ÉCLAIRAGE
L’éventualité d’une division du Kosovo gagne du terrain
le 15 août 2007 à 00h00
L’éventualité d’une division du Kosovo entre Serbes et Kosovars albanais gagne du terrain après le feu vert d’une troïka diplomatique à toutes les options possibles dans le cadre de la recherche d’un compromis sur le statut de la province.
Majoritairement serbe, le nord du Kosovo est la seule partie de la province, administrée par l’ONU depuis la fin du conflit de 1998-1999, sur laquelle Belgrade exerce encore une grande influence. Près de la moitié des quelque 100 000 Serbes restés au Kosovo après la guerre vivent dans le Nord qui pourrait, sans problème, être intégré à la Serbie.
Le week-end dernier, lors de sa première navette diplomatique Belgrade-Pristina, la troïka (l’Américain Frank Wisner, l’Allemand Wolfgang Ischinger et le Russe Alexandre Botsan-Khartchenko) a indiqué qu’elle approuverait tout compromis auquel Serbes et Kosovars pourraient parvenir. « Si elles (les parties) veulent étudier quelque option que ce soit, nous sommes d’accord », a dit M. Ischinger, interrogé sur une éventuelle partition. « Cela signifie qu’Ischinger n’exclut pas la possibilité de négocier cette solution avec les Albanais du Kosovo si Belgrade reconnaît l’indépendance du Kosovo », a déclaré à l’AFP Dusan Jajic, directeur du Forum pour les relations ethniques, une ONG serbe.
Jusqu’à présent, une partition du Kosovo n’a jamais été officiellement envisagée. Au nom de l’inviolabilité des frontières, le Groupe de contact, entité chargée d’aider à résoudre les problèmes issus du démantèlement de la Yougoslavie, l’avait écartée car, selon divers spécialistes, elle risquerait de ranimer le séparatisme des Albanais de Macédoine ou du sud de la Serbie.
Mais l’option de l’indépendance que les Kosovars réclament et les Serbes refusent a abouti à une impasse. La Russie, alliée traditionnelle de la Serbie, a fait échouer l’adoption au Conseil de sécurité d’une résolution favorable à une indépendance du Kosovo sous contrôle international et obtenu de nouvelles négociations sous l’égide de la troïka.
Ni les dirigeants serbes ni leurs homologues kosovars n’ont toutefois donné la moindre indication qu’ils pourraient négocier une partition. Le Premier ministre kosovar, Agim Ceku, a souligné au contraire que le Kosovo devait être indépendant dès cette année « dans ses frontières actuelles ». « Toute partition du Kosovo est hors de question. C’est un territoire serbe. Pourquoi devrions-nous diviser notre propre territoire ? » a dit Branislav Ristivojevic, porte-parole du Parti démocrate de Serbie du Premier ministre Vojislav Kostunica. « Si la Serbie acceptait de discuter d’une partition, elle perdrait son pouvoir de négociation », estime la rédactrice en chef du quotidien Politika Ljiljana Smajlovic.
Mais au-delà du discours officiel, l’idée fait son chemin. « Elle a ses idéologues », signale Dusan Jajic en ajoutant : « Il y a des partisans de la division même dans l’entourage du président. » Au début des négociations sur le statut du Kosovo, le président Boris Tadic avait proposé, sans succès, la création de deux entités, l’une albanaise, l’autre serbe.
À l’issue de sa mission de 120 jours, la troïka doit présenter le 10 décembre un rapport au secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon. Si aucun compromis n’est trouvé, les Kosovars pourraient, s’ils ont l’accord de Washington et des principaux pays de l’Union européenne, proclamer leur indépendance. Ceci pourrait entraîner une division non négociée du Kosovo.
André BIRUKOFF/AFP
L’éventualité d’une division du Kosovo entre Serbes et Kosovars albanais gagne du terrain après le feu vert d’une troïka diplomatique à toutes les options possibles dans le cadre de la recherche d’un compromis sur le statut de la province.
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