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Actualités - CHRONOLOGIE

CORRESPONDANCE - Mark Richards, un photographe « geek » d’informatique Un chantre de l’âme des vieux ordinateurs WASHSINGTON,d’Irène MOSALLI

Très beau papier glacé, images en couleurs d’un style abstrait géométrique, reliure de qualité… Tous les ingrédients du livre d’art, appelé aux USA « Coffee Table Book » et qui est autant décoratif qu’informatif. C’est ainsi que se présente un ouvrage intitulé Core Memory : A Visual Survey of Vintage Computers (Au cœur de la mémoire : un survol visuel des premiers ordinateurs). Leur auteur, Mark Richards, a certes fait œuvre d’art, mais à partir d’un matériau relevant de la pure technologie et, en principe, étranger au concept esthétique. À l’origine, Richards était un photographe-journaliste qui avait collaboré avec les titres suivants : Times, Newsweek et Los Angeles Times. Un jour, après avoir déambulé au Computer History Museum en Californie, il a été fasciné par les anciens modèles d’ordinateurs. Dans ce musée high-tech – abritant notamment le premier serveur Google et Univac 1, le premier ordinateur commercial –, il a vu plus que des performances d’ingénierie. Il a vu de la beauté. Voulant aller encore plus loin dans cette exploration, il braque durant trois mois sa caméra sur tous les angles du musée de Silicone Valley. « J’ai vécu si longtemps avec ces machines, explique-t-il, qu’elles sont devenues comme ces parents que l’on aime et que l’on hait à la fois. » Une telle familiarité n’a jamais été l’apanage de la photographie d’art de la machinerie industrielle, comme en témoignent les travaux des artistes du genre. Ainsi, dans les photographies de Margaret Bourke-White (un barrage dans le brouillard, ou les cheminées des usines) et de Charles Sheeler (les équipements presque cliniques de Ford Motor), il y avait toujours une distance entre le spectateur et le sujet mécanique. Alors que dans les images de Mark Richards, on se retrouve à l’intérieur même de la machine et, au lieu de lui être aliéné, on est attiré par ses formes et sa texture. Les câbles jaunes d’un modèle IBM ressemblent aux racines pendantes d’une plante. Ailleurs, le photographe voit dans les entrelacs de fils rouges et bleus d’un ordinateur le tracé des veines d’un corps humain qui lui rappelle les illustrations anatomiques du temps de De Vinci. Il a été frappé par ces formes « organiques et par ces machines-créatures directement issues d’une science-fiction ». Comme ces merveilleux fous des machines… Mark Richards démystifie la technologie jusqu’à un certain point. Il montre les disques durs, les bandes magnétiques, les plaques-mémoires, les tubes, les lumières, tout en conservant un élément mystère exaltant la forme au détriment de l’utilitaire. En jouant notamment de son zoom sur le cœur magnétique de l’appareil, il obtient un cadre doré, tissé de fils rouges retenus par des rangées de pointes métalliques. Ceci pour dire « la force magnétique qui donne à des anneaux et à des câbles l’habilité d’emmagasiner des informations ». À noter que ce photographe est doublé d’un « geek » (ou fou) d’informatique. À partir de différentes pièces détachées, éparses çà et là autour de sa maison, il aime bâtir ses propres ordinateurs. Sur ses photos et ce genre de savants bricolages, la touche humaine n’est jamais absente. On connaissait Ces merveilleux fous volant dans leurs drôles de machines (Those magnificent men in their flying machines). Lui, c’est un fou de machines pensantes.


Très beau papier glacé, images en couleurs d’un style abstrait géométrique, reliure de qualité… Tous les ingrédients du livre d’art, appelé aux USA « Coffee Table Book » et qui est autant décoratif qu’informatif. C’est ainsi que se présente un ouvrage intitulé Core Memory : A Visual Survey of Vintage Computers (Au cœur de la mémoire : un survol visuel des premiers...