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Actualités - OPINION

« Pas si folle que cela, mon idée… » Louis INGEA

En date du 14 septembre courant, j’ai lu avec un intérêt appuyé l’analyse, rédigée par Joseph Codsi, universitaire, sur « l’absurdité de la Constitution libanaise ». Tant son discours que les références très respectables à Ziyad Baroud, Antoine Hokayem, Georges Naccache, Joseph Maïla ou Jean Salem peuvent être considérés comme absolument pertinents parce que vrais, au point de passer dorénavant pour une lapalissade. Comme la curiosité enfle au fur et à mesure que l’on dévore un texte, le lecteur s’attend, à chaque nouveau paragraphe, à voir pointer une proposition concrète qui pourrait servir de prélude à une solution quelconque de l’épineux problème. Mais je me suis essoufflé, jusqu’à la dernière ligne, comme « sœur Anne », à ne voir rien venir. Aussi, par dépit autant que par fantaisie, vais-je me permettre d’esquisser une solution « inouïe » par rapport à un dilemme qui, autrement, n’intéresserait plus personne. Le monde n’avance, dit-on, qu’à coups de passion. Je ne suis ni juriste, ni historien, ni, encore moins, diplomate. Et c’est pourquoi j’estime que les artistes et les rêveurs auraient aussi bien le droit de proposer un scénario et de prendre le taureau par les deux cornes… Pour harmoniser l’idée de « notre » république avec « notre » régime communautaire, je serais, moi, pour la consécration définitive de notre système consensuel de communauté dans une république à régime très particulier. Et cela de la manière suivante : 1 – Annuler totalement ladite Constitution dans sa forme actuelle. 2 – Adopter pour ce minuscule et ingouvernable territoire le régime, non pas d’une banale « démocratie », mais celui d’un « émirat démocratique » (si j’ose dire), fonctionnant selon des lois strictes, ne laissant (comme on l’a souvent fait par calcul hypocrite) aucune marge pour un « flou » ou des interprétations tatillonnes. 3 – Dans le seul but de « contenter tout le monde et son père », proposer, à tour de rôle, le poste de président à chacune des communautés qui composent le pays. Pour plus de commodité et de précision, classer dans l’ordre les susdites communautés en six groupes distincts : maronite, sunnite, melkite et orthodoxe, chiite, minoritaire, druze. Chaque groupe désignerait, le moment venu, son candidat à la présidence, et cela soit à la suite d’un consensus limité à la communauté, soit à celle du résultat d’une consultation électorale auprès du groupe en question. 4 – Instituer, en conséquence, l’élection du chef de l’État au suffrage universel pour une période de cinq ans non renouvelables immédiatement à l’échéance. Nous aurions ainsi à ne « subir » le joug d’une communauté donnée qu’une fois tous les trente ans, si je ne me trompe pas. Ce chef devrait gouverner souverainement, choisissant lui-même son cabinet de ministres (sans président du Conseil) et gardant la faculté d’en révoquer les membres et d’en nommer d’autres à sa guise durant son mandat présidentiel. 5 – Admettre la création d’une Chambre « restreinte » dans laquelle les élus n’auraient que la charge de « conseillers » c’est-à-dire le pouvoir de discuter les propositions de lois avancées par le président, l’obliger éventuellement à en modifier la teneur, selon une procédure fixée pour un temps limité, mais n’avoir pas de vois au chapitre des décrets. En cas de blocage, une Cour d’État trancherait. 6 – Créer obligatoirement une Haute Cour d’État, composée de sept magistrats (chiffre impair) uniquement chargée de veiller à l’application des règles constitutionnelles et, bien entendu, d’arbitrer tout litige entre le chef-président et ses conseillers. Le cas échéant, et sur référendum obligatoire, juger ou démettre ledit président au besoin. Il serait superflu d’ajouter que la nomination de tels magistrats se ferait « à vie » et que le décès de chacun des membres devrait être suivi d’une nomination immédiate. Rien, d’un autre côté, n’empêcherait que les traditions établies jusqu’ici pour le recrutement des fonctionnaires ne se perpétuent. L’œil et les prérogatives du chef de l’État veillant, comme de juste, afin que toute mesure y reste équilibrée. À cela devra s’ajouter une foule d’autres décisions de base que les spécialistes auront à fixer. Je signalerai toutefois, à titre indicatif, la nécessité d’élever au rang de superministères celui du Tourisme et celui de l’Éducation nationale. En unifiant, par exemple, les livres scolaires, surtout historiques. En obligeant tous les autres ministères, y compris celui des Finances, à donner suite sans délai aux besoins des deux ministères susmentionnés. À présent qu’il semble que le refrain de la « oumma arabe » se soit plutôt estompé, que nous bénéficions du préjugé favorable de la part de la plupart des pays arabes et que nous nous trouvons placés sous l’ombrelle de l’ONU, le Liban pourrait sans complexe déclarer sa neutralité internationale selon le système suisse. Et offrir à sa population la possibilité enfin permise de travailler et de vivre de ses services. En tête desquels le tourisme, l’hospitalisation et la fabrication dans les villages d’une kyrielle d’articles qui ne requièrent ni machineries ni techniques coûteuses. Imaginons, à l’horizon, les offres d’emploi qui pointeront alors. Imaginons les invites pour les « recherches », que pareil régime proposerait à nos jeunes. Imaginons les économies d’argent que le Trésor public réalisera rien qu’en concentrant nos dépenses sur l’unique « volonté gouvernante » que nous aurions adoptée… Tout le monde serait dans l’obligation d’y trouver son compte. Jusqu’aux religieux qui se verraient interdire le discours politique et se confineraient aux lamentations à huis clos avec leurs ouailles… Un tel régime d’État, en même temps strict et élastique, saura calmer aussi bien les communautés qui cesseraient de se suspecter, que les appréhensions simulées de nos voisins goulus, comme simple conséquence de notre statut de neutralité internationale. Et l’on verra s’éloigner pour de bon le spectre de la convoitise syrienne. Quant à Israël, il faudra bien, dans ces conditions, que l’ONU le mette officiellement au pas. Des groupements comme le Hezbollah n’auront plus, dans ce cas, leur raison d’être, à part celui de représenter leur communauté. L’idée de toute agression armée, tout comme la détention d’armes ou l’implantation forcée d’étrangers seront abolies. Et le Libanais aurait enfin droit aux applaudissements des nations… Quod dixi, dixi… Amen ! Louis INGEA Architecte d’intérieur Article paru le vendredi 21 septembre 2007
En date du 14 septembre courant, j’ai lu avec un intérêt appuyé l’analyse, rédigée par Joseph Codsi, universitaire, sur « l’absurdité de la Constitution libanaise ».
Tant son discours que les références très respectables à Ziyad Baroud, Antoine Hokayem, Georges Naccache, Joseph Maïla ou Jean Salem peuvent être considérés comme absolument pertinents parce que...