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Actualités - OPINION

Impression Septembre bleu

Ça pince au cœur, ça noue à la gorge, ça frémit dans la peau, ça vacille au bord des paupières. On le sent bien, que le vent souffle autrement. Déjà il revient par le Nord, gonfle la mer d’une vigueur nouvelle, et racle dans la poussière de larges aplats lumineux. Septembre est brutal quand il vous décille. On voit bien que c’est faux, cette idée de clarté qu’on attache à l’été. L’été n’est jamais aussi net. Il a toujours quelque chose de tremblé dans la couleur. Une saison gourde, un peu somnambule, qui se vit comme un rêve éveillé, mais les rêves préfèrent le sommeil. Septembre donc. Quelle fête païenne a-t-elle précédé celle de la Croix pour qu’au moment même où le soleil jette ses derniers feux, les nôtres s’allument, bûchers joyeux, astres éphémères au sommet des montagnes ? Toute cette paille, ces épines, ces brindilles amassées depuis la veille. Cette nuit-là on nourrit le feu comme une bête féroce en évitant de se faire mordre les doigts. Les flambées éparses forment une constellation que le firmament sait lire. Bons baisers de la terre. Sur les marches du vieil escalier de pierre, une fois de plus comme depuis tant d’années, coincée entre deux valises qui gémissent, et soupirant moi-même à l’idée du départ, je lèverai les yeux vers l’horizon, sans trop y croire. Et comme toujours, je ne sais par quel mystère, l’un d’eux donnera le signal. De derrière la montagne, de ce lieu qui n’existe pas et qui leur sert pourtant de refuge, ils viendront par nuées désordonnées, cherchant à travers ciel un chemin que rien ne leur indique encore. Mais en un rien de temps, une formation se constitue, triangle parfait. On n’en revient jamais d’avoir vu ce miracle. Par milliers, comme participant d’un même organisme, ils prennent le même cap, droit devant, avec une étrange certitude. On aura beau chercher dans ce bleu sans nuance l’ombre d’un signe, d’un auspice, d’un augure, mais rien. Les oiseaux savent la route à prendre. C’est ainsi. De tous les migrants de septembre, faut-il que nous soyons seuls à chercher une borne, les seuls dont les chemins fourchent et dont les routes s’effacent aussitôt tracées ? Fifi ABOU DIB
Ça pince au cœur, ça noue à la gorge, ça frémit dans la peau, ça vacille au bord des paupières. On le sent bien, que le vent souffle autrement. Déjà il revient par le Nord, gonfle la mer d’une vigueur nouvelle, et racle dans la poussière de larges aplats lumineux. Septembre est brutal quand il vous décille. On voit bien que c’est faux, cette idée de clarté qu’on...