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Liban - Commentaire

Les législatives sous la menace des développements extérieurs

Le tableau régional n'est pas clair, c'est le moins qu'on puisse dire. Ainsi, l'on ne sait pas comment vont évoluer ces rapports de force entre l'axe saoudo-égyptien et le tandem irano-syrien qui pèsent si lourd sur la scène locale. Une escalade sur ce front extérieur pourrait bien entraîner un report forcé des législatives. Ou, bien pire, les marquer du sceau de heurts sanglants. Sans compter la perspective lancinante d'une reprise des assassinats politiques.
L'on doit également prendre en compte le volet palestinien. Pour certains observateurs, il reste central, même par rapport à la situation libanaise. Ils expliquent en effet que des tractations entre les deux principaux camps palestiniens pour la formation d'un cabinet d'union dépend du lancement d'une négociation sérieuse avec Israël. En vue d'une paix qui désamorcerait les conflits et les surenchères, prenant comme pivot, ou prétexte, la question palestinienne.
Dans cette optique, poursuivent ces sources, si les Palestiniens des territoires et de Gaza ne parviennent pas à s'entendre, leur querelle ne manquerait pas de s'envenimer provoquant de dangereuses retombées dans les camps du Liban. Car Khaled Mechaal, numéro un politique du Hamas, est très clair : il exige un ordre de pouvoir unifié ayant autorité sur les réfugiés expatriés autant que sur les résidents de l'intérieur. C'est d'ailleurs à Damas, où ce leader est installé, que l'on parle d'organiser prochainement un congrès palestinien général. Quant au président Mahmoud Abbas, il continue à soutenir, pour le moment, que pour engager un dialogue interne, il faut d'abord que le Hamas reconnaisse la légitimité de l'OLP.
Globalement, le Fateh est pour la négociation avec Israël et le Hamas pour la résistance armée. La recrudescence du conflit interpalestinien pourrait provoquer une confrontation ouverte entre Gaza-Hamas et Fateh-Cisjordanie. Avec, bien évidemment, évaporation immédiate du rêve d'un État unifié.
Bien entendu, une aggravation du bras de fer conduirait les Arabes à se diviser encore plus. L'appel à l'unité lancé par le roi Abdallah d'Arabie saoudite au sommet du Koweït tomberait pour de bon à l'eau.
Cette invite est d'ailleurs déjà assez mal accueillie par le président syrien Bachar el-Assad qui y répond en affirmant qu'il ne s'agit pas de siéger les uns aux côtés des autres pour se déclarer réunifiés, mais d'engager un dialogue, nécessairement long, pour une véritable réconciliation politique. Autour d'une vision déterminée du tableau. Il ajoute que la bataille de Gaza a mis en relief un conflit interpalestinien, mais également une dispute interarabe qui n'est pas sans effet sur ce dossier. En précisant que la Syrie soutient l'option de la résistance. Car, selon lui, les précédents pourparlers directs avec Israël ont prouvé que cet État ne veut pas de la paix. Et qu'il ne pourrait en être autrement qu'avec un Premier ministre israélien fort, capable de réaliser la paix, un chef de gouvernement faible ne pouvant que favoriser la guerre.
On ne doit pas oublier l'Iran. Son rôle ultérieur peut être gravissime pour la région. L'un de ses principaux dirigeants, Ali Larijani, soutient que la victoire de la résistance à Gaza constitue le coup d'envoi de l'effondrement d'Israël. Il lance aux Arabes que l'État hébreu leur tend des traquenards à tous. Et que la question de Gaza concerne son pays, sa sécurité et son indépendance même, au plus haut point. En reprochant enfin à l'Égypte une attitude qui n'aide pas à résoudre la crise de Gaza mais l'aggrave.
De son côté, le président Ahmadinejad déclare que la guerre de juillet 2006 au Liban a réduit en pièces le prestige de l'entité sioniste. Qui a pensé se rattraper sur le maillon de Gaza, présumé plus faible. Pour aller en fait droit dans le mur, selon lui. Il avertit enfin que la révolution islamique ne se confine pas aux frontières iraniennes.
Un message qui concerne au premier chef les Libanais. Dont les divisions persistent et risquent de s'aggraver, au fil des développements extérieurs. On les voit, de la sorte, passer aux côtés de cette logique élémentaire qui voudrait que l'on confie au président-arbitre de consensus le soin de régler des litiges finalement ineptes, comme les nominations ou le budget. Ineptes mais fortement préjudiciables, en termes d'intérêt national.
Le tableau régional n'est pas clair, c'est le moins qu'on puisse dire. Ainsi, l'on ne sait pas comment vont évoluer ces rapports de force entre l'axe saoudo-égyptien et le tandem irano-syrien qui pèsent si lourd sur la scène locale. Une escalade sur ce front extérieur pourrait bien entraîner un report forcé des législatives. Ou, bien...
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