’à aller au cinéma avant de rentrer chez moi ! » Le complexe abrite les premiers écrans de cinéma de Soweto, et bien sûr des chaînes de restauration rapide, des magasins de mode, de décoration, etc, qui attestent du chemin parcouru depuis les premières élections multiraciales de 1994. Pour autant, l’ancien bastion de la lutte antiapartheid, où ont vécu deux prix Nobel de la paix, Nelson Mandela et Mgr Desmond Tutu, ne tourne pas le dos à son passé. À l’entrée se dresse une statue d’Hector Pietersen, un garçon de 12 ans tué par la police au premier jour des émeutes de 1976 contre l’enseignement en Afrikaans, la langue de la minorité blanche au pouvoir, dans les écoles noires. Et si Richard Maponya s’est installé dans les quartiers nord de Johannesburg, il reste attaché à son quartier. « Soweto est mon foyer, ses habitants m’ont toujours soutenu et j’ai toujours voulu leur rendre la pareille », raconte-t-il. « Mon objectif est de créer des emplois à plus grande échelle que ce que j’ai fait jusqu’à présent. » À 82 ans, il confie : « Mon mot d’ordre a toujours été “tant qu’un homme est vivant, il doit aider sa communauté et travailler jusqu’au dernier jour”. »
Le ghetto de Soweto, synonyme de misère et de révolte sous l’apartheid, se prépare à accueillir le plus grand centre commercial d’Afrique, dont l’idée est née il y a 30 ans dans l’esprit d’un entrepreneur local persévérant.
Le « Maponya Mall » porte le nom de son concepteur Richard Maponya, dont la fortune a débuté dans une petite boutique de vêtements au cœur du ghetto...