Rechercher
Rechercher

Actualités - REPORTAGE

Un programme conjoint du PNUD et du CDR qui encourage les émigrés à séjourner au pays « Tokten » permet aux Libanais de la diaspora de transférer leur savoir-faire à leurs compatriotes

Ils ont quitté le Liban à la recherche de meilleures opportunités ailleurs. Ils ont suivi des études, participé à des stages et trouvé du travail à l’étranger. Ils se sont établis sous d’autres cieux, mais n’ont jamais oublié leur pays natal. Dans le cadre d’un programme mis en place par le PNUD, conjointement avec le CDR, et intitulé Tokten (Transfer of Knowledge Through Expatriate Nationals), ces spécialistes, ayant quitté jeunes le Liban, rentrent au pays le temps de transmettre leur savoir-faire à des experts du service public. Ils viennent de France, des États-Unis, du Canada, du Royaume-Uni et d’autres pays de la diaspora. Ils passent un ou deux mois au Liban à travailler au quotidien dans les administrations. Ils ne touchent pas de salaires et espèrent revenir un jour s’établir, avec femme et enfants, au pays natal. Nabil Hourani, Faraj Abdelnour et Ziad Habib ont beaucoup de points communs. Ils ont réussi à l’étranger. Ayant envie de rentrer au Liban, ils sont venus transférer leur savoir-faire à leurs compatriotes. L’opération a été possible grâce au programme Tokten. Arianne Elmas est directrice de Tokten, un programme créé par le PNUD et qui existe dans plusieurs pays du monde, notamment les territoires palestiniens, la Syrie, le Pakistan et divers États d’Afrique. Elle souligne que le projet a été lancé au Liban en 1995. Une deuxième phase a suivi en décembre 2005. Le programme est simple. Tokten possède une base de données composée de CV d’expatriés libanais qui aimeraient prendre part à ce projet. Elle fonctionne selon la demande. Ainsi, une administration, un ministère par exemple, dépose une demande – s’il recherche des experts – auprès du CDR. Le CDR intervient auprès de Tokten, donne des détails sur le profil recherché. Tokten consulte sa banque de donnée pour trouver le spécialiste dont le profil répond à la demande effectuée. Plusieurs associations de Libanais à l’étranger ainsi que des compagnies libanaises établies ailleurs figurent sur le carnet d’adresse de Tokten. Il y a aussi le bouche-à-oreille ; les Libanais établis à l’étranger sont informés par un tiers de Tokten. Ils entrent donc en contact avec le projet et envoient leurs CV. Le financement du projet se fait par la République libanaise à travers le CDR. Parfois, ce sont les expatriés qui participent au financement. Ainsi, Mme Elmas n’est pas près d’oublier une personne qui avait posté son CV et qui a ensuite octroyé un don pour financer un projet à l’hôpital universitaire Rafic Hariri, afin de développer le service d’oncologie de l’institution libanaise en coopération avec le centre américain de lutte contre le cancer M.D. Anderson. Des volontaires « Les experts de Tokten viennent au pays tout au long de l’année. Ce sont des personnes qui sont très contentes de transférer leur savoir-faire à leurs compatriotes. Ces spécialistes croient vraiment au changement. Ils veulent contribuer au développement de leur pays », indique la directrice du programme, soulignant que « ces experts, qui gagnent très bien leur vie à l’étranger, viennent au Liban en tant que volontaires ». « Nous assurons uniquement le prix du billet d’avion, en classe économique, et les commodités », dit-elle. L’équivalent des commodités peut être versé en liquide, compte tenu du fait que certains expatriés restent chez des membres de leur famille. Évoquant les experts qui ont déjà séjourné au Liban, Mme Elmas mentionne un spécialiste qui est venue travailler au ministère de l’Industrie, du temps du ministre Pierre Gemayel. Son projet était d’aider les petites et moyennes entreprises à fusionner afin qu’elles deviennent plus rentables et productives. Léon Chamah, la trentaine, habitait le Canada quand il a pris part au projet. Un peu plus tard, il a decidé de rentrer définitivement au pays. Il s’est donc réinstallé au Liban juste après la guerre de juillet 2006. Toujours concernant les experts, Mme Elmas indique que depuis le lancement de la deuxième phase du projet en 2005, sept spécialistes sont venus au Liban. Ils ont travaillé dans diverses regions du pays et auprès de plusieurs ministères. Nabil Hourani est ingénieur en ponts et chaussées. Il est responsable du département des autoroutes dans l’État du Massachusetts. Il a passé un mois au Liban, formant les ingénieurs du ministère des Transports et des Travaux publics. Hourani a 50 ans. Originaire de Marjeyoun, il s’est établi aux États-Unis, il y a vingt ans. Durant cette période, il est venu quatre fois au Liban, trois fois pour des vacances en famille et cette dernière fois pour du travail. Orienté par l’American Lebanese Engineering Society, il a présenté son CV à Tokten, en avril dernier. Son profil a vite été sélectionné. Il est venu au Liban le mois dernier, cette fois-ci sans son épouse d’origine libanaise et ses quatre enfants. Hourani évoque « un devoir moral d’aider le Liban et son gouvernement ». « J’aime mon pays et je veux l’aider à progresser », dit-il, soulignant qu’au Liban, « il ne faut pas que les gens perdent les capacités qu’ils ont ». Nabil Hourani, qui projette de prendre sa retraite au Liban, dans quinze ans, rêve vivre dans la maison de ses grands-parents à Marjeyoun. Le changement Faraj Abdelnour, ingénieur biomédical, vit en France depuis 23 ans. Dans le cadre d’un projet de Tokten, relatif à la modernisation des hôpitaux publics, le spécialiste séjourne deux fois par an au Liban. C’est avec beaucoup d’enthousiasme qu’il parle du programme d’accréditation des hôpitaux qu’il supervise et qui doit être mis en place notamment dans les hôpitaux gouvernementaux de Saïda, Zahlé, Tripoli, Bir Hassan et Dahr el-Bachek. Faraj Abdelnour, originaire de Bhamdoun, est payé en France 225 euros l’heure de travail. Dans le cadre de Tokten, il est tout simplement volontaire. Il tient à faire profiter le Liban de son expérience. « Même si le programme que nous sommes en train de mettre en place n’est pas suivi à la lettre, il déclenchera un changement. Il faut bien commencer par quelque chose », dit-il. Faraj qui « prend vraiment à cœur ce qu’il fait », met l’accent sur son « attachement au pays natal ». D’ailleurs, cet été quand il a séjourné au Liban dans le cade du pogramme de Tokten, il a emmené avec lui sa famille composée de son épouse et de ses trois enfants. Abdelnour, âgé de 46 ans, qui a un frère ingénieur établi au Canada, estime que les Orientaux ont beaucoup de mal à se défaire des attaches qui les lient à leur pays natal. Il a plusieurs amis libanais qui, comme lui, aimeraient rentrer un jour au pays. D’ailleurs, l’un d’entre eux, originaire de Ain Ebel, rentrera pour un court séjour au Liban dans le cadre du programme Tokten. Ziad Habib, vit lui aussi en France. Il est marié à une Libanaise et il est le père d’un petit garçon. Il rentre souvent au Liban pour les vacances, mais ceci ne lui suffit pas. Il rêve de s’installer durant quelques années au Liban, d’y trouver du travail, même s’il sait qu’il ne sera pas aussi bien rémunéré qu’en France. Ziad, qui est originaire de Hadatoun (caza de Batroun) et qui a quitté le Liban il y a 17 ans, est ingénieur agronome. Dans le cadre de Tokten, il travaille sur le développement d’un projet visant à mettre en place des coopératives d’utilisation de matériel agricole (CUMA). « En France, il existe 13 000 CUMA pour 250 000 agriculteurs. Il faut réussir à mettre en place ce genre de projets pour aider les agriculteurs libanais. J’aimerai les faire profiter de mon expérience. Au Liban, nous importons 80 % de nos besoins alimentaires, mais nous avons un potentiel à développer », explique-t-il. Tout comme les autres spécialistes, Ziad Habib croit au changement. « Il faut aussi avoir de la volonté et y croire » indique-t-il. Il tient à rentrer au Liban et le projet de Tokten est une ouverture pour lui. Si le projet des CUMA, qui est actuellement en cours d’étude, est exécuté, Ziad Habib qui a aussi un frère au Canada, rentrera au Liban. Pour plus d’informations au sujet de Tokten, consultez le site Internet du programme à l’adresse suivante : www.toktenlebanon.org Patricia KHODER

Ils ont quitté le Liban à la recherche de meilleures opportunités ailleurs. Ils ont suivi des études, participé à des stages et trouvé du travail à l’étranger. Ils se sont établis sous d’autres cieux, mais n’ont jamais oublié leur pays natal. Dans le cadre d’un programme mis en place par le PNUD, conjointement avec le CDR, et intitulé Tokten (Transfer of Knowledge...