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ARCHÉOLOGIE Les Balkans, terre d’accueil des premiers Européens ?

Les Balkans auraient-ils abrité les premiers Européens ? Une équipe franco-bulgare d’une vingtaine d’archéologues explore cette piste depuis 1996 dans la grotte de Kozarnika (Nord-Ouest) et les premiers résultats s’avèrent pour le moins étonnants. La présence sur ce lieu de traces d’activités humaines datant de moins 1,6 million à moins 1,4 million d’années met en cause les idées sur la période des déplacements des premiers groupes humains vers l’Europe. Ces chercheurs, cinq Français et une douzaine de Bulgares travaillant dans le cadre d’un Laboratoire européen associé (LEA), considéraient jusque-là que les hommes préhistoriques en provenance d’Afrique auraient gagné l’Europe par le détroit de Gibraltar, par le Bosphore ou en passant par la Sicile, mais à une date plus récente que moins 800 000 ans. « Il faut changer nos schémas conceptuels », déclare Jean-Luc Guadelli, chercheur au CNRS et codirecteur de la mission dans un entretien avec l’AFP. Ces schémas « produits au XXe siècle à l’ouest de l’Europe, se basant sur un matériel très riche mais provenant d’une partie du continent, avaient comme prétention de couvrir toute l’Europe », explique Nicolas Sirakov, l’autre codirecteur de la mission archéologique et chercheur à l’Institut d’archéologie auprès de l’Académie bulgare des sciences. Les deux chefs de mission échangeaient des correspondances depuis 20 ans lorsque l’idée leur est venue de s’intéresser de près à Kozarnika. Cette grotte a éveillé la curiosité de générations de chercheurs depuis les observations de Vassil Popov, un archéologue bulgare qui la mentionnait dès la fin des années 1920 dans ses cahiers de notes. Située dans le nord-ouest de la Bulgarie près de la frontière serbe non loin de Belogradchik et à flanc de montagne, la grotte n’est accessible qu’en véhicule tout terrain ou à pied depuis la route. La Bulgarie représente, selon M. Guadelli, une « voie toute naturelle » vers l’Europe pour des populations venant d’Afrique. Elles ont pu y venir « très facilement en suivant la bordure méditerranéenne puis le Bosphore et la vallée du Danube par les Portes de Fer », nom donné aux gorges du Danube plus resserrées à la frontière serbo-roumaine. Porté par sa « curiosité naturelle » et sa « recherche d’un climat plus tempéré » garantissant une plus grande abondance de nourriture, selon Jean-Claude Leblanc de l’Université de Toulouse, l’homme préhistorique aurait donc franchi les frontières actuelles de l’Europe par la Bulgarie. Plus surprenant encore, des traces « d’expression symbolique », selon Jean-Luc Guadelli, ont été exhumées sur le site de Kozarnika. Même si la polémique enfle entre chercheurs sur la capacité éventuelle de l’Homo erectus à « exprimer une abstraction », un os strié de façon régulière semble signaler la capacité des premiers habitants de Kozarnika à formuler des pensées abstraites. D’autant plus que la pièce n’est pas isolée mais a été trouvée au milieu de fragments d’os semblables. Les hommes de ce lieu ne travaillaient que le silex et l’os, négligeant le bois des cervidés pourtant très abondants dans la région. Or l’apparition du symbolisme, avéré par la présence de cet os strié, est traditionnellement marquée par des manifestations artistiques, absentes à Kozarnika et de manière plus générale en Bulgarie à l’âge de la pierre taillée. Cette absence ne remet pas en cause les capacités des habitants de la grotte à « exprimer une abstraction », selon M. Guadelli qui préfère invoquer l’absence pure et simple de tradition artistique chez ces populations.

Les Balkans auraient-ils abrité les premiers Européens ? Une équipe franco-bulgare d’une vingtaine d’archéologues explore cette piste depuis 1996 dans la grotte de Kozarnika (Nord-Ouest) et les premiers résultats s’avèrent pour le moins étonnants.
La présence sur ce lieu de traces d’activités humaines datant de moins 1,6 million à moins 1,4 million d’années met en cause...