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Actualités - REPORTAGE

Reportage Après 46 ans de séparation, une Allemande veut revoir son mari nord-coréen

Séparée de l’homme qu’elle aime par la guerre froide, une Allemande de 70 ans a lancé un vibrant appel, jeudi dernier à Séoul, aux dirigeants des deux Corées pour revoir son époux nord-coréen dont elle est sans nouvelles depuis près d’un demi-siècle. En visite à Séoul, Renate Hong en a appelé au président Roh Moo-hyun et à son homologue nord-coréen Kim Jong-il pour retrouver l’homme qu’elle n’a cessé d’aimer. Lors d’une conférence de presse, Mme Hong a exhibé un pétale de fleur de lotus: « C’est un cadeau de mon mari (...) Je le conserverai jusqu’à ma mort », a-t-elle dit. Le couple qui habitait en ex-RDA fut séparé après seulement quatorze mois de vie commune lorsque Hong Ok-geun reçut l’ordre de regagner Pyongyang, en 1961. Elle reçut une cinquantaine de lettres pendant les deux premières années. Puis plus rien. Les appels à l’ambassade de Corée du Nord sont restés lettre morte. « Mon espoir de pouvoir revoir mon mari grandit sans cesse. J’espère que Hong Ok-geun pourra rencontrer ses deux fils aujourd’hui adultes », dit-elle. Et elle place tous ses espoirs dans le sommet intercoréen prévu du 2 au 4 octobre à Pyongyang, censé consacrer le rapprochement entre les deux entités de la péninsule. En février, la Croix-Rouge allemande était parvenue à localiser l’époux de Mme Hong, lequel a entre-temps fondé une nouvelle famille en Corée du Nord. « Je sais bien que je n’ai aucun avenir avec lui, mais je veux le revoir, et parler de la façon dont nous avons vécu et dont il a vécu, lui, depuis tout ce temps », explique Renate. « Il fut mon premier amour et sera le dernier », glisse-t-elle. Le couple s’était rencontré en 1955. Renate et Ok-geun étudiaient alors la chimie à l’Université de Jena (Allemagne), où Renate vit toujours. Elle avait 18 ans et lui 21 ans. « On discutait lors des interclasses. La première fois que je l’ai vu, j’étais sous le charme », se souvient-elle. Ils se marient en février 1960 et un premier fils naît quatre mois plus tard. Mais le bonheur est de courte durée. En avril 1961, le régime stalinien de Pyongyang somme le jeune homme et les autres étudiants nord-coréens de regagner leur pays, probablement de peur qu’ils ne fassent défection vers l’Allemagne de l’Ouest. Renate, à la retraite depuis 1997 après avoir enseigné la chimie, ne s’est, elle, jamais remariée et éleva ses deux enfants seule. De ce passé qu’elle souhaite aujourd’hui raviver ne reste qu’une photo en noir et blanc, réminiscence d’un bonheur éphèmère. « C’est la seule photographie de famille », confie-t-elle. JUN Kwan-woo (AFP)
Séparée de l’homme qu’elle aime par la guerre froide, une Allemande de 70 ans a lancé un vibrant appel, jeudi dernier à Séoul, aux dirigeants des deux Corées pour revoir son époux nord-coréen dont elle est sans nouvelles depuis près d’un demi-siècle.
En visite à Séoul, Renate Hong en a appelé au président Roh Moo-hyun et à son homologue nord-coréen Kim Jong-il pour...