La princesse est décédée il y a 25 ans, lors d’un accident de voiture Monaco, entre « kellymania » du public et sobriété princière, se souvient de Grace

Monaco célébrera vendredi en toute discrétion les 25 ans de la mort, le 14 septembre 1982, de Grace Kelly, alors que la rétrospective consacrée cet été en principauté à l’ancienne actrice américaine devenue princesse monégasque a battu des records d’affluence. Pas d’événement officiel, mais une messe à caractère privé en fin d’après-midi dans la chapelle du palais princier : la principauté, spécialiste des cérémonies fastueuses, a opté pour un hommage pudique à la mère du prince Albert II, des princesses Caroline et Stéphanie, décédée à 52 ans des suites d’un accident de voiture. Loin d’être exclu de la célébration, le grand public a pris de l’avance : depuis le 12 juillet, plus de 90 000 personnes ont franchi les portes du Grimaldi Forum de Monaco pour visiter l’exposition « Les années Grace Kelly », 4 000 m2 de documents inédits – robes, accessoires, films, lettres, photos – qui retracent l’itinéraire d’une des grandes étoiles féminines du XXe siècle, de sa naissance à Philadelphie en 1929, à ses années monégasques à partir de son mariage avec Rainier en 1956, en passant par sa carrière à Hollywood, où Hitchcock en fit son égérie. Voulue par le prince Albert et ses sœurs, l’exposition est, à sa façon, l’hommage le plus sincère que pouvaient lui rendre ses enfants. Ils ont en effet accepté d’ouvrir chambres et coffres du palais pour livrer des souvenirs de famille intimes, qui y dormaient depuis un quart de siècle. « C’est la première fois depuis la mort de la princesse que sa mémoire est évoquée aussi librement, note un fin connaisseur de la principauté. Durant le règne de Rainier, ça n’aurait pas été possible, il y avait comme une chape de tristesse autour de son nom. Même quand la télé rediffusait un vieux Hitchcock, les Monégasques pensaient “Oh là là ! Le prince va encore être malheureux !” » Pour la première fois également, des objets souvenirs estampillés du monogramme de la princesse Grace ont été édités : cahiers, maroquinerie, linge de maison, décorés de fleurs que la princesse aimait tant, ou carré Hermès ressorti et recoloré par la célèbre maison. Après cette parenthèse de vingt-cinq ans, l’engouement du public et l’affection manifestée à l’égard de celle qui, aux côtés de Rainier, a réveillé la principauté, semblent intacts. « À la clôture de l’exposition, le 23 septembre, nous atteindrons certainement 110 à 115 000 visiteurs, c’est d’ores et déjà l’exposition estivale du Grimaldi Forum qui a connu le plus de succès », se réjouit Hervé Zorgniotti, directeur de la communication qui note aussi la couverture « sans précédent » de la presse internationale. L’exposition, après Monaco, sera à Paris et à Londres, puis aux États-Unis. « On constate que les gens passent plusieurs heures dans l’exposition, c’est inhabituel. Il y a vraiment des fanatiques, comme cette dame qui est revenue cinq jours de suite. J’ai reçu un mail d’une habitante de Mulhouse qui m’a dit avoir fait l’aller-retour dans la journée pour voir l’expo ! » Sur le dixième tome du livre d’or de la manifestation, les mêmes mots reviennent sous la plume des visiteurs – étrangers pour moitié, Italiens en tête – , selon M. Zorgniotti : « Rêve, conte de fées, charme, beauté, classe, tendresse, émouvante, admirable, généreuse, simple. » Michael O’Laughlin couche sur la page blanche qu’à l’issue de la visite, il est « fier d’être irlandais », comme le père de Grace Kelly. La main sur le cœur, une habitante de la principauté confie près de la sortie : « On aimerait bien que son fils “en prenne” une comme ça. »