ANALYSE
L’agitation en Birmanie retombera s’il n’y a pas de soutien populaire
le 30 août 2007 à 00h00
La junte militaire en Birmanie tente, non sans mal, de venir à bout d’un mouvement de protestation contre la vie chère déclenché il y a plus de dix jours, mais des analystes pensent que l’agitation retombera si la population ne se joint pas aux militants
pro-démocratie.
Depuis le premier défilé, le 19 août, qui a rassemblé quelque 500 personnes à Rangoun, de petites manifestations ont été signalées quasi quotidiennement, non seulement dans cette grande cité, mais aussi ailleurs en province.
Des dizaines de militants luttant pour la démocratie ont été arrêtés mais cela n’a pas empêché d’autres de défier le régime qui ne tolère aucune contestation. De nombreux agents en civil et des affidés de la junte ont été mobilisés pour disperser les rassemblements.
Pour la première fois mardi, des moines bouddhistes ont participé à un défilé dans la ville côtière de Sittwe (Arakan, ouest de la Birmanie) pour protester contre l’augmentation massive des prix du carburant qui affecte durement la population depuis le 15 août.
« Le problème, c’est que les militants (de l’opposition) ne peuvent continuer seuls (ce mouvement). Ils seront arrêtés et arrêtés jusqu’à leur disparition », dit un ancien ambassadeur de Thaïlande en Birmanie, Asda Jayanama, ajoutant : « Ils ne pourront pas faire grand-chose si la population reste apathique. »
De son côté, Win Min, analyste birman exilé en Thaïlande, note que les personnes militant pour la démocratie sont convaincues d’avoir un soutien populaire, mais il n’est pas sûr que les gens soient prêts à risquer leur vie.
« Les personnes applaudissent sur les trottoirs ou de leurs appartements, c’est quand même significatif », dit-il.
En Birmanie, pays d’Asie du Sud-Est recelant d’importantes réserves de gaz naturel, mais où la grande majorité de la population est extrêmement pauvre, tout le monde garde en mémoire le soulèvement démocratique de 1988, durement réprimé par la troupe qui avait ouvert le feu, tuant des centaines, voire des milliers de personnes. Cette agitation avait commencé par une manifestation pour dénoncer l’aggravation de la situation économique.
Les leaders étudiants de l’époque, notamment Min Ko Naing et Ko Ko Gyi, qui avaient animé la révolte, avaient été envoyés en prison pendant de longues années. Ils ont de nouveau été arrêtés la semaine dernière pour avoir organisé la première manifestation du 19 août.
Si l’agitation se poursuit, « de nombreux militants » craignent que le régime ne « panique » et ordonne à l’armée de « commencer à tirer », note Debbie Stothard, de l’Alternative Asean Network, groupe de pression proche des dissidents. Selon Win Min, pour réussir, il faudrait que le mouvement s’étende à d’autres segments de la société, notamment les ouvriers et le clergé bouddhiste.
La religion bouddhiste est prédominante en Birmanie où des moines avaient participé au soulèvement de 1988. « Les autorités écoutent les moines, et si ceux-ci se joignent au mouvement actuel, l’armée aura d’énormes difficultés à le réprimer », ajoute cet analyste.
Griffin SHEA (AFP)
La junte militaire en Birmanie tente, non sans mal, de venir à bout d’un mouvement de protestation contre la vie chère déclenché il y a plus de dix jours, mais des analystes pensent que l’agitation retombera si la population ne se joint pas aux militants
pro-démocratie.
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