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Des générations sans histoire et sans passé

Fakhreddine, les Ottomans, le mandat français, l’indépendance puis… rien… Le Liban a-t-il cessé d’exister? N’a-t-il plus d’histoire ? En a-t-il plusieurs ? Y en a-t-il une, falsifiée, que d’ « autres » veulent imposer ? Personne n’en sait rien. D’ailleurs, c’est ce que l’on pense en feuilletant les pages des livres d’histoire dans lesquelles apprennent lesdites générations futures. L’histoire est la mémoire d’un peuple. Sans histoire, la mémoire du Libanais devient sélective et modifiable. Comment ne pas répéter les erreurs du passé s’il n’y a pas une conscience née dans l’apprentissage de l’histoire ? Des générations naissent sans histoire. Des jeunes grandissent sans passé. Des citoyens vivent sans mémoire collective. Des Libanais existent sans identité. Un peuple survit sans conscience. Des enfants ne savent pas d’où ils viennent ni pourquoi ils sont là où ils sont aujourd’hui. Ce n’est peut-être pas de leur faute. On ne le leur a pas appris. Parce que, d’un côté, on ne s’entend pas encore sur le pourquoi et le comment des événements historiques. Ce qui mène naturellement à se disputer sur les beaux contes héroïques à enseigner. Et d’un autre côté, on cherche à dissimuler certaines périodes de la vie de ce peuple, certaines civilisations et certaines langues, témoins d’une culture pas vraiment commune. Ce n’est pas leur faute, non plus ! Au lieu de les instruire par la raison et par l’objectivité, et de leur apprendre à sortir de leur étroitesse d’esprit pour former une pensée libre et développer un esprit critique, on leur raconte des faits plus ou moins vrais, perçus dans leur globalité et le plus souvent placés dans un faux contexte. On leur « forge » une nouvelle mémoire collective. On leur impose des idéologies et des dogmes phénoménaux, et on les convainc que c’est la vérité, la seule vérité qui puisse exister. Alors pourquoi une telle amnésie concernant l’époque de la guerre? Pourquoi se limiter à dénoncer les hostilités, sans chercher à comprendre pourquoi elles ont eu lieu, et pourquoi elles ont été acceptées et encouragées ? Et en même temps, s’accuser les uns les autres de traîtrise ? En effet, chaque communauté a ses propres valeurs, ses conditions de vie particulières, sa propre vision des événements et des causes, autrement dit ses propres normes des vérités qui définissent son histoire. L’une avance sa religion en premier, l’autre sa nationalité. Le champ événementiel varie d’une communauté à l’autre et ne vaut que pour chacune d’elles. Aucune des deux vérités n’est absolue. Il en résulte qu’il n’y a pas une histoire, mais des histoires. Et chacune d’elles est vraie, selon la perspective dans laquelle elle est rédigée. C’est pourquoi les différentes tentatives d’écrire l’histoire contemporaine du Liban n’ont pas réussi. Un livre d’histoire commun à tous est presque irréalisable. La formation historique n’a pas pour rôle de rallumer le feu et de faire apparaître les blessures, mais d’aider les hommes à se dégager des impératifs sociaux de la mémoire collective. Réfléchir sur l’histoire permet d’avoir une opinion personnelle sur le cours des évènements, mais aussi de comprendre l’autre, et devenir tolérant aux différences culturelles, sociales et religieuses. Il n’est plus acceptable que des générations continuent à grandir sans livre d’histoire. Le souvenir, l’histoire et la mémoire collective sont un besoin vital pour une société multiculturelle comme le Liban. Le combat est long et difficile. Mais soit le peuple libanais développe sa conscience et se libère, soit il demeure ignorant, et à ce moment, il n’a pas le droit de se plaindre de sa propre aliénation. Lara SAADÉ 4e année de droit – USJ
Fakhreddine, les Ottomans, le mandat français, l’indépendance puis… rien…
Le Liban a-t-il cessé d’exister? N’a-t-il plus d’histoire ? En a-t-il plusieurs ? Y en a-t-il une, falsifiée, que d’ « autres » veulent imposer ?
Personne n’en sait rien. D’ailleurs, c’est ce que l’on pense en feuilletant les pages des livres d’histoire dans lesquelles apprennent...