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Actualités - CHRONOLOGIE

ÉDITION - Pour son onzième opus, « Supertakhallof » Hassan Ajami tire à boulets rouges sur la société

Onzième opus de Hassan Ajami qui taille dans le « super ». Pas forcément dans le sens laudatif ou positif, ce super. Avec un philosophe dans la ville comme ce jeune penseur du Sud, l’on doit être un peu sur ses gardes, pour un meilleur être et surtout une meilleure manière d’être et d’agir. L’utopie n’est pas une vaine fabulation. Ici, les mots ne sont pas de la littérature romanesque, même si parfois ils sont teintés de poésie, l’autre face de Janus d’un homme de lettres qui taquine aussi les muses selon une inspiration « scientifique », mais des propos analytiques au tranchant de scalpel. Des propos qui ambitionnent de changer les pensées qui n’emboîtent pas le pas à l’air du temps. Des concepts philosophiques, sociaux et politiques, du Superfuturisme au Supermodernisme, en passant par le Superfondamentalisme, livres qui ont fait pas mal de remous dans les milieux intellectuels arabes, voilà que ce jeune penseur, qui n’a pas froid aux yeux (et encore moins à la plume !), ose aborder des thèmes que beaucoup tentent de camoufler. En d’autres termes, il dit tout haut ce que d’autres pensent tout bas… Et tire à boulets rouges sur la société. Le dernier ouvrage en devanture des librairies, Al-Supertakhallof (Le super non développement),120 pages,à Dar al-Arabia Lil Ouloum, est un petit baril de poudre pour dénoncer et fustiger une société rétrograde, « une société d’idiots », pour reprendre la formule de Hassan Ajami, qui ne manque pas d’impertinence mais aussi de franchise pour exiger une vérité qu’on ne peut éternellement éviter ou bâillonner… Rencontre avec un auteur qui ne mâche pas ses mots et dont l’unique arme pour défendre ses arguments est un esprit scientifique, libre et lucide. Pour entamer la discussion, rien de mieux que de citer ces quelques phrases du cinglant avant-propos qui ouvrent les pages du Supertakhaloff  au ton carrément contestataire. « Un peuple non développé est un peuple qui ne produit pas ce qui est utile à l’humanité et au monde. Mais un peuple super non développé est celui qui fait évoluer son non-développement et ceci en présentant l’ignorance comme de la science. Et nous, Arabes et musulmans, nous vivons dans une ère de super non développement. Nous employons la science pour la transformer en ignorance. Ainsi, par exemple, pour nous, la science est inspiration divine. C’est pour cela que nos écoles et nos universités ne forment pas des hommes de sciences, mais des terroristes et des vendeurs de produits, comme le produit médical ou architectural. Nous sommes une nation de prophètes : le plus humble des “poétereaux” clame qu’il est hautement inspiré ! Nous sommes en dehors de la civilisation et de l’histoire, car nous refusons la science, la philosophie et la logique. C’est pour cela que nous sommes restés les esclaves des maîtres de la science. Et tout notre discours est sur ce que nous ignorons, c’est-à-dire Dieu, discours soit laudatif, soit vindicatif. On a beaucoup fatigué Dieu. Laissons-le se reposer. Nous ne formons pas une société, mais nous sommes seulement des tributs, et l’attribut des tributs est de se combattre pour exister. Pas de société sans une classe d’hommes de sciences, pas de littérature, de poésie et de philosophie sans science et connaissance… » Et ainsi vogue un discours, non pas blasphématoire, mais ne cédant ni à l’aveuglement, ni à la soumission, ni aux tâtonnements faciles. Voilà lâchés les grands axes d’une réflexion sans concession. Amers, corrosifs, caustiques, désabusés, révoltés, cyniques comme échappés à un lance-flammes ? Que pense Hassan Ajami des premières lignes de son avant-propos ? Regard étonné du philosophe, petit sourire malicieux et la réponse fuse : «  Oui, hélas tout cela est bien vrai. Notre société est une société d’idiots, car ce super non-développement, et non seulement sous-développement, engendre le refus que nous avons de toute civilisation, de toute logique, de toute science pure, de toute raison. La technologie ne nous aide pas, car la connaissance est défaillante au départ. Regardez par exemple comme le discours arabe n’a pas de sens. Même Mahmoud Darwich ou Adonis, grandes pointures du Parnasse arabe, font des associations creuses au nom de la poésie ! Ou Abdel Rahman el-Jabiri, qui dit une chose et son contraire. Quant à la morale, l’Occident et encore beaucoup moins l’Orient n’ont pas leur place dans une équation valable. L’Occident reste une force qui vole les peuples et les rend esclaves. L’homme, le vrai, est celui qui prend l’autre pour son égal et le traite en conséquence. Cet ouvrage, sans être excessif, est une philosophie appliquée pour critiquer la société et avancer une théorie philosophique. C’est une tentative de faire une philosophie à travers des formules scientifiques. C’est un rapport mathématique entre les choses et les concepts, et voilà ce que cela donne… » Edgar DAVIDIAN
Onzième opus de Hassan Ajami qui taille dans le « super ». Pas forcément dans le sens laudatif ou positif, ce super. Avec un philosophe dans la ville comme ce jeune penseur du Sud, l’on doit être un peu sur ses gardes, pour un meilleur être et surtout une meilleure manière d’être et d’agir. L’utopie n’est pas une vaine fabulation. Ici, les mots ne sont pas de la littérature...