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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES - Dans le cadre de la 6e Biennale internationale d’art naïf Le spectacle des corps à Laval

En 1967, alors que l’art naïf connaissait une juste consécration à Laval, la ville natale du Douanier Rousseau, c’est l’art brut puis l’art singulier qui lui ravissaient la vedette au musée des arts décoratifs. Plus sauvages, perçues comme faiblement figuratives, ces nouvelles formes d’expression artistique non seulement semblaient bien éloignées des canons « académiques » de l’art naïf, mais aussi s’inscrivaient mieux, en apparence, dans une réflexion renouvelée sur « l’expression » personnelle. Depuis 1997, la Biennale internationale d’art naïf démontre l’étonnante vitalité de ces pratiques plastiques populaires et autodidactes. Son édition de 2007 se propose d’expliciter, autour de la question du corps, les « liaisons dangereuses » entretenues entre artistes naïfs et singuliers. C’est l’occasion de mener une réflexion plus générale sur l’art naïf. Des critères formels trop hâtivement établis Ces nouveaux primitifs, comme les peintres singuliers, ont été opposés à leurs prédécesseurs naïfs, à partir de critères formels hâtivement établis. On oubliait leur parenté sociologique – il s’agit de deux mouvements d’individuels issus des milieux populaires – et artistique – ce sont deux courants autodidactes – , mais aussi l’étrange similitude du discours tenu sur leurs œuvres. La folie, la transe ont été des explications retenues dès le XIXe siècle, bien avant l’art brut, pour expliciter l’œuvre du Douanier Rousseau. Et l’isolement des uns rejoint l’isolement des autres : c’est au nom d’une trop grande proximité avec les élites artistiques qu’intervinrent chez les naïfs – avec Utrillo – ou chez les artistes bruts puis singuliers – avec Gaston Chaissac, Leb, ou Lacoste – les premières exclusions... Une approche narrative du réel Aujourd’hui, souvent regroupés sous le terme de « franche création » ou d’ « art outsider », naïfs et singuliers, marginaux de l’art, coexistent. Reconnus figuratifs, ils représentent deux pôles unis par d’infinies variations de style, où le corps fait l’objet d’un traitement dédoublé mais toujours hiératique. La force et la fraîcheur de cette approche narrative du réel, source d’inspiration constante pour les « civilisés » de l’art, méritaient une première grande confrontation dans la « capitale » d’un département qui compte autant de « grands naÏfs » (Rousseau, Trouillard, Lefranc, Le Fresne) que de singuliers (Lacoste, Leb, Lorand, Rigal, Tatin notamment). Elle s’inscrit bien dans la politique d’exposition de la ville qui, cette année, s’intéresse à la place du corps dans la création contemporaine. Des naïfs aux singuliers Les deux lieux d’exposition, le Musée du vieux château et le Musée-école de La Perrine, permettent de découvrir, ou redécouvrir, toutes les tendances. De Gaston Chaissac (Avallon, 1910-Vix, 1964), un des expérimentateurs mythiques de l’art français de la seconde moitié du XXe siècle, à Leb (Laval, 1949), qui refuse toute appartenance à une école. Joël Lorand (Paris, 1962), dont l’œuvre est peuplée de visages angoissés et de corps gravides. Ou les œuvres inclassables aux limites de l’art brut, de l’art naïf et du surréalisme de Jacques Reumeau (Laval, 1947-1987). Ou encore les assemblages sophistiqués de bois flottés, racines et métaux rouillés, que Ghyslaine et Sylvain Staëlens (Paris, 1960 et 1968) créent ensemble depuis 1998. Mais aussi André Bauchant, Baya, Colette Beleys, Chris Besser Anselme Boix-Vives, Camille Bombois, Daniel Ferrara, Serge Fiorio, Josip Generalic, Pietro Ghizzardi, Alain Lacoste, Éva Lallement, Gabriel Le Guern, François Monchâtre, Maurice Pozetto, Antoine Rigal Sanfourche, Louis Vivin…
En 1967, alors que l’art naïf connaissait une juste consécration à Laval, la ville natale du Douanier Rousseau, c’est l’art brut puis l’art singulier qui lui ravissaient la vedette au musée des arts décoratifs. Plus sauvages, perçues comme faiblement figuratives, ces nouvelles formes d’expression artistique non seulement semblaient bien éloignées des canons « académiques »...