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Actualités - OPINION

La francophonie impuissante

Ça fait mal au cœur d’un francophone de se plaindre de l’impuissance de la francophonie. Ça fait mal au cœur d’un francophone d’entendre un lauréat, écrivain ou poète francophone, répétant au moment de recevoir son prix : « Je ne sais pas si la francophonie survivra et si mes enfants liront un jour mes livres. » Et ça fait mal au cœur d’un francophone d’entendre qu’il lui faut un « board » américain pour pouvoir trouver une place dans un pays francophone. Ça fait mal au cœur, ça fait vraiment mal au cœur d’un francophone bien né. Non seulement pour la francophonie, mais aussi et surtout par respect pour les femmes et les hommes que nous avons côtoyés. Ils sont des grands parmi les grands de ce monde. Ils nous ont éblouis par leur connaissance, leur intelligence et leur labilité. Ils nous ont surpris par la grandeur de leurs âmes, passant parfois outre les lois francophones pour aider quelqu’un digne d’être soutenu. Et vous savez quoi ? Nous devons les nier, les trahir, les maudire, les persécuter pour pouvoir trouver une place dans un lieu francophone au sein d’un pays francophone. Eh bien nous ne l’avons pas fait et nous ne le ferons pas. Non seulement par respect pour eux et pour la littérature française « ancienne », mais surtout pour la francophonie actuelle. Non, nous ne trahirons pas la francophonie pour une place promise, « volée » et qui nous revient de droit. Non, nous ne nierons pas les francophones que nous respectons et honorons, et qui nous ont permis de réaliser le rêve qui nous a tant hanté pour les remplacer par d’autres, certes aussi grands qu’eux, mais avec lesquels la communication ne sera pas aussi simple, aussi agréable et aussi touchante. Il suffit ne pas contenir le charme du français, l’adjectif placé à la fin de la phrase, le zèle des ailes des mots « bien placés » reflétant la vivacité de l’esprit et le jeu des mots contenant l’harmonie de la contradiction, le français, quoi, pour qu’elle ne passe pas. Et ce n’est pas tout. Ce ne sera jamais tout, mais un bout d’un peu du tout. Où est la diplomatie francophone ? Où est la politique francophone ? Si elles ne peuvent pas se mesurer à l’américaine ou tenir tête à l’anglaise, qu’on se le dise, qu’on l’avoue et qu’on se retire de la scène internationale. Pourquoi construire des palais en Espagne alors que la francophonie tremble de froid dans sa vieille demeure par manque de pétrole ? Pourquoi s’acharner à défendre ce qui est perdu et perdant ? Pourquoi périr à petit feu d’impuissance ? Pourquoi s’affirmer devant le déluge ? Nous, les francophones actuels, les perdants, sommes prêts à mourir en dignité, les larmes au cœur (pour pleurer en cachette) et la tristesse aux yeux (pour ne pas perdre le sens de l’humanisme) avec l’espoir de sauver les générations à venir de la honte et de l’amertume. Qu’on se le dise sans détour ou qu’on se révolte sans retard. Si ce n’est pas pour ceux que nous aimerons et admirerons, que ce soit pour ceux que nous avons aimés et admirés. C’est la honte pure de perdre ainsi la face alors qu’on est capable de triompher. Ne fut-ce qu’en s’imposant comme une autre puissance que la francophonie triomphe. Il lui suffit d’être la porte-parole de toutes celles et tous ceux qui refusent de mourir en silence sous le joug de l’injustice pour ne pas perdre la face. Dieu est juste, la francophonie est juste ou elle doit s’efforcer de l’être. Qu’on se le dise. Dr Walid Wahib NAJJAR
Ça fait mal au cœur d’un francophone de se plaindre de l’impuissance de la francophonie. Ça fait mal au cœur d’un francophone d’entendre un lauréat, écrivain ou poète francophone, répétant au moment de recevoir son prix : « Je ne sais pas si la francophonie survivra et si mes enfants liront un jour mes livres. » Et ça fait mal au cœur d’un francophone...