Actualités - OPINION
Avertissement et contre-menaces à peine voilées en direction de la Syrie Émile KHOURY
Par KHOURY Emile, le 31 août 2007 à 00h00
Un ministre particulièrement bien informé mise gros sur la probabilité d’une présidentielle dans les délais légaux. Pourquoi ? Parce que, répond-il, les Arabes et la communauté internationale ont fait comprendre sans ambages à la Syrie qu’elle a tout intérêt à ne pas faire torpiller cette échéance. Étant donné, lui ont-ils remontré, qu’un sabotage éventuel de l’élection provoquerait à coup sûr une anarchie qui ne s’arrêterait pas, tant s’en faut, au Liban. Le message prévient donc les Syriens : si vous vous amusez à faire joujou avec la présidentielle libanaise, des troubles vous attendent chez vous.
Idem à l’adresse des obstructionnistes locaux. Les mêmes instances étrangères leur ont signifié qu’ils auraient un prix très lourd à payer s’ils torpillaient, entravaient ou retardaient la procédure constitutionnelle. En leur précisant qu’ils se trompent gravement s’ils supposent qu’une anarchie découlant du vide institutionnel leur serait profitable. Car à ce moment, les pays, les États qui sont derrière eux, se retrouvant eux-mêmes en plein désordre, ne pourraient plus les soutenir dans leur confrontation avec les autres parties locales.
Compensation nuancée
Cependant, pour mieux faire passer la pilule, l’on a également informé la Syrie que, pour prix de sa coopération, elle obtiendrait un président libanais qui ne lui serait pas hostile, sans pour autant être à sa botte.
Les conciliateurs prennent soin d’insister sur ce point précis. La Syrie, soulignent-ils, ne doit pas tenter de décrocher de nouveau une présidence libanaise suiviste, à sa solde. Car le Liban doit se doter, pour la survie du pays et la stabilité de la région, d’un chef d’État soucieux avant tout d’en préserver la souveraineté, l’indépendance et la libre décision nationale.
Un président qui serait toutefois prêt à œuvrer pour la normalisation des relations bilatérales, dans un esprit de bon voisinage, au service des intérêts communs. Pour peu que la Syrie accepte le principe de la réciprocité, de l’équanimité, du respect mutuel de la souveraineté et de l’indépendance de chacun des deux partenaires. Acceptation syrienne qui, on s’en doute, n’est pas acquise d’avance…
Autre assurance fournie à Damas : le traitement du dossier des rapports bilatéraux se ferait tout à fait indépendamment du volet relatif au tribunal international mis en place pour juger de l’assassinat du président Hariri et des autres attentats commis au Liban. En d’autres termes, la Syrie peut se rassurer : il n’y aurait pas d’exploitation politique, à son détriment, de l’œuvre de justice.
Conditions de base
À terme, souligne le ministre cité, le « changement de mentalité » demandé à la Syrie induit qu’elle devra se soumettre aux conditions de base posées à partir du moment où le Liban s’est détaché de sa tutelle. Il s’agit, on le sait, de l’établissement de relations diplomatiques, du tracé des frontières, de l’homologation de la libanité des hameaux de Chebaa, du désarmement des organisations palestiniennes qui disposent de bases armées hors des camps. Ainsi que l’application complète des résolutions 1559 et 1701 qui chapeautent le tout. En ordonnant que le Liban puisse redevenir un État de droit, fort, souverain, bénéficiant du monopole des armes, contrôlant l’ensemble du territoire national, sans plus de milices ni d’îlots d’insécurité.
Un ministre particulièrement bien informé mise gros sur la probabilité d’une présidentielle dans les délais légaux. Pourquoi ? Parce que, répond-il, les Arabes et la communauté internationale ont fait comprendre sans ambages à la Syrie qu’elle a tout intérêt à ne pas faire torpiller cette échéance. Étant donné, lui ont-ils remontré, qu’un sabotage éventuel de...
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