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Actualités - OPINION

Ce Beyrouth qui fut le nôtre…

Les maisons traditionnelles de Beyrouth sont en danger parce que le Liban, en son essence, est en danger. Menacée aujourd’hui plus que jamais, c’est bien l’identité de la ville qui est en question. Ce que les folies guerrières n’ont pas eu l’audace de le faire, les petits et les grands businessmen le font. La destruction de ces maisons ne se fait plus en catimini. Elle se fait le jour. La dévastation identitaire se fait désormais comme dans un bazar. Qui paye le plus détruit le plus. Personne n’a plus honte. Le but est de construire à la place de ces maisonnettes, symbole de notre identité architecturale singulière dans la région du Moyen-Orient, des tours élancées, sans saveur ni odeur. Sans forme parce qu’on ne construit plus comme avant. On « crache » des immeubles qui s’implantent partout. Ils masquent le ciel. Ils tournent le dos à la mer. Le tout est de gagner quelques sous. Et pour le faire, ils tuent leur poule aux œufs d’or, et crucifient ces immeubles et ces maisons traditionnelles authentiques, qui témoignent de notre vécu de peuple libre. C’est malheureusement encore un autre but qui se révèle à court terme. Pour satisfaire un besoin journalier, quasi instinctif, le peuple libanais, ce peuple mercantile qui vend tout et qui achète tout, accepte aujourd’hui de vendre son histoire et d’abattre la maison de ses aïeux. Un peuple doit d’abord faire un effort pour se constituer une mémoire s’il veut mériter de vivre. Et on ne vous cache rien si l’on vous dévoile comment les charognards avides d’argent planifient juridiquement et architecturalement pour dévaster des quartiers entiers. Il suffit d’avoir l’intention de ruiner les merveilles pour créer des subterfuges. Des ruelles entières sont détruites aujourd’hui, comme la rue de l’Université Saint-Joseph (portail FGM) où ne subsistent que trois vieilles maisons. Et ils ont l’audace d’installer des pancartes « Rue à caractère traditionnel » au début de la ruelle dévastée et détruite, comme dans un champ de bataille. Ils auraient dû écrire : « Il fut un temps où les rues ont été à caractère traditionnel. » Ou simplement : « Il y eut un temps, ce fut nous. » Sans mémoire, un groupe d’hommes réunis ne mérite pas le nom de peuple. Il ne mérite pas de vivre non plus. C’est la raison pour laquelle nous essayons, en vain, de rafraîchir notre mémoire collective bannie. Que ces photos (entre tant d’autres) fassent renaître en vous un sentiment de révolte contre ceux qui vous volent vos droits les plus élémentaires, votre droit à un patrimoine, à une identité, à un environnement sain, à pouvoir observer le ciel, la lune et les étoiles qui sont masqués par les orgueilleuses tours. Nelly MAROUN Paris
Les maisons traditionnelles de Beyrouth sont en danger parce que le Liban, en son essence, est en danger.
Menacée aujourd’hui plus que jamais, c’est bien l’identité de la ville qui est en question. Ce que les folies guerrières n’ont pas eu l’audace de le faire, les petits et les grands businessmen le font. La destruction de ces maisons ne se fait plus en catimini. Elle se...