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Liban - Sécurité

Écoutes : Promis, juré, la loi sera appliquée

Élias Murr a explicitement rendu hommage à Gebran Bassil qui, de son côté, a riposté contre les accusations qui l'ont visé. 
Comme annoncé à l'issue de la réunion du Conseil des ministres, vendredi, le Premier ministre Fouad Siniora a organisé hier, au Grand Sérail, une réunion d'étude du dossier des écoutes téléphoniques. Ont pris part à cette réunion, les ministres de la Défense, Élias Murr, de l'Intérieur, Ziyad Baroud, de la Justice, Ibrahim Najjar, et des Télécoms, Gebran Bassil, ainsi que le procureur général près la Cour de cassation, Saïd Mirza, le commandant en chef de l'armée, Jean Kahwagi, le secrétaire général du Haut Conseil de la défense, Saïd Eid, le directeur général des FSI, Achraf Rifi, le directeur général de la Sûreté générale, Wafic Jizzini, le directeur des RG de l'armée, Edmond Fadel, et le chef des RG des FSI, Wissam Hassan.
S'exprimant au nom des participants à l'issue de la réunion, Élias Murr a déploré le fait que « tous les dossiers soient politisés au Liban, y compris la sécurité de la population ». « Les écoutes téléphoniques visent à combattre le terrorisme et à préserver la sécurité du pays, a-t-il poursuivi. Le ministre des Télécoms nous a présenté toutes les données dont il dispose à cet égard. Son exposé a été pratique, technique et convaincant. (Gebran Bassil) poursuit le processus lancé par l'ancien ministre capable d'intercepter un vaste éventail d'appels téléphoniques, conformément à la loi. »
Le ministre de la Défense a aussi souligné que « la loi sera appliquée dès demain matin ». « Tout service de sécurité qui voudrait procéder à des écoutes devrait soumettre au préalable une demande confidentielle à son ministre de tutelle, expliquant notamment les motifs de sa démarche, a-t-il ajouté. De son côté, le ministre de tutelle transmettra la demande aux autorités compétentes, après en avoir informé le Premier ministre, pour assurer la transparence des démarches menées par les forces de sécurité. Nous avons placé la pierre angulaire du processus d'application de la loi. Et les Libanais doivent être certains à 99,99 % que les écoutes seront un outil pour lutter contre le terrorisme et non pour les surveiller. »
Élias Murr a également indiqué que « le centre technique d'écoutes téléphoniques que prépare le ministère des Télécoms sera placé sous l'autorité des forces de l'ordre dès le 1er avril ». « Le décret d'application de la loi sur les d'écoutes doit être quelque peu amendé vu qu'il a été émis en 1999 et que les technologies ont évolué depuis », a-t-il poursuivi.
Le ministre de la Défense a en outre riposté aux accusations de « recel d'information » formulées par certaines parties de la majorité à l'encontre de son collègue des Télécoms. « Gebran Bassil n'a privé personne d'information, a-t-il déclaré. Il a simplement demandé que certains points soient clarifiés avant d'autoriser la transmission de certaines données. C'est son droit et son devoir en tant que ministre. On lui avait soumis une demande dès son entrée en fonction. Il a pris un délai de réflexion d'une semaine. Par hasard, l'attentat de Behsas a eu lieu entre-temps. C'est regrettable, mais plusieurs explosions avaient ébranlé le pays auparavant, dont celle qui m'a visé personnellement. Et les forces de l'ordre n'ont pas pu appréhender les auteurs de l'attentat qui a failli me coûter la vie, bien qu'elles puissent accéder librement aux données. »
Répondant à une question portant sur la présence de l'officier Daniel Farès au ministère des Télécoms, information révélée par le chef du PSP, Walid Joumblatt, le ministre Murr a affirmé avoir lui-même détaché l'officier auprès de Gebran Bassil, à la demande de ce dernier. « Cet officier est uniquement chargé de contribuer à la répression des appels illégaux vers l'étranger qui privent le Trésor de recettes substantielles, a-t-il précisé. Comment peut-il procéder à des écoutes si le ministère ne dispose toujours pas de centre d'interception des appels ? La mission de cet officier devait prendre fin la semaine prochaine. Mais face à la polémique suscitée autour de sa présence, nous allons le garder en poste, au nom du respect dû aux forces de l'ordre. Le député Walid Joumblatt a le droit de soulever ce dossier car il en a beaucoup souffert par le passé. Ses craintes et ses questions sont justifiées. Et nous nous devions de clarifier ce point. »

La riposte de Bassil
Par ailleurs, le ministre Gebran Bassil a tenu une conférence de presse à Rabieh pour riposter aux accusations qui l'ont visé en ce qui concerne les écoutes téléphoniques illégales.
« J'ai décidé de m'exprimer à partir de Rabieh car ce dossier est devenu essentiellement politique, a-t-il ainsi déclaré. En effet, seul le ministre des Télécoms a été la cible de critiques, quand bien même ce dossier intéresse aussi mes collègues de l'Intérieur, de la Justice et de la Défense ainsi que le Premier ministre ».
« Normalement, en vertu de la loi, il y a deux recours possibles pour procéder aux écoutes. Au niveau juridique, seul un juge d'instruction peut soumettre une demande d'écoute téléphonique quitte à ce qu'elle soit motivée et justifiée, a-t-il expliqué. Néanmoins quelque 22 278 demandes ont été satisfaites entre le début de 2007 et le milieu de 2008. Chaque citoyen pouvait alors s'adresser à la justice pour avoir les informations qu'il désirait. Certains se sont même directement adressés aux opérateurs de téléphonie mobile. Des foyers ont été ruinés par ces violations de la loi. J'ai donc mis un terme à ces pratiques. »
« Au niveau administratif, la demande d'écoute doit passer par le ministre de tutelle, par le Premier ministre et par un comité ad hoc, a-t-il poursuivi. Sauf que cette procédure n'était pas respectée, au dam d'une tranche très large de la population. Ils ont enregistré des conversations entières et intercepté des SMS. Nous avons tenté de bloquer ce type de démarche. Ils nous ont donc accusés d'avoir entravé les enquêtes sur certains attentats en refusant de satisfaire des demandes qui violent les dispositions de la loi. »
Et Gebran Bassil d'avertir enfin qu'il dispose de données documentées qu'il « mettra à la disposition des médias pour réfuter les allégations de ceux qui ont cherché à induire l'opinion publique en erreur ».

Le PSP répond
Des sources du PSP, citées par l'agence al-Markaziya, ont riposté aux propos du ministre des Télécoms, soulignant que dans sa conférence de presse, ce dernier « a cherché à se justifier sans fournir le moindre détail pratique au public ». « Nous disposons d'informations certaines prouvant l'existence d'une chambre d'écoute illégale au ministère des Télécoms. Et les problèmes à ce niveau ont commencé lorsque le maroquin des Télécommunications a été attribué à un camp déterminé », ont-elles ajouté.
Certaines sources proches du 8 Mars ont toutefois indiqué à al-Markaziya que « Gebran Bassil s'est opposé aux violations de la loi sur les écoutes ». « Le problème a commencé lorsque le ministre a révélé qu'un service de sécurité procédait à des interceptions massives d'appels téléphoniques et de SMS. D'où la décision prise (hier) lors de la réunion du Sérail d'appliquer la loi au pied de la lettre », ont-elles souligné.
Comme annoncé à l'issue de la réunion du Conseil des ministres, vendredi, le Premier ministre Fouad Siniora a organisé hier, au Grand Sérail, une réunion d'étude du dossier des écoutes téléphoniques. Ont pris part à cette réunion, les ministres de la Défense, Élias Murr, de l'Intérieur, Ziyad...
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