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Actualités - CHRONOLOGIE

CIMAISES - « Tricoter la vie et l’imaginaire » à Lausanne Une maille à l’envers, une maille à l’endroit

Les travaux d’aiguille, activités traditionnellement dévolues aux femmes, les ont assujetties au modèle à suivre, au canevas et au si bien nommé patron. Inféodées à ces tâches domestiques, elles y ont sacrifié leur indépendance d’esprit et leur liberté créatrice. Pour sa nouvelle exposition, la Collection de l’art brut à Lausanne a réuni le travail de trente créateurs venus du monde entier, de l’Arménie à l’Amérique du Sud, en passant par le Japon ou l’Australie. Plusieurs films documentaires présentés dans les salles permettent au public de découvrir les artistes sur leur lieu de vie et de création. Parures singulières, histoires de vie brodées, fétiches magiques, écheveaux poétiques, les auteurs d’art brut donnent corps à des rêveries qu’ils évoquent entre la transparence et l’opacité. Ils font voler en éclats les principes ancestraux et semblent bel et bien contester tout asservissement par leurs audacieuses et prodigieuses créations. En témoignent ces trois artistes présentés dans l’exposition. Marguerite et sa robe Née en Lozère, en France, Marguerite Sirvins, dite Marguerite Sir (1890-1957), est issue d’une famille de paysans. Hospitalisée dans un établissement psychiatrique à l’âge de quarante et un ans, elle commence à dessiner treize ans plus tard. Souhaitant avec ardeur connaître un jour le mariage, elle se met à confectionner une robe de mariée destinée à un jour de noces imaginaires. L’ouvrage est réalisé selon la technique du point de crochet, avec des aiguilles à coudre et des fils tirés de draps usagés. L’œuvre se révèle comme de la dentelle animée de motifs et d’ornements abstraits. Les costumes de Vahan Vahan Poladian (1902 ou 1905-1982) est né à Césarée, en Arménie. Le jeune homme est confronté au génocide de son peuple et à la mort de son père et de son frère aîné. Il connaît ensuite l’exil, la guerre, la solitude. Il rejoint alors le Home arménien de Saint-Raphaël, en France. Les seize années passées au sein de cette institution sont caractérisées par un repli autistique et une formidable énergie créatrice. Vahan Poladian récupère toutes sortes d’objets hétéroclites qu’il entasse sous les toits du foyer et avec lesquels il fabrique des costumes scintillants, ainsi que de nombreux accessoires. Il les revêt au cours de parades quotidiennes dans les rues de Saint-Raphaël. Lors de ses défilés, son corps devient un véritable support d’expression par le biais duquel il célèbre la splendeur orientale de son pays natal. Les broderies de Jeanne Jeanne Tripier (1869-1944) est née à Paris. À l’âge de cinquante-huit ans, elle se passionne pour les doctrines spirites et la divination et réalise avec ferveur des dessins, des broderies, des ouvrages tricotés au crochet, et rédige également des textes. En 1934, elle est internée dans un hôpital psychiatrique de la région parisienne, où elle poursuit ses travaux. Elle insère fréquemment dans ses textes de petits dessins réalisés à l’encre noire, violette ou bleue, à laquelle elle ajoute à l’occasion de la teinture pour cheveux, du vernis à ongles, du sucre ou des médicaments. En 1948, quatre ans après son décès, plus de trois cents dessins, une cinquantaine de broderies et environ deux mille pages de textes sont par chance sauvés de la destruction. Jusqu’au 27 janvier.
Les travaux d’aiguille, activités traditionnellement dévolues aux femmes, les ont assujetties au modèle à suivre, au canevas et au si bien nommé patron. Inféodées à ces tâches domestiques, elles y ont sacrifié leur indépendance d’esprit et leur liberté créatrice. Pour sa nouvelle exposition, la Collection de l’art brut à Lausanne a réuni le travail de trente créateurs venus...