La technologie «sémantique» reconnaît des expressions et les relations entre les mots, et peut exploiter des bases de données et l'Internet pour y trouver des destinataires. Une version expérimentale est déjà testée depuis plusieurs années par M. Genesereth et d'autres chercheurs, à Stanford, en Irlande et en Autriche.
L'essai se serait révélé tellement concluant que 6000 personnes travaillant à la faculté informatique de Stanford vont y participer cette année. Ensuite, l'ensemble du campus pourrait participer à l'expérience et, après ça... «qui sait?». Plusieurs grosses sociétés se seraient déjà montrées intéressées.
Dans la pratique, si on veut envoyer un courriel au responsable d'un service, ou à des collègues d'un groupe de travail, cela apparaît dans le système de la messagerie, qui ensuite détermine tout seul les destinataires.
«En un sens, le carnet d'adresse devient obsolète», résume M. Genesereth. «Il y a beaucoup de données sur les gens et les organisations - c'est disponible sur le Web, et nos programmes doivent être capables de les exploiter», fait-il valoir. Dans un premier temps, la «messagerie sémantique» s'adresse aux sociétés souhaitant voir leurs employés exploiter plus efficacement les répertoires internes.
Puis, quand les sociétés partageront leurs données avec des partenaires et que l'information disponible sur Internet deviendra plus fiable, les messageries sémantiques devraient connaître une «croissance virale», à en croire M.
Genesereth.
Le risque à première vue est le développement exponentiel de «pourriels sémantiques», mais à en croire le chercheur, il y a peu à craindre de ce côté là. «C'est drôle, mais vrai», explique M. Genesereth: «On pourrait viser spécifiquement le public qu'on recherche». En pratique, «il y aurait moins besoin d'envoyer des avalanches de courriers non sollicités dans un monde de messagerie sémantique: au lieu d'envoyer des messages à tout le monde, vous pourriez souhaiter les envoyer spécifiquement aux gens risquant effectivement d'être intéressés», estime-t-il.
En outre, la technologie pourrait inclure un filtre éliminant certains expéditeurs, de façon plus efficace qu'actuellement. Pour l'instant, la plupart des messageries filtrent les «pourriels» en repérant des expéditeurs inscrits sur des listes actualisées régulièrement, mais le dispositif est facilement éludé par des spameurs qui changent perpétuellement d'adresse Internet.» Les problèmes qui se posent avec le courriel sémantique ne sont pas différents de ceux du courriel actuel», estime M. Genesereth: «Si ma messagerie sait qui m'envoie un message, je peux utiliser un filtre intelligent.»