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Le « Codex Gigas » était considéré au XIIIe siècle, date de sa découverte, comme la huitième merveille du monde Après 358 ans d’exil, la « Bible du Diable » revient à Prague

Emportée comme butin par les troupes suédoises il y a 358 ans, 8 mois et 19 jours, le plus gros manuscrit médiéval du monde, le « Codex Gigas » ou « Bible du Diable », revient à Prague pour quatre mois d’exposition. Les premiers visiteurs ont découvert hier ce manuscrit sur parchemin datant du début du XIIIe siècle et considéré à l’époque comme la « huitième merveille du monde » du fait de sa taille (92 x 50,5 x 22 cm), de son épaisseur, 624 pages, et de son poids, 75 kg. Pour son retour, une pièce conçue comme un coffre-fort a été spécialement aménagée au Clementinum, ancien collège jésuite situé au cœur du vieux Prague, pour un coût de 2,5 millions de couronnes (90 400 euros). Les visiteurs peuvent entrer par groupes de dix maximum, pour admirer pendant un temps limité à quelques minutes le livre qui repose dans une vitrine placée au centre de la salle. Température, humidité et éclairage sont strictement contrôlés. Le livre est si précieux que ses emprunteurs n’ont pas opté pour une assurance commerciale, mais pris une garantie d’État d’un montant de 300 millions de couronnes (10,8 millions d’euros), a précisé le directeur de la Bibliothèque nationale tchèque, Vlastimil Jezek, avant le vernissage. Il faut dire que le retour de la Bible du Diable a nécessité de longues négociations diplomatiques entre Prague et Stockholm, menées à l’époque par l’ancien président tchèque Vaclav Havel puis par les Premiers ministres Jiri Paroubek et Mirek Topolanek. « Pendant la discussion, on pouvait sentir du côté suédois cette question sous-jacente : si nous vous la prêtons, à vous les Tchèques, vous nous la rendrez, oui ou non? » a raconté, sourire en coin, le directeur de la Bibliothèque nationale. Le manuscrit est né de la main d’un moine copiste et enlumineur du monastère de Podlazice qui était situé au centre de l’actuelle République tchèque et fut détruit au XXVe siècle lors des guerres de Religion. Le livre doit son nom à une superbe enluminure qui représente le diable. La légende veut que l’auteur du Codex Gigas ait été condamné à être emmuré vif pour un crime grave. Il aurait proposé de créer l’ouvrage en une seule nuit pour expier ses péchés et apporter la gloire à son monastère. Mais il dut, pour ce faire, solliciter l’aide du Diable. Son travail achevé, il aurait, en guise de remerciement, mis le portrait de son « auxiliaire » dans le manuscrit. Le livre inclut l’Ancien et le Nouveau Testament, ainsi que d’autres textes de grande valeur historique, comme la « Chronica Boemorum » (Chronique des Tchèques) rédigée en latin au XXIIe siècle ou des écrits de l’historien Flavius Josèphe (vers 37-100). Déposée à la célèbre « Künstkammer de Prague » de l’empereur Rodolphe II de Habsbourg (1552-1612), cette pièce rare fut emportée par les troupes du général suédois Königsmark à la fin de la guerre de Trente Ans (1618-1648). Une version numérisée du Codex Gigas est déjà disponible sur le site de la Bibliothèque nationale de Suède (www.kb.se/codex-gigas). Pour le vernissage, les Suédois ont offert à leurs hôtes un exemplaire numérique dans un paquet noué d’un ruban aux couleurs de leur pays. À défaut de l’original, le directeur de la Bibliothèque nationale compte bien ne pas rendre cette version virtuelle à la fin de l’exposition, le 6 janvier.
Emportée comme butin par les troupes suédoises il y a 358 ans, 8 mois et 19 jours, le plus gros manuscrit médiéval du monde, le « Codex Gigas » ou « Bible du Diable », revient à Prague pour quatre mois d’exposition.
Les premiers visiteurs ont découvert hier ce manuscrit sur parchemin datant du début du XIIIe siècle et considéré à l’époque comme la « huitième...