ANNIVERSAIRE La Callas fait toujours recette

Trente ans après sa mort, Maria Callas fait toujours l’actualité avec des parutions de disques et de livres, une avalanche d’hommages à la télévision, à la radio et dans de grandes maisons d’opéra, mais aussi, phénomène plus neuf, un peu d’agitation sur le Web. La commémoration de la disparition de la « prima donna assoluta » n’échappe pas à la nouvelle donne du marché discographique, caractérisé en France par le succès de gros coffrets à bas prix, et ce d’autant que bon nombre de ses enregistrements sont tombés dans le domaine public. EMI, la maison de disques exclusive de Callas à partir de 1953, a sorti dès lundi un coffret de 69 CD – vendu à moins de 100 euros – regroupant pour la première fois l’intégralité de ses gravures de studio (1949-1969), y compris celles réalisées pour le label italien Cetra au seuil de sa carrière. Le distributeur Abeille Musique répliquera jeudi en publiant sous le label Naxos un ensemble de 24 disques (moins de 40 euros) au titre osé, CallassoTherapy, comportant les enregistrements de studio des années 1950. Pour leur part, l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et Radio France coéditent un CD d’entretiens avec la soprano en forme de leçon de vie. En outre, deux grandes maisons d’opéra rendent un hommage particulier à la Callas. La Scala de Milan, où elle a beaucoup brillé, a programmé à partir de vendredi deux expositions, l’une présentant les costumes portés par la « Divina » sur cette scène (jusqu’au 31 janvier), l’autre autour de photographies d’elle prises en coulisses (jusqu’au 30 novembre). Le jour anniversaire de sa mort (dimanche), le théâtre dirigé par le Français Stéphane Lissner projettera aussi en avant-première un documentaire de Philippe Kohly, Callas assoluta, paru trois jours plus tôt chez MK2. L’Opéra de Paris fera de même quasi simultanément au Palais Garnier, avant de donner à voir et à entendre une sélection d’archives permettant de retrouver Callas à ses débuts à Paris (1958) avec l’Orchestre de l’Opéra et au crépuscule de sa carrière (1965) avec le National. Arte diffusera ces documents, ainsi que des « Conversations » avec la cantatrice, les 16 et 19 septembre. La chaîne musicale Mezzo a elle choisi un documentaire de 2003, Living and dying for art and love (vivre et mourir pour l’art et l’amour), multidiffusé du 17 septembre au 6 octobre. France 2, de son côté, évoquera la légende par le petit bout de la lorgnette avec la mélodramatique fiction Callas et Onassis, avec Luisa Ranieri et Gérard Darmont (samedi à 15h00). Sur les ondes, France Musique fera davantage en consacrant une journée spéciale dimanche (de 7h00 à minuit) à l’artiste, par ailleurs évoquée chaque jour jusqu’au 30 septembre sur l’antenne de Radio Classique. Il a coulé tellement d’encre sur le mythe Callas que les nouveaux livres auraient pu se faire plus rares. Mais le journaliste Bertrand Meyer-Stabley juge encore utile de révéler à ses lecteurs La véritable Maria Callas (Pygmalion). Ève Ruggieri parle elle-même de sa biographie (La Callas, Michel Lafon) comme d’un « soap opera ». L’ami des stars Henry-Jean Servat signe un Maria Callas (Albin Michel) très illustré, tandis que la pianiste Mélisande Chauveau tente avec Moi, la Callas (Scali) une « autobiographie apocryphe ». Les enfants seront peut-être plus gâtés puisque l’éditeur Didier Jeunesse leur a préparé un livre-disque La Callas, une invitation à l’opéra. Enfin, le « callassophile » pourra faire un détour par l’Internet, qui regorge de réalisations de fans (comme, en français, le richement informé callas.free.fr), notamment sur le réseau communautaire MySpace et sur les sites de partage de vidéos YouTube et Dailymotion. Benoît FAUCHET (AFP)