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Caucase - Les agressions contre les civils « poussent les habitants dans les rangs de la guérilla », avertit un expert La montée des violences en Ingouchie fait craindre une Tchétchénie bis

Enlèvements, attaques contre les forces de l’ordre et meurtres de civils : l’Ingouchie, république du Caucase russe en proie à des violences quasi quotidiennes, échappe de plus en plus au contrôle des autorités, faisant craindre une Tchétchénie bis. Fait rarissime, 200 personnes ont manifesté hier à Nazran, la plus grande ville ingouche, pour protester contre la disparition de deux frères, dernier incident en date dans une série d’enlèvements, de meurtres et de tortures qui terrorisent cette petite république du Caucase. La télévision russe a diffusé des images de la police tirant en l’air après que les manifestants eurent jeté des pierres contre les policiers. « Le fait que les gens manifestent malgré la peur et la pression des forces de l’ordre montre que la république est en ébullition », estime Tatiana Lokchina du centre Demos, spécialisé dans les études sur le Caucase du Nord et les forces de l’ordre. « La situation rappelle celle de la Tchétchénie à la veille du deuxième conflit » en 1999, assure l’experte qui craint « la répétition du scénario » tchétchène dans cette république voisine. Interrogé récemment par un interlocuteur occidental sur la Tchétchénie, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a déclaré que Moscou était beaucoup plus préoccupé actuellement par la situation en Ingouchie, selon une source diplomatique européenne. Les attaques aux armes automatiques, embuscades et poses d’engins explosifs contre les forces de l’ordre se sont multipliées depuis le mois de juillet. Dernier incident en date, la mort jeudi à Nazran de deux militaires dont la voiture a été l’objet de tirs inconnus. Phénomène nouveau, deux familles de Russes ethniques ont été sauvagement assassinées en juillet et août. Pour faire face, quelque 2 000 membres des troupes de l’Intérieur ont été déployés dans la république durant l’été sans que la situation ne se stabilise. Début septembre, le Service fédéral de sécurité (FSB, issu du KGB) a décrété « zone d’opération antiterroriste » une région du centre de l’Ingouchie alors que ce terme s’appliquait jusqu’ici uniquement à la Tchétchénie. « C’est la guerre », a déclaré à l’AFP Grigori Chvedov, rédacteur de Kavkazski Ouzel, un site d’information qui couvre le Caucase du Nord, ajoutant qu’il y avait eu « pour le seul mois d’août 15 attaques contre les forces de sécurité ». L’ONG russe pour la défense des droits de l’homme Memorial a répertorié 25 enlèvements en Ingouchie au premier semestre de l’année et de nombreuses exécutions sommaires. Selon M. Chvedov, les violences contre les civils « poussent les habitants locaux dans les rangs de guérillas ». « Cela encourage les rebelles qui se considèrent comme des moujahidine (combattants d’une armée de libération islamique) », a-t-il ajouté. Cette situation rend perplexes les Ingouches qui, contrairement à leurs voisins tchétchènes, n’ont jamais eu de penchants indépendantistes. « Nous comprenons ce qui s’est passé en Tchétchénie. Mais ici c’est bizarre. L’Ingouchie est loyale à la Russie, il n’y a jamais eu de haine antirusse », dit Ousam Baïssaïev, représentants de Memorial en Ingouchie. « La plupart des Ingouches pensent que les services spéciaux sont derrière cette instabilité pour faire de la république une Tchétchénie bis », ajoute-t-il. Le président ingouche Mourat Ziazikov, ancien général du FSB soutenu par Moscou et très impopulaire dans la république, s’est voulu rassurant hier lors d’une conférence de presse à Moscou, affirmant qu’il n’y avait « pas de terroristes clandestins dans la république ». Il a expliqué le regain de tension par « le terrorisme des médias » au profit des « ennemis de la Russie », accusant les journalistes de parler des violences au lieu de montrer des Ingouches en train de planter des pommes de terre, de danser ou de se marier. Olga NEDBAEVA (AFP)
Enlèvements, attaques contre les forces de l’ordre et meurtres de civils : l’Ingouchie, république du Caucase russe en proie à des violences quasi quotidiennes, échappe de plus en plus au contrôle des autorités, faisant craindre une Tchétchénie bis.
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